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LE MAGAZINE DES ENTREPR I SES BRUXELLOI SES Raviver LA NATURE DES VILLES Baromètre : LA MOBILITÉ COINCE À NOUVEAU dossier Urbanisme & Immo POUR UNE VILLE PARTAGÉE N°52 / FÉVRIER 2020 UNE DENSITÉ à la mesure DES MÉTROPOLES Vers une MUTATION DES RÉSEAUX D’ÉNERGIE Rédactrice en chef invitée : SOPHIE LE CLERCQ ISSN 2406-3738

Édito Beci : un avis précieux Fin janvier, Beci a contresigné la stratégie GO4Brussels 2030, aux cô bruxellois et des autres partenaires sociaux : un plan socio-économique qui doit accompagner la transition de l’économie régionale vers un modèle bas carbone, assurant à la f de la prospérité, de la durabilité et du bien-être collectif. Parmi les objec figurent notamment le soutien aux TPE et PME, la recherche et l’innovation, la transition numérique ou encore la mobilité : autant de thèmes cher La signature de l’acte a été précédée d’un long processus de consultation des par dans une démarche identique à celle déjà menée en 2014 par le gouv précédent – une volonté de concertation dont on ne peut que se réjouir prenante. Le droit de formuler des avis et de donner son conseil à l’autorité es des fonctions premières des chambres de commerce, que Beci exer constructive au nom de ses membres. En amont des décisions et des options qui sont prises par le gouv bruxellois, en amont des lois qui sont adoptées, il est capital puissions signaler l’impact de telle ou telle mesure envisagée sur sur l’attractivité de Bruxelles, sur le développement des entreprises. Le résultat final est parfois pleinement satisfaisant. Parfois, il ne l’est qu’à Parfois aussi, il ne l’est pas du tout. Dans tous les cas, le résultat est meilleur que si les employeurs n’avaient pas été consultés, ne fut-ce que pour mitiger les effets négatifs de certaines mesures. Quelques exemples dont Beci peut se réjouir ? Le déblocage de 30 millions d’aides promises aux entreprises ; les stimulants en matière d’économie circulaire ; les investissements dans les infrastructures de mobilité ; la politique d’open data ; la mise à l’agenda de la simplification administrative ; le lancement de projets de digitalisation ; des initiatives concertées sur des projets de mobilité ; le soutien aux initiatives d’entrepreneuriat féminin ; la priorité accordée aux métiers en pénurie ; des priorités de formation mieux en phase avec la réalité du marché. Autant de sujets sur lesquels nous sommes intervenus, en apportant notre connaissance du tissu entrepreneurial bruxellois – et des réalités de nos membres. Beci occupe un rôle de premier plan de représentation des entreprises e employeurs bruxellois. Nous nous félicitons que ce rôle soit reconnu e vigilants pour que les intérêts de ces employeurs et entrepreneurs pris en compte. Nous allons contribuer à la politique de ce gouvernement l’ajuster si nécessaire, mais pas sans écouter les petits et grands entr les indépendants et les professions libérales qui comptent sur Beci. Marc Decorte, Président de Beci Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 1

Sommaire Bruxelles métropole N° 52 – Février 2020 Au mois de mars : Grow Your Business 4 6 7 Editeur responsable Olivier Willocx – ow@beci.be - T +32 2 648 50 02 Avenue Louise 500 - 1050 Bruxelles www.beci.be Rédaction Media Coordinator Emmanuel Robert - er@beci.be T +32 2 643 78 44 Ont collaboré à ce numéro : Amélie Alleman, Alexis Bley, Elisa Brevet, Giles Daoust, Johan Debière, Ophélie Delarouzée, Marc Decorte, Vincent Delannoy, Nancy Demaude, Tim Devriese, Sophie Le Clercq, Ophélie Legast, Vinciane Pigarella et Guy Van den Noortgate. Production Layout db Studio.be Design couverture Denis Séguy Impression db Group.be Traduction Litteris Abonnements Prix : 80 € pour 10 numéros Publicité Bruxelles métropole/Brussel Metropool est lu chaque mois par plus de 21.000 décideurs. Tirage moyen par numéro : 15.000 ex. Infos et réservations Anne Schmit – T +32 2 563 68 53 asc@beci.be Membership Catherine Mertens – T +32 484 071 887 cm@beci.be Membre de BRUXELLES ENVIRONNEMENT ENTREPRISE DYNAMISCHE ECO LEEFMILIEU BRUSSEL ONDERNEMING DYNAMIQUE label n. 2014/351/2 Idées 10 11 12 16 Beci online Podcast : Marc Filipson Digest Sophie Le Clercq Rédactrice en chef invitée : Pour ou contre une taxe CO2 aux frontières de l’UE ? Open Source Baromètre : la mobilité coince à nouveau Aux PME bruxelloises d'investir le digital International 18 Enregistrement des produits chimiques : êtes-vous concerné ? Urbanisme & Immo 20 22 25 26 28 30 31 Entreprendre 34 36 37 38 39 Sophie Le Clercq : Pour une ville partagée Raviver la nature des villes Manifeste de la faune citadine Une chasse ouverte aux automobilistes ? Bruxelles, élève modèle de l’occupation temporaire ? À l'aube d'une mutation des réseaux d'énergie Une densité à la mesure des métropoles Rebondir de l'échec vers le succès Transition : le (ré)éclairage Starter : Macaria Publications au Moniteur belge : la fin de la récréation Employeur : le CV vidéo est-il la lettre de motivation 3.0 ? Community 40 10-32-2225 PRINTED ON TCF PAPER 41 42 43 44 45 L’actualité Beci en photo Bruxelles, dans les pas de Catherine Bodson Petites histoires de grands entrepreneurs Demandes d'admission Agenda Index

Récompenser vos collaborateurs avec des warrants Vous souhaitez récompenser un ou plusieurs de vos collaborateurs pour leurs efforts ? Pourquoi ne pas recourir aux warrants cette année ? Mais pour cela, il est important de choisir maintenant le partenaire idéal, qui pourra vous aider à implémenter un système performant afin de récompenser les collaborateurs qui le méritent et de les fidéliser à votre entreprise. Partena Professional vous soutient de A à Z pour l’implémentation et le suivi. En savoir plus ? Contactez-nous via innovation@partena.be ou plus d’infos sur partena-professional.be/warrants

Beci online Social Media Le 17 janvier dernier, Beci et le Cercle de Lorraine accueillaient la Première Ministre, Sophie Wilmès. Voir aussi p. 40. #BECImember : Une foire, une expo à l’étranger ? Une œuvre d’art à installer ou déplacer ? Nouveau membre de Beci, Artexpo est le spécialiste des opérations logistiques délicates. Voir www.expo-onthemove.be. Vous envisagez de lancer votre business en 2020 ? Préparez-vous ! Recevez notre newsletter Starters et venez participer à un lunch avec nos conseillers. C’est gratuit. Info : Emmanuelle Einhorn, eei@beci.be. « Il est fondamental qu’une ville, comme un organe, soit irriguée correctement. » Roland Cracco CEO d’Interparking, était récemment l’invité de notre podcast Métrople. Un entretien à écouter sur www.beci.be/podcast. Rejoignez-nous sur Facebook, LinkedIn, Twitter. 4 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020

Beci online Dans vos newsletters de janvier Indemnités forfaitaires de frais : 5 conseils à lire sur notre site web. Êtes-vous bien sûr des informations publiées au sujet de votre entreprise dans le Moniteur Belge ? Article à lire en p. 38. Un outil de traduction gratuit pour les PME européennes ? Il est actuellement en test ! Abonnez-vous à nos newsletters sur www.beci.be/newsletter À lire sur notre site web Retrouvez ces articles sur www.beci.be Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 5

Podcast Marc Filipson : « Le changement, c’est la continuité » À l’occasion des 30 ans de la librairie Filigranes, son fondateur est l’invité d’un épisode à contre-courant du podcast Next Step. Avec lui, pas de reconversion ni de changements radicaux, mais une même ligne de conduite depuis quatre décennies. Celle d’un homme qui se dit « commerçant avant d’être libraire ». Si tous les Bruxellois connaissent la librairie Filigranes et son fondateur, peu connaissent le début de l’histoire… Comment l’aventure a-t-elle débuté ? J’ai fait des études d’enseignant. En parallèle, pour gagner ma vie, je travaillais comme étudiant à la librairie La Providence, rue de l’Industrie. Pour son malheur, le gérant a eu un AVC. Son épouse m’a demandé de le remplacer et quand il est décédé, je lui ai succédé. Je me suis donc installé dans ce petit magasin et, très vite, j’ai dessiné des nouveaux meubles en trois profondeurs : il fallait trouver une solution pour accueillir des livres. C’était une petite librairie à l’ancienne, je savais pertinemment où était le bouquin, en dessous de dix autres, que j’allais conseiller pour un client. La rue de l’Industrie se trouvait dans un quartier résidentiel, difficile d’y implanter un business… Énormément d’immeubles du quartier ont été donnés aux pères rédemptoristes. J’avais quelques petits accords avec eux : un jour, j’ai pu m’installer dans la maison voisine de la librairie. Comme je n’avais pas les moyens de percer les murs, je donnais les clés aux clients pour qu’ils puissent faire eux-mêmes leur choix. Je devais trouver des idées pour me faire connaître : j’ai été le premier à faire des pages pleines dans le magazine Pourquoi pas ?, l’ancien Vif-L’Express, où je mettais en avant des promotions. Comment es-tu parvenu à fidéliser une clientèle ? Dès le premier jour, j’ai installé une machine à café. J’offrais le café à mes clients et en fin de journée, j’offrais le porto. C’était un petit cadeau qui mettait un peu de convivialité. En 1988, j’ai été exproprié. Je me suis baladé dans le quartier ; un local était libre, avenue des Arts. Dans la presse, tu dis parfois que la librairie a marché car tu as fonctionné différemment des autres. Qu’est-ce que cela signifie ? Je me suis inspiré de mon oncle, marchand de chaussures, qui avait des vitrines en profondeur : la porte est ouverte, on regarde à gauche, à droite et très vite, on se retrouve dans le magasin. Par tous les temps, j’ai toujours travaillé porte ouverte. Je n’ai jamais été élitiste, je proposais de tout à mes clients. La seule collection que je n’avais pas était celle de Barbara Cartland, pour la simple raison qu’il y avait des centaines de titres et que ça prenait trop de place. Quand on me le demandait, je rebondissais en disant : ‘Je viens de vendre le dernier, mais j’ai autre chose à vous proposer’. Bien sûr il faut aimer ce qu’on vend, être passionné par le produit, mais il faut surtout aimer vendre. Quelles sont les techniques de vente infaillibles ? Le plaisir de partager et la convivialité de l’accueil ! C’est ce que j’essaye de faire passer à mon équipe. Il faut parler aux clients : partager à la fois ses lectures et son quotidien. ● Elisa Brevet Une rencontre à écouter en intégralité dans le podcast Next Step : https://www.beci.be/podcast. L’inspiration podcast : Les gens qui doutent : Un podcast 100 % belge, constitué d’une série d'entrevues de personnalités des médias, de la culture ou encore du stand-up, réalisées par l'humoriste et journaliste Fanny Ruwet. 6 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © gladdys.be

News Communiquer en tant que CEO : un exercice périlleux ? Alors que les relations entre les entreprises et leurs parties prenantes sont toujours plus complexes et que la confiance dans les dirigeants est parfois mise à rude épreuve, le cabinet-conseil Whyte Corporate Affairs a publié une enquête consacrée au positionnement des dirigeants belges, à laquelle ont participé 55 CEO. dirige. Il en est l’incarnation première ; ses actions et prises de position seront interprétées quoi qu’il arrive. Bien gérée, la communication du dirigeant constitue un véritable atout et un levier puissant. Elle doit permettre des avancées pour l’organisation et un renforcement net de son positionnement auprès des parties prenantes qui l’entourent. Un dirigeant qui communique, sans pour autant être médiatiquement omniprésent et omniscient, est un dirigeant qui connaît bien l’univers dans lequel gravite son entreprise et ses enjeux. Communiquer efficacement ne revient donc pas simplement à parler de soi, mais à cibler les occasions d’échanges qui conduiront ses interlocuteurs à devenir le relais de ses propos. Une stratégie bien plus puissante. Info : www.whyte.be Quant à la réputation et au positionnement stratégique, 75 % de ces patrons considèrent comme une priorité absolue leur rôle en tant qu’ambassadeur de leur organisation. En matière de communication et de prise de parole, 67 % des interrogés se disent plutôt proactifs et 53 % disposent d’ailleurs d’une stratégie de positionnement. Toutefois, plus de la moitié ne mesurent pas leur réputation. Interrogés sur leur relation avec la presse, 58 % des interrogés sont conscients qu’on attend d’eux qu’ils prennent parfois position sur des sujets de société peu liés à leur organisation, ce qui peut les mettre mal à l’aise. Environ le même nombre se prépare soigneusement pour les communications externes, mais seulement 35 % trouvent ces rencontres avec la presse agréables ; elles sont plutôt vues comme une nécessité. En ce qui concerne la communication interne, 46 % des CEO belges disent lui consacrer plus de temps qu’à la communication externe. 35 % estiment que leur plus grand défi, en interne, est de faire comprendre la stratégie et la vision de l’entreprise, et selon un autre tiers, de susciter la confiance et l’engagement. À noter que seuls 15 % des CEO n’hésitent pas à communiquer sur leur vie privée, tandis que 56 % trouvent cela inutile voire déplacé. Enfin, sur le terrain des médias sociaux, 45 % seraient professionnellement assez actifs alors que 42 % n’en font pas une priorité. Parmi les actifs, 85 % le sont en tant que représentants de leur entreprise uniquement. Parmi les nonactifs, 31 % en reconnaissent l’importance mais manquent de temps et 24 % trouvent cela délicat, voire dangereux. Qu’il le veuille ou non, le dirigeant possède une responsabilité immense à l’égard de la réputation de l’entreprise qu’il Brussels Airport innove avec un réseau 5G privé Brussels Airport Company développe actuellement un réseau 5G ready, offrant une connectivité plus efficace, fiable et rapide que le wifi ou la 4G, en collaboration avec le Finlandais Nokia et l’opérateur belge Citymesh. Grâce à ce réseau, opérationnel d’ici fin mars, l’aéroport, qui sera l’un des premiers sites en Belgique à accueillir la technologie 5G, pourra améliorer son efficacité opérationnelle et soutenir d’autres innovations technologiques. « En étant l’un des premiers sites de Belgique et l’un des premiers aéroports européens à installer son propre réseau 5G ready, Brussels Airport confirme sa position de leader dans le domaine de l’innovation digitale. Outre la poursuite de l’optimisation des opérations à l’aéroport, nous serons également en mesure, grâce à la technologie 5G, d’accélérer l’innovation digitale ainsi que d’intégrer de manière unique des technologies du futur », déclare Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport Company. La capacité supérieure de la 5G lui offre la possibilité d’intégrer encore davantage de technologie comme l’internet des objets (IoT), des véhicules automatisés, des systèmes de surveillance mobile ou la technologie track & trace. Cela permet donc d’améliorer aussi bien l’efficacité opérationnelle que la fiabilité des systèmes de Brussels Airport. Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 7

News « La valeur ajoutée de ce réseau 5G privé montre l’importance de ces bulles privées de connectivité. Cela crée un éventail d’applications qui ne pourraient exister avec le wifi et les réseaux publics. Avec leur partenariat, Citymesh et Brussels Airport repoussent les frontières et jouent un rôle de précurseurs pour d’autres secteurs en Belgique afin de créer un avantage concurrentiel grâce à la connectivité mobile privée », conclut Mitch De Geest, CEO de Citymesh. Info : www.brusselsairport.be Le consommateur belge peu enclin à partager ses données de paiement Aujourd’hui, la protection des données de paiement reste une préoccupation. À peine 20 % des consommateurs européens sont en effet prêts à les partager afin de bénéficier d’autres services. Et s’ils y consentent, ils ne font pas pour autant confiance aux entreprises de la fintech ni aux géants du web ; leur préférence va à leur propre banque. C’est ce que révèle une étude de Strategy&, l’entité de conseil stratégique de PwC. « Un “big bang” sur le marché financier belge n’est pas pour tout de suite, le consommateur peine encore à percevoir les nombreux avantages de l’open banking. L’aspiration à mettre ce système bancaire ouvert en place a pourtant déjà radicalement redessiné le paysage financier en Europe ; de plus en plus de banques se sont lancées dans la course à l’innovation numérique et nouent des partenariats avec des entreprises de la fintech ou actives dans le traitement de données », explique Fernand Dimidschstein, Partner chez Strategy&. Le consommateur belge ne croit pas non plus à une société sans cash, même s’il se montre ouvert aux paiements mobiles qui ne devraient cesser d’augmenter pour atteindre 68 %, selon les estimations. Néanmoins, 30 % des Belges se disent préoccupés par la protection des données lorsqu’ils en ont l’usage. « Les chiffres démontrent que c’est en sa propre banque que le consommateur a le plus confiance en matière de données personnelles. L’open banking ne pourra devenir réalité qu’à condition que les banques fassent des attentes de leurs clients leur priorité. Les banques peuvent faire la différence en recourant à la technologie pour rendre les paiements électroniques aussi simples et transparents que les transactions en liquide », conclut Fernand Dimidschstein. Info : www.pwc.be Orange Belgium lance le premier pôle de test 5G business en Belgique Orange Belgium a activé le premier pôle de test 5G pour entreprises en Belgique ; l’Orange Industry 4.0 Campus. En créant ce pôle d’innovation, la société pourra exploiter tout le potentiel de la technologie 5G sur des applications réelles, en collaboration avec des partenaires industriels. Stefan Slavnicu, Chief Technology Officer chez Orange Belgium : « Aujourd’hui, nous pouvons offrir la version la plus avancée de la 5G dans notre pôle de test, garantissant un très haut débit, une faible latence, une sécurité accrue pour les applications critiques et le network slicing pour les réseaux publics et privés. Nous utiliserons également des antennes de nouvelle génération pour augmenter considérablement la capacité et le débit des cellules. » Orange Belgium croit fermement au potentiel de la 5G en matière de développement de nouveaux services dont bénéficieront les citoyens et les entreprises. « Nous sommes très fiers d’ouvrir notre Orange Industry 4.0 Campus dans le port d’Anvers afin de tester des applications concrètes de la 5G, bénéficiant de tout le potentiel de la technologie. Celle-ci permettra d’améliorer la compétitivité des entreprises en offrant de la connectivité adaptée aux besoins spécifiques d’applications innovantes telles que la fabrication sans fil, l’automatisation en temps réel, les villes intelligentes, l’Internet of Things... », conclut Michaël Trabbia, CEO d’Orange Belgium. La réussite de ce projet nécessite toutefois une évolution du cadre législatif, réglementaire et administratif, ainsi que l’attribution du spectre radio aux opérateurs. Les investissements majeurs réalisés par les opérateurs permettront une connectivité optimale dans des secteurs qui sont essentiels pour tous les utilisateurs. Info : www.orange.be 8 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020

News La VUB et l'ULB lancent des plans de diversité ambitieux avec le soutien d’Actiris En tant que grands employeurs à Bruxelles, les universités veulent jouer un rôle exemplaire en matière d'égalité. La rectrice de la VUB, Caroline Pauwels, et le recteur de l'ULB, Yvon Englert, ont dès lors officiellement présenté leurs plans de diversité à Bernard Clerfayt, ministre de l'emploi de Bruxelles, et à Cathy Van Remoortere, directrice du marché du travail et de l'inclusion chez Actiris. Caroline Pauwels et Yvon Englert, recteurs de la VUB et de l’ULB. Le « plan d'action égalité » de la VUB se concentre sur le sexe et l'ethnicité, l'âge, l'orientation, la philosophie de vie et la classe sociale. D'ici 2021, l'université souhaite entre autres accueillir une candidate sur trois pour des postes vacants, développer et sensibiliser à la diversité. Un code de conduite a été récemment élaboré et un nouveau site internet sur la diversité a été lancé. La VUB a également embauché un conseiller en égalité des ressources humaines, qui s'occupera des points d'action. L'ULB quant à elle, met l'accent sur la diversité durable et souhaite développer une politique « genre et diversité ». Elle souhaite détecter les lacunes, initier de nouveaux projets, consolider les actions existantes, mais aussi respecter et dépasser le cadre légal. Un inventaire des mesures existantes a été réalisé selon cinq thèmes : personnes handicapées, genre, identité sexuelle, âge et origine culturelle. Des actions seront alors mises en œuvre endéans les deux ans par un collaborateur recruté avec le soutien d’Actiris. Ces plans de diversité issus de l'enseignement supérieur sont une première pour Bruxelles et une étape importante vers une société plus inclusive. « Je suis heureuse qu'Actiris puisse partager son expertise avec l'ULB et la VUB. Nos consultants en diversité aident à l'élaboration d'une politique de recrutement inclusive et à la communication qui l'accompagne », conclut Cathy Van Remoortere. Info: www.vub.be ; www.ulb.be ; www.actiris.be Les voitures électriques sont rentabilisées après 5 ans De plus en plus de Belges envisagent de rouler à l'électrique. C'est ce qui ressort d'une étude indépendante menée par Mobly, une start-up visant à faciliter la mobilité. L'acquisition d'un véhicule électrique demeure cependant trop rare ; sur un parc automobile belge de près de 6 millions de voitures, seuls quelque 11.000 véhicules électriques roulent sur nos routes (0,18 %) et ce sont principalement des voitures de société. Le prix d’achat légèrement supérieur reste un problème, même si l’option électrique s’avère souvent la moins chère au bout du compte. L'assureur mobilité Mobly propose un module gratuit et pratique permettant de calculer le prix de revient total d'une voiture électrique, sur la base de sa durée de vie, et de le comparer avec celui d'un véhicule à carburant fossile. Les premiers résultats mettent en évidence la rentabilité de l'électrique à partir de 5 ans. Ces calculs tiennent compte des faibles coûts de consommation (carburant et entretien), mais aussi des avantages fiscaux et d'une valeur de revente plus élevée ; éléments souvent mal considérés. « Avec ce module de calcul, Mobly veut informer les conducteurs et les motiver à passer à l'électrique. Notre parc automobile doit être plus vert et le temps presse », explique Gerrit Nollet, CEO de Mobly. À partir de 2030, il ne sera plus permis d’entrer dans Bruxelles avec un véhicule diesel et dès 2035, ce sont même toutes les voitures roulant à l'essence ou au GPL qui seront interdites. 17 autres villes envisagent également la création d'une zone de basses émissions, ce qui aura bientôt un effet sur la valeur résiduelle des voitures à carburants traditionnels. Avec son module de calcul gratuit, Mobly veut encourager le choix de la mobilité intelligente et durable. Info: http://www.mobly.be Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 9

Idées Pour ou contre une taxe CO2 aux frontières de l’UE ? Pour lutter contre les émissions de CO2 prônent le laissez-faire du marché, alors que , les uns d’autres plaident pour l'application d'une taxe aux frontières sur les produits importés de pays où l'on se soucie peu ou pas de l’empreinte carbone. Thierry Bréchet, professeur d’économie à la Louvain School of Management et chercheur au CORE (UCL). Rémy Prud’homme a enseigné l'économie à l'université de Paris XII et au MIT. L'économiste et philosophe britannique Ricardo estimait que l'ouverture des frontières était bénéfique à tout le monde. Dans le même temps, nous ne pouvons nous permettre d'importer de Chine l'acier produit dans des conditions écologiques ou humanitaires en-dessous de nos propres critères. Ces deux pays ont certes ratifié les accords de Paris et ils ont investi de manière significative (surtout la Chine) dans les énergies renouvelables ; ceci dit, en chiffres absolus, la Chine est le plus gros émetteur de CO2 au monde, tandis que l'Inde occupe la quatrième place du classement (juste derrière l'Europe...). En réalité, je suis en faveur d'une taxe CO2 appliquée à tous les produits manufacturés sur tous les marchés et, dans le même temps, en faveur du renforcement du marché ETS (ndlr : le système communautaire d’échange de quotas d’émission). Ce n'est pas de la rétorsion, mais une juste correction. L'ajustement du prix à la hausse me semble de nature à produire un choc psychologique susceptible d'amener le consommateur à changer radicalement ses habitudes. Il est urgent de procéder aux ajustements nécessaires car, si on ne le fait pas, d'ici 20 ou 30 ans, les risques écologiques et environnementaux seront encore plus importants. Rappelons ici que l'économiste anglais Jevons avait prédit la fin du charbon et avait attiré l'attention, dès 1884, sur le risque de disparition de l'Empire s'il ne prenait pas conscience du caractère fini de ses ressources en charbon. Il en va de même aujourd'hui pour toutes les énergies grises et pour la capacité de notre planète à encaisser des niveaux inédits d'émission de CO2. Si nous n'en tenons pas compte, nous courons à la catastrophe. Je suis contre une taxe CO2 aux frontières, car on ne peut pas faire payer aux produits brésiliens ou indiens un impôt dont seraient exonérés les produits européens. Et puis, qui peut sérieusement croire que les 27 pays européens vont se mettre d’accord sur un taux de taxe carbone unique ? Ensuite, une telle taxe serait en pratique très difficile à mettre en œuvre. On nous dit que son assiette serait le contenu carbone des produits importés. Très bien, mais qui peut nous dire le contenu carbone d’une chemise bangladeshie ou celui d’une batterie chinoise ? (...) Troisièmement, le discours protectionniste oublie que moins d’importations, c’est aussi moins d’exportations. Carbone ou pas, une taxe à l’importation est une taxe et elle entraînera inévitablement des mesures de rétorsion. Une telle taxe enfin aurait un impact quantitativement négligeable sur le stock de CO2 et sur le climat. Rappelons qu'une baisse d’une gigatonne des émissions de CO2 de l'Europe, à l'horizon 2050, engendrerait une variation de température de 0,0005°. Tel serait le gain climatique d’une taxe carbone européenne de 60 euros/tonne de CO2 . Tout ça pour ça ! Autre chose est évidemment de considérer le soutien à la recherche, dans le domaine du stockage de CO2 par exemple. ● Johan Debière 1 Dans sa Théorie de l'avantage comparatif 2 The coal question 10 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Getty

Open Source L’Artiste et le Manager Le management est un art. Quels que soient la taille, l’âge ou le secteur d’une entreprise, la diriger relève souvent de la haute voltige ou du numéro d’équilibriste. Quoi qu’on en dise, il n’existe pas de méthode « one size fits all » pour diriger des êtres humains, qui sont tout sauf rationnels (et c’est très bien comme ça). Le management ne s’enseigne pas plus que l’art. Certes, il existe des écoles, des formations et des livres, qui donnent des bases, des techniques, des références… mais le métier de manager s’apprend par la pratique, tout comme l’art. Juge-t-on un Warhol, un Van Gogh ou un Pollock sur leur bon respect des « règles » ? Sur base d’un « cahier de charges » ? De « Key Performance Indicators » ? Non. Pas plus qu’on ne pourrait le faire avec un Musk, un Jobs ou un Gates. Tout comme l’artiste, le manager suit ses propres règles, et n’est jugé au finish que sur ses résultats. Tant l’artiste que le manager ont des « stakeholders ». Pour l’artiste, c’est le public, et dans une certaine mesure la critique. Pour le manager, ce sont les actionnaires (qui agissent à travers un conseil d’administration, une direction, une hiérarchie), et les équipes en-dessous de lui. Dans les deux cas, la réussite dépendra de la capacité à satisfaire ces « stakeholders ». Ce sont les résultats qui comptent. Si son œuvre n’intéresse personne, l’artiste a échoué (ce qui n’enlève aucun mérite aux artistes de « niche » : personne n’a dit qu’un succès devait être planétaire). S’il ne parvient pas à satisfaire ses « stakeholders », le manager est lui aussi en situation d’échec. Ses objectifs peuvent être multiples : croissance, rentabilité, culture d’entreprise, bien-être des équipes, objectifs sociétaux… La société d’aujourd’hui offre des matrices managériales bien plus complexes que dans les générations passées. Dans notre vie, et certainement pendant notre adolescence, nous avons tous eu l’occasion de rencontrer des personnes qui se donnaient une attitude d’artiste, mais qui ne l’étaient en rien. De la même manière, mais plutôt à l’âge adulte, nous rencontrons fréquemment des managers qui misent énormément sur leur attitude, mais n’assument pas vraiment leur rôle. L’habit ne fait pas le moine, pas plus que l’attirail de bobo ne fait l’artiste, ni l’ego surdimensionné le manager. Giles Daoust, CEO de Daoust et Title Media Il est indéniable que l’art et le management sont des métiers d’ego, mais celui-ci peut se révéler un ennemi de taille, de par sa capacité à nous rendre aveugles, et à nous fermer aux commentaires constructifs des autres, qui pourraient pourtant nous aider à progresser. Tant l’artiste que le manager, et certainement lorsqu’ils rencontrent un certain succès, ont tendance à « manger leur propre marketing », à se croire tout permis, voire invincibles. Et c’est souvent là que les ennuis commencent. La capacité à se remettre en question est donc essentielle, de sorte à se réinventer en permanence, au fil de l’évolution de la situation. Car notre monde change de plus en plus vite, et sanctionne cruellement ceux qui se reposent sur leurs lauriers. Quelle que soit la discipline (peinture, littérature, musique, cinéma…), une œuvre d’art se distingue d’un produit d’usine par sa capacité à nous surprendre, à nous émouvoir, à nous faire réfléchir. Encore un fameux parallèle avec le management : un bon management doit pouvoir provoquer autour de lui ces mêmes réactions émotionnelles et intellectuelles. En anglais, le mot « move » s’applique bien dans les deux cas : nous devons être « moved » (émus) par l’œuvre de l’artiste ; nous devons être « moved » (propulsés) par l’action du manager. Et ceci, quelle que soit la méthode, aussi peu orthodoxe soit-elle, qui sera utilisée. ● Bruxelles Métropole - janvier 2020 ❙ 11 D.R.

Idées Baromètre : la mobilité coince à nouveau Quelles sont les préoccupations, les priorités, les attentes des entrepreneurs bruxellois ? Pour le savoir, Beci sonde deux fois par an ses membres et sympathisants. La dernière édition de notre baromètre1 indique un retour des inquiétudes liées à la mobilité. Vincent Delannoy et Emmanuel Robert 1. Politique : Clerfayt et Gatz, devant Vervoort Comment les entrepreneurs perçoivent-ils l’efficacité des ministres bruxellois ? Au jeu des cotations, le Ministre-Président Rudi Vervoort (2,24/5) est dépassé par Bernard Clerfayt, en charge de l’Emploi et de la Formation professionnelle (2,83) et par Sven Gatz, aux Finances (2,61). En déficit de popularité : Pascal Smet (Urbanisme et Commerce extérieur ; 1,90) et Elke Van den Brandt (Mobilité et Travaux publics ; 1,73). Mais sans doute est-il encore trop tôt dans cette législature pour en tirer des enseignements. Cotez de 1 à 5 l'efficacité des Ministres de la Région bruxelloise Bernard Clerfayt Sven Gatz Rudi Vervoort Barbara Trachte Pascal Smet Emploi, Formation professionnelle… Finances, Budget… Ministre-Président Nawal Ben Hamou Logement, Égalité des chances Alain Maron Elke Van den Brandt Mobilité, Travaux publics… 2,83 2,61 2,24 Transition économique, recherche scientifique 2,17 2,02 Transition climatique, Environnement, Énergie… 2,01 Urbanisme, Commerce extérieur… 1,90 1,73 2. Les acteurs régionaux Hub.brussels reste premier du classement, avec toutefois un capital confiance érodé par rapport au baromètre de juillet (2,99 contre 3,36). Même constat pour la lanterne rouge, Bruxelles Mobilité, qui passe de 2,53 à 1,82. Peu de différences sensibles séparent le deuxième (VDAB à 2,88) du sixième (Actiris, à 2,77). Hub.brussels (Impulse/Brussels Invest Export/Atrium) VDAB Finance.brussels (SRIB) Innoviris Citydev (SDRB) Actiris Bruxelles Formation STIB Bruxelles Environnement Bruxelles Mobilité 2,99 2,88 2,82 2,80 2,79 2,77 2,69 2,56 2,51 1,82 1 Enquête en ligne réalisée entre le 5 et le 23.12.2019 auprès des membres et sympathisants de Beci. 179 réponses. 12 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020

Idées 3. Des entrepreneurs prêts à investir ou recruter… La tendance de notre précédent baromètre se confirme : les entrepreneurs semblent assez confiants pour investir ou recruter : ils sont plus de 60 % à dire « oui ». Mais, sans que l’on constate une embellie conjoncturelle, peut-être faut-il voir dans ce chiffre le reflet d’une difficulté à recruter ? Si les patrons veulent embaucher, c’est peut-être qu’ils ne trouvent pas de candidats ? Une hypothèse à mettre en relation avec les défis RH (voir point 8). 4. …mais pas forcément à Bruxelles Moins réjouissant : les entrepreneurs bruxellois sont désormais 41 % à envisager une délocalisation partielle ou totale, surtout vers la Flandre (19 %). Si expansion il y a, elle se ferait donc vers la région voisine, perçue comme une meilleure terre d’opportunités. Peut-être une réaction aux incertitudes de la politique menée par l’actuel gouvernement bruxellois (en matière de politique économique, de mobilité, de fiscalité…). Envisagez-vous dans les 12 mois qui viennent de recruter ou d'investir ? 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Jul.17 > Déc. 19 20% 30% 40% 50% 60% 70% 10% 0% Jul.17 > Déc. 19 Oui, dans la RBC Oui, en Wallonie 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Quels sont les 3 thèmes qui doivent être traités en priorité par le gouvernement bruxellois ? Oui, en Flandre Oui, hors de la Belgique Non Envisageriez-vous de déplacer une partie de vos activités ? Oui Non Je ne sais pas 5. Les priorités des entrepreneurs : mobilité, pression fiscale et propreté Mobilité Diminution de la fiscalité régionale et communale Propreté Simplification des procédures administratives Nov.16 > Déc.19 Sécurité Image de Bruxelles comme centre d'affaires Aide à l'investissement Bruxelles Métropole - janvier 2020 ❙ 13 Retour en force de la mobilité, qui revient dans 75 % des réponses contre 68 précédemment – peut-être en relation avec la question précédente. Durcissement du Cobrace et de la fiscalité sur les parkings d’entreprise, généralisation annoncée du 30 km/h, zone « basses émissions », polémiques sur la taxe kilométrique : autant de sujets qui peuvent interpeller les entrepreneurs. La diminution de la fiscalité régionale et communale reste à la deuxième place (32 %). La propreté ravit la troisième place à la simplification administrative, laquelle se maintient à 27 % des préoccupations.

Idées 6. La mobilité, souci des entreprises Plus de 50 % des entrepreneurs admettent une « coresponsabilité » dans la mobilité domicile-travail. Mais concrètement ? Ils sont 84 % à se déclarer (« tout à fait », « probablement » ou « à certaines conditions ») ouverts à l’adaptation des horaires de travail. Plus de la moitié (51 %) seraient prêts à payer (5 à 8 €/trajet) pour un « train-bureau » si la SNCB proposait ce service. Des chiffres très proches de notre sondage précédent. Le covoiturage, quant à lui, reste dans le flou : il serait marginal (0 à 5 % des employés) dans une grande majorité d’entreprises (62 %), mais plus de 22 % des employeurs avouent ignorer dans quelle mesure leurs employés y ont recours. Tout à fait. Oui, à certaines conditions. Pour fluidifier le trafic êtes-vous prêt à adapter les horaires de travail de vos collaborateurs ? 7,26 % 8,38 % 9,50 % 22,60 % 34,64 % 38,42 % 25,42 % 40,22 % Si la SNCB met à disposition des voyageurs un espace de bureau roulant (5 à 8 euros par trajet), êtes-vous prêt à le payer à vos collaborateurs ? 13,56 % Probablement. Plutôt non. Non. Afin d'améliorer la mobilité dans et en dehors de Bruxelles, vous considérez la création d'une taxe kilométrique intelligente comme 10% 20% 30% 40% 50% Déc.17 > Déc.19 7. Des entreprises engagées dans la transition écologique L’environnement et la question climatique semblent de mieux en mieux intégrés dans les stratégies. Près d’un tiers des entreprises sondées (32 %) déclarent s’être adjoint un conseiller environnement (ou fonction équivalente). Une même proportion s’affirme engagée dans une action de réduction des gaz à effet de serre. 14 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Votre entreprise est-elle engagée dans une action de réduction des gaz à effet de serre ? OUI 32,4 % NON 67,6% Une idée intéressante Une idée inacceptable Je ne sais pas L’idée d’une taxe kilométrique reste très clivante : d’un sondage à l’autre, c’est le « pour » ou le « contre » qui l’emporte, mais dans des proportions qui restent très serrées. Pas de percée en vue.

Idées 8. Les défis RH : multilinguisme, nouvelles technologies, rétention À quels défis les employeurs bruxellois sont-ils confrontés dans la gestion de leur personnel ? Le trio de tête est le même qu’en juillet et dans le même ordre : trouver des collaborateurs multilingues (23 % des sondés), des collaborateurs formés aux nouvelles technologies (17 %) – et retenir les talents (16 %). Suivent le package salarial (16 %) et la gestion de l’équilibre vie privée/travail (12 %). La gestion du changement, du « gap générationnel » ou de la diversité, à l’inverse, apparaissent dans moins de 5 % des réponses. Quels sont les trois défis majeurs de votre politique RH ? Trouver des collaborateurs multilingues Trouver des collaborateurs suffisamment formés aux nouvelles technologies Garder nos collaborateurs Proposer un package salarial suffisamment attractif Satisfaire les aspirations à la conciliation vie privée/professionnelle Gérer les déplacements des collaborateurs Trouver des candidats qui sont disposés à venir travailler à Bruxelles 5% 10% 15% 20% 25% Êtes-vous disposé à augmenter la part du télétravail dans votre organisation ? Peut-être Oui Non Réponse à certaines de ces préoccupations, le télétravail s’impose comme une pratique courante : 65 % de nos sondés affirment qu’il représente 5 à 15 % – et plus ! – des prestations de leur personnel. Près de la moitié des employeurs se disent d’ailleurs prêts à augmenter la part du télétravail. 4% 18% Oui, sur quels objectifs de diversité se focalise votre plan ? 52% ■ Genre ■ Âge ■ Origine ■ Handicap ■ Plusieurs ■ Autre 18% 6% 2% Plus d’un tiers des employeurs affirment disposer d’un « plan diversité » ou équivalent. Interrogés sur son contenu, ils disent privilégier une combinaison d’objectifs (52 %). La diversité de genre et d’origine (18 % pour chacune de ces deux propositions) s’inscrivent parmi les priorités spécifiques, au contraire de l’âge (2 %). Bruxelles Métropole - janvier 2020 ❙ 15

Idées Aux PME bruxelloises d'investir le digital Google s'est lié fin 2015 à Beci pour connecter les entreprises bruxelloises au monde digital. La formation Digital Marketer est ouverte aux différents collaborateurs au sein des PME, mais aussi à des jeunes en recherche d'emploi qui sont mis en relation avec des employeurs. Olivier Willocx (Beci, à gauche) et Thierry Geerts (Google Benelux) T hierry Geerts, directeur de Google Benelux, espère voir Bruxelles devenir la capitale de Digitalis, nom qu'il a donné au pays des connectés présenté en 2018 dans son livre éponyme. Une telle ambition exhorte les entrepreneurs bruxellois à prendre les devants, en développant par exemple les livraisons de proximité pour les petits commerces ou en proposant des sorties cinéma en ligne après celles en salle. Dialogue croisé avec Olivier Willocx, CEO de Beci. Pourquoi avoir choisi en Belgique de tourner vos formations vers les entreprises ? Thierry Geerts : « On vit aujourd'hui à Digitalis, un nouveau pays de 4 milliards d'habitants connectés par internet. Ce concept rappelle à quel point notre monde a changé. On peut communiquer par mail avec des gens à Singapour, acheter des produits en Chine ou discuter avec ses amis d'enfance dans un Whatsapp. Côté business, on a 4 milliards de clients à un clic. Toutes les entreprises, même petites, sont au centre du monde et peuvent, de n'importe où, vendre n'importe quoi à n'importe qui. Mais, autant les Belges sont hyperconnectés, autant les entreprises belges ne le sont pas du tout. En Belgique, 70 % du commerce sur internet se fait à l'étranger. Même pour des BD belges, il faut les commander en France. Les entreprises belges dépensent toujours en moyenne 79 % de leur budget marketing en médias traditionnels et 21 % en digital. Aux PaysBas, c'est 65 % en digital et 35 % en traditionnel. Il y a 40 % de gain d'efficacité à faire en marketing : avec le marketing digital, vous avez non seulement l’audience traditionnelle, 16 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 mais vous savez précisément combien de gens ont vu votre publicité, pendant combien de temps, et vous disposez de données pour comprendre qui sont vos clients. 76 % des sociétés belges qui ont fait faillite en 2016 n'avaient pas de site web. Aujourd’hui, il ne suffit plus d'avoir un site, il faut aussi être présent sur le mobile et, dans deux ou trois ans, les sociétés qui n'utilisent pas l’intelligence artificielle risqueront davantage de faire faillite. » Comment appréhender cette réticence à se connecter ? Olivier Willocx : « Comparativement au marché français, le marché belge est très petit et fragmenté linguistiquement. Si se connecter est moins une évidence, il n’y a pas non plus de réticence. Il y a même un intérêt, mais vient très vite la question du ‘comment’. Beaucoup ont confié leur site web à un jeune qui passait par là et sont déçus des résultats. Il ne suffit pas d'être présent sur le net. Il faut savoir pourquoi, comment et aligner toute son organisation derrière. Ce débat est stratégique. Beaucoup confondent Facebook, Instagram & co avec la digitalisation, mais la présence sur les réseaux sociaux ne devrait représenter que 2,5 % de la stratégie. La maîtrise de la digitalisation doit être gardée au sein de l'entreprise, mais cela ne signifie pas qu'il ne faut plus faire appel à la consultance. Déléguer des choses ne veut pas dire s’en débarrasser. Cela doit être dans l'ADN de l'entreprise parce que, si le patron considère que ce n'est pas son problème, sa boîte est morte. Un gros opérateur belge s'est fait voler ses parts de marché par Zalando. Ce n'est pas non plus parce qu'une entreprise a une activité de proximité qu'elle peut se dire que le digital ne la concerne pas. Je me rappelle d'un magasin où les responsables se plaignaient de ne plus avoir de clients. Je regarde sur Google My Business – un outil gratuit qu'ils © Reporters

Idées ne connaissaient pas – et ils avaient des avis assassins, contrairement à leurs trois concurrents directs situés à moins de 30 mètres ! » T.G. : « Il y a encore des entreprises qui pensent que ce n’est pas nécessaire, et puis il y a le ‘mal faire’. Ce n’est pas simple. C’est même relativement compliqué. En digital, la variance est plus grande. Le risque est surtout de ne pas être attentif. Si un concurrent ouvre une succursale en face, tout le monde est sur le pied de guerre. On fait de la promotion, on surveille les prix... Si c'est un webshop qui ouvre, rien ne se passe. J'étais au CA d'une grosse PME, où on me disait faire du digital et avoir un conseiller, mais 5 % du temps seulement a été consacré au digital et 50 % à l'inventaire ! Peter Hinssen, le gourou flamand du digital, dit qu'il faut penser au ‘day after tomorrow’. Au lieu de s'occuper d'aujourd'hui, ou pire, des misères du passé, il faut penser à ce qui va se passer demain, et pas seulement dans un budget. Aujourd'hui, on délègue le futur à l'un ou l'autre collaborateur, voire à un consultant. En digital, la consultance doit servir à augmenter le savoir des entreprises. Pour avoir la maîtrise de la chose, il faut en développer une certaine compréhension. » Est-ce que vos formations peuvent suffire à impulser ce changement de perspective ? T.G. : « On a fait 5 millions de formations en Europe et près de 90.000 en Belgique. On s'est par exemple focalisés sur les jeunes en Espagne, parce qu'ils souffrent d'un taux de chômage élevé, et sur es PME en Belgique, parce qu'elles ne captent pas le potenAutant les Belges sont hyperconnectés, autant les entreprises belges ne le sont pas du tout. Thierry Geerts tiel. On forme des chefs d'entreprise, des responsables marketing ou des directeurs informatiques, et on essaie de changer leur façon de regarder le monde digital. Mais cela devrait commencer dès l’école primaire. Si en Belgique il y a plein d'initiatives mises en œuvre par des enseignants, des ASBL ou des parents motivés, il n'y a rien dans les programmes. On apprend aux enfants à traverser la rue, mais on a construit l'autoroute de l'information à côté et on ne leur explique pas comment l'emprunter. » O.W. : « On vit une transforma tion de l'économie. Il faudrait former 600.000 personnes à Bruxelles en dix ans. Aujourd'hui, je consulte tous les différents acteurs, publics comme privés, pour voir comment faire. La grande difficulté : c'est la première transition qui n'est pas concrète, pas liée à une machine. Avec le digital, on s'est détachés de l'ordinateur. Il ne suffit pas d'être présent sur le net. Il faut savoir pourquoi, comment et aligner toute son organisation derrière. Ce débat est stratégique. Olivier Willocx La question est de savoir comment penser. Avoir du data ne sert à rien, c'est capter le trafic qui est intéressant. La possession n'est plus grand chose. On enseigne toujours aux étudiants les modèles théoriques de l'offre et de la demande. Il n'est pas dérangeant de passer une heure dessus car, pour comprendre les nouveaux modèles, il faut commencer par les plus simples. Aujourd'hui, il y a bien équilibre sur des marchés, mais à des secondes déterminées en fonction des adresses IP et de la politique de prix des concurrents. On a besoin de gens capables de comprendre ces modèles compliqués. Des universités s'adaptent, d'autres pas. » Si la Belgique est en retard, pourquoi croire que Bruxelles a les capacités pour devenir la capitale de Digitalis ? T.G. : « Faire des petits pas est plus compliqué que d'avoir une grande ambition. C'est ce que Kennedy a fait dans les années 60 en décidant d'aller sur la Lune. Si on dit en Belgique, comme l'a fait le précédent gouvernement, qu’on va gagner deux places dans le ranking digital des pays, on en perdra deux. En disant ‘On va faire l'Expo IA Bruxelles 2020’, on inspire tout le monde, pas seulement les politiciens qui auront des objectifs ambitieux, mais aussi les universités et les entreprises. L'ULB et la VUB sont au top au niveau mondial et on a beaucoup de laboratoires d'IA à Bruxelles. » O.W. : « Les Belges sont très modestes, mais on a énormément de contacts extérieurs. On n’a nulle part ailleurs dans le monde autant de compétences linguistiques et de gens aussi formés. » ● Ophélie Delarouzée Bruxelles Métropole - janvier 2020 ❙ 17 © Reporters © Reporters

Enterprise Europe Network Enregistrement des produits chimiques : êtes-vous concerné ? Les produits chimiques sont partout, depuis les procédés industriels jusque dans notre vie quotidienne. Pour contrôler ces substances, l’UE s’est dotée voici une douzaine d’années d’un règlement intégré : Reach. Un règlement qui reste mal connu, bien qu’il concerne un très grand nombre d’entreprises, du fabricant jusqu’au distributeur et à l’utilisateur. Quels sont votre rôle et vos obligations dans cette chaîne ? R each est l'acronyme de ‘Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals’ (enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques). Entré en vigueur en 2007, Reach offre un cadre légal intégré pour la commercialisation des produits chimiques dans tout l’Espace Economique Européen (UE, Norvège, Islande et Liechtenstein). Son objectif est à la fois de protéger la santé humaine et l’environnement, tout en maintenant la compétitivité et en renforçant l’esprit d’innovation des entreprises européennes. Le règlement s’applique en principe à toutes les substances chimiques : celles utilisées dans l’industrie, mais aussi celles que nous rencontrons au quotidien, par exemple dans les peintures, les produits de nettoyage, jusqu’aux substances transformées dans les vêtements, les plastiques ou encore les appareils électriques. Au total, 30.000 substances environ sont concernées. Reach a donc une incidence sur la plupart des entreprises, où qu’elles se trouvent dans la chaîne de valeur de ces produits. Avant toute commercialisation, il leur incombe d’identifier et de gérer les risques liés aux produits chimiques qu’elles fabriquent, utilisent ou distribuent. Concrètement, elles doivent déterminer les conditions dans lesquelles ces produits peuvent être utilisés en toute sécurité – et communiquer les mesures de gestion des risques aux utilisateurs. À défaut, l’autorité peut restreindre, voire interdire l’utilisation des produits. À plus long terme, l’objectif est de trouver des alternatives aux substances les plus dangereuses. Les obligations des entreprises varient selon leur position dans la chaîne : • Le fabricant, qu’il produise des substances chimiques à son propre usage ou à l’usage de tiers (y compris pour l’export), a l’obligation d’enregistrer toute substance relevant du champ d’application de Reach, fabriquée dans une quantité de plus d’une tonne par an. Cet enregistrement se fait auprès de l’Echa (l'Agence européenne des produits chimiques), qui évalue la conformité du produit, les risques liés, et qui estime dans quelle mesure ces risques peuvent être maîtrisés. Ensuite, les États membres de l’UE peuvent à leur tour évaluer certaines substances en termes de santé humaine ou d’environnement. • L’importateur est celui qui importe une substance (telle quelle, dans un mélange ou contenue dans un article) d’un pays extérieur à l’EEE. Lui aussi doit faire enregistrer les substances importées en quantités supérieures à une tonne par an. • Le distributeur est celui qui achète une substance (telle quelle, en mélange ou dans un article) dans un pays de l’EEE et qui n’effectue que des opérations de stockage et de mise sur le marché. Il ne doit pas faire enregistrer la substance (le fabricant ou l’importateur l’a déjà fait), mais a l’obligation de fournir les informations utiles aux autres acteurs de la chaîne, en amont comme en aval. • L’utilisateur en aval, acheteur d’une substance, peut lui aussi être concerné par certaines obligations d’information. Pour en savoir plus : Le navigateur de l’Echa vous aide à déterminer les substances concernées, ainsi que votre rôle et vos obligations au titre de Reach, ou toute exemption qui pourrait s'appliquer à votre entreprise. Voir www.echa.europa.eu. Il existe également un helpdesk au Ministère de l’Economie. ● Emmanuel Robert 18 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Getty

Vous souhaitez former un futur collaborateur dans votre entreprise ? Pourquoi pas la FPIE ? La Formation Professionnelle Individuelle en Entreprise vous permet de former vous-même un futur collaborateur a n qu’il corresponde au pro l professionnel recherché. Qui pouvez-vous former en FPIE ? Le collaborateur doit être inscrit comme chercheur d’emploi inoccupé auprès d’un organisme d’emploi (Actiris-Forem-VDAB). Il reste chercheur d’emploi pendant la FPIE. Durée ? 1 à 6 mois de formation. Vous proposez ensuite un contrat de travail immédiatement après la  n de la FPIE pour une durée au moins équivalente. Coût ? Pendant la formation, outre les frais de transport et d’assurance, vous payez directement au stagiaire une indemnité calculée comme suit : rémunération brute pour la fonction moins les cotisations ONSS travailleur (13,07%) moins les éventuels revenus sociaux du stagiaire Après 6 mois de FPIE, vous avez droit aux réductions Activa si le stagiaire est inscrit chez Actiris et domicilié en Région bruxelloise (www.activa.brussels). Pour toute information complémentaire : Service relations entreprises au 02 371 74 81 ou 76 32 ou 73 34 ou 74 61 ou par mail à fpie@bruxellesformation.brussels En collaboration avec : Éditeur responsable : Olivia P’tito – rue de Stalle, 67 à 1180 Bruxelles

Pour une ville partagée Urbanisme & Immo P as un jour ou une semaine sans que revienne le sujet, passionnant il est vrai, de la ville d’aujourd’hui et de demain. Creuset de toutes les expériences, lieu clos et ouvert à la fois, la ville, sans cesse en devenir, est le nouvel enjeu de toutes les problématiques. Son développement est intimement lié aux visions de ceux qui la gouvernent et soumis dès lors aux effets pendulaires des changements politiques, ce qui, hélas, n’est pas souvent le gage d’une évolution harmonieuse et suffisamment longue pour permettre des réalisations à large spectre. En même temps, la planification sur le long terme est démunie face à l’accélération de l’évolution des pratiques urbaines. Aujourd’hui, on ne peut envisager son avenir sans s'interroger sur le maintien de la biodiversité et le partage des communs – les espaces publics mais aussi simplement l’air, la lumière, le bruit et son corollaire le silence, le patrimoine –, biens appartenant à tous. Le futur de la ville ne pourra faire l’économie des réponses appropriées à la crise que nous traversons en termes de mobilité, de biodiversité, mais aussi d’habitabilité et d’accès au logement pour tous. Sophie Le Clercq préside depuis plus de 20 ans la société de construction CIT Blaton, fondée par son grand-père Émile Blaton. Parallèlement, elle se partage entre la direction de sa propre société immobilière, JCX, et l’exploitation des Davids, un domaine en polyculture bio, dans le Luberon, qui accueille aussi des hôtes. Sophie Le Clercq est la rédactrice en chef invitée de notre magazine Bruxelles Métropole pour un dossier « Urbanisme » qu’elle a souhaité placer sous le signe des relations ville-nature. Elle est également l’invitée d’un épisode de notre podcast Métropole, à écouter sur www.beci.be/podcast. 20 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Poser ces questions, c’est aussi se heurter à toutes les bienveillantes contradictions qui font la ville d’aujourd’hui, et plus largement à la problématique générale du bien agir dans ce contexte d’urgence climatique. Chercher une solution, c’est tirer sur un fil d’une pelote tellement emmêlée qu’il est difficile d’encore oser affirmer l’avoir trouvé. Les messages sont si contradictoires qu’il est difficile de ne pas céder à

Urbanisme & Immo un sentiment d’impuissance : il faut créer des logements pour tous mais ne pas densifier, il faut diminuer la vitesse des voitures mais permettre aux transports publics de conserver leur vitesse commerciale, construire des pistes cyclables mais sans prendre sur l’espace des voitures, renforcer le passif dans les logements mais ne plus démolir, isoler mais sans intervenir sur les façades à rue existantes, anticiper le réchauffement en plantant des arbres mais ne planter que des espèces indigènes, qui ne seront pas forcément adaptées à ce même réchauffement, végétaliser et débitumiser mais sans prendre à nouveau sur les espaces des voitures… de chaleur urbain. L’air y est devenu parfois irrespirable, et que dire de la qualité du silence… Restauration écologique Dans son excellent essai « Le nouvel urbanisme parisien », Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris, présente sa vision de la restauration écologique appliquée à l’urbanisme. La restauration écologique est une On ne peut envisager l’avenir de la ville sans s'interroger sur le maintien de la biodiversité et le partage des communs – les espaces publics mais aussi simplement l’air, la lumière, le bruit et son corollaire le silence, le patrimoine –, biens appartenant à tous. La ville n’a pas été épargnée par l’usage outrancier que nous avons faits de nos ressources. Son sol est engorgé de tunnels, égouts, canalisations, tuyaux en tous genres. On a tant enfoui dans le désordre qu’aujourd’hui cet enchevêtrement souterrain a supprimé les poches de pleine terre, rendant difficile cet autre besoin impératif : la verdurisation des villes. L’eau n’y pénètre plus tant sa surface est devenue imperméable, affectant ainsi la biodiversité, favorisant le risque d’inondation et contribuant à l’îlot action intentionnelle, au-delà de la seule et simple protection, élaborée pour les espaces naturels endommagés en rééquilibrant l’écosystéme par l’augmentation des surfaces des habitats menacés et la création de réseaux entre ces fragments. Cette restauration écologique en milieu urbain redonne une place à la biodiversité, donne moins de place aux voitures et plus aux piétons et aux cyclistes, privilégie l’adaptation du bâti à sa démolition-reconstruction, encourage la pleine terre et la désimperméabilisation et pose la question de la densité, entre autres. Raviver la nature en ville, tel est le titre du premier article de notre dossier urbanisme, qui aborde quelques pistes de cette restauration écologique à Bruxelles. Tout en démontrant l’importance des arbres et des animaux en ville, et l’impérieuse nécessité du combat pour la pleine terre qui questionne la densité et l’imperméabilisation, en passant par une légitime interrogation sur la place de la voiture et le partage harmonieux et sécurisant des espaces dédiés à la mobilité – à l’opposé de la priorisation des voitures, des vélos ou des piétons, qui oppose les uns aux autres –, des architectes du paysage, urbanistes, géographe ou sociologue, y témoignent de ce que la nature doit devenir le socle des villes, pensées comme un milieu naturel, mêlant le végétal et l’animal. De la biodiversité re(in)staurée par des cercles vertueux – auxquels chaque citoyen peut participer et dont il peut bénéficier – pourraient renaître des villes de demain équilibrées, agréables à vivre et partagées, lieux de rencontres et de bienveillance, apaisées. ● Sophie Le Clercq ❙ 21

Urbanisme & Immo Raviver la nature des villes Au lendemain de la COP 21, les Parisiens ont donné leur mairie à Anne Hidalgo pour entreprendre une révolution écologique. Une vague verte a également déferlé sur Bruxelles aux dernières élections communales et régionales. Habitués à fouler les boulevards haussmanniens comme à battre les pavés bruxellois, Bas Smets, l'architecte bâtisseur de paysages, et Nicolas Gilsoul, architecte, docteur en sciences et paysagiste, regardent d'un œil expert ces premières expérimentations naturalistes en milieu urbain. B as Smets espère que les grands projets verts en gestation aujourd'hui verront naître une autre façon de voir la ville, la recherche d'une médiation, d'un nouvel équilibre entre la nature et l'homme : « Les villes ont été construites derrière des murs d'enceinte pour nous protéger de la nature et l'idée de vivre dans le monde sauvage nous fait toujours très peur. On était 2,5 milliards sur Terre en 1950 et on s'approchera des 10 milliards en 2050. La population aura donc quadruplé en 100 ans. Quand auparavant on avait l'impression qu'il y avait des points d'urbanisation entourés par une étendue verte infinie, on voit aujourd'hui que l’urbanisation crée un réseau dans lequel il faut définir les poches vertes qu'on veut préserver. Il nous faut imaginer comment ramener la nature en ville. Le vert doit être vu non plus comme une décoration pour embellir la ville mais comme une nécessité pour la garder habitable. Il faut à la fois préserver la nature qui n'est pas touchée par l'urbanisation et incorporer la nature dans les milieux artificiels créés par l'homme. Là, il y a beaucoup à inventer. Le confort de nos sociétés technocratiques impose de compenser ce qu'on détruit. Le meilleur moyen de lutter contre les îlots de chaleur, capturer les particules fines et créer une baisse de température, c'est l'arbre. Il a été façonné par des millions d'années d'évolution. Mieux vaut en planter que de fabriquer des machines qui feront plus ou moins ce qu'ils font naturellement. » Nicolas Gilsoul le rejoint : « Le combat des villes, c'est d'abord le combat pour la pleine terre. Il faut installer les conditions nécessaires au vivant, rompre la couverture imperméable de la ville plutôt que de l'étendre. » Verdir n'est pas un vert durable L'idée des forêts urbaines bénéficie d’un grand capital sympathie. Nicolas Gilsoul préfère les mots justes à la démagogie qui fait palpiter les passions populaires : « Le plus important dans une forêt, c'est le sol. Il va nourrir les arbres, leur permettre de tisser des relations entre eux, absorber les pluies, prévenir les sécheresses. Il est fragile et supporte mal le piétinement. La forêt linéaire sur les talus du périphérique, accessible au public, a du mal à se développer. Interstice d’infrastructure, elle abrite aujourd’hui ceux dont la ville n’a pas voulu. Migrants et infortunés survivent entre une forêt de tuteurs. Les projets de forêts urbaines sur le parvis de l'hôtel de ville à Paris ou à Montparnasse sont de beaux jardins publics arborés, et nos citadins en manque de nature y trouveront à respirer. Une strate basse, une strate arbustive et une strate arborée bien pensées peuvent ensemble permettre à une flore et à une faune de se développer, mais elles n'auront jamais la richesse d'une forêt ». Si la propagation enthousiaste de l'agriculture urbaine horssol est mise en question pour la faiblesse des rendements 22 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Getty

Urbanisme & Immo actuels qui ferait crier famine aux villes, la concurrence potentielle que représente son développement pour les terres agricoles, ou encore sa production high-tech, Nicolas Gilsoul peut déjà affirmer avec certitude que « les millions qui ont été investis dans les projets des Parisculteurs auraient un effet plus durable s'ils nourrissaient des projets de parcs urbains, bien plus capables encore de tisser du lien social et de renforcer la résilience de nos cités ». Si monter de la terre en grande quantité pour planter des arbres sur les toits serait très lourd pour les structures des bâtiments, Bas Smets préfère tout de même les toits verts aux façades vertes, car ils absorbent l'eau de pluie : « Verdir les façades, c'est de la jolie décoration qui revient cher et qui n'est pas durable. Il est aussi dommage de cacher l'architecture derrière du vert. Mieux vaut faire un beau paysage à côté ». L'ingéniosité de l'homme au service des plantes Cet ingénieur du vivant s'inspire de la logique de la nature et imite le caractère opportuniste des plantes pour inventer des paysages augmentés. Il cherche en premier lieu à désimperméabiliser les sols : « On a réalisé des parkings de gravier qui sont perméables et dont les fondations servent de réserve d'eau. Ils ne coûtent pas plus cher qu'un parking normal. Le problème de l'eau, c'est qu'on n'en a pas assez pour irriguer les arbres parce qu'elle s’écoule, et qu’on en a trop au point le plus bas, ce qui provoque des inondations. Il faut garder l'eau où elle tombe pour qu'elle uisse recharger la nappe phréatique et s'évaporer. » Autour de la gare Part-Dieu à Lyon, un millier d'arbres sont en train de coloniser une dalle de granit dont Bas Smets es joints sont poreux. Ils disposent sous la surface de grands réservoirs en mélange terre-pierres. « On a réalisé une cartographie du sous-sol pour définir des zones de plantation », détaille Bas Smets. « C'est un travail compliqué que de parler avec tous les différents services. Le sous-sol n'a encore jamais été organisé. C'est comme l'espace aérien. Quand il n'y avait que quelques avions, chacun volait où il voulait. Maintenant, chaque avion a un couloir de vol. À Paris-La Chapelle, en collaboration avec l’agence L’AUC, on a construit des chambres de 3 m³ sous la voirie pour les canalisations d'eau, d'électricité et de gaz. Tout le reste, c'est de la pleine terre dans laquelle on plante. Ça, c'est le futur. C'est cher, mais à Paris il y a cette volonté politique ». Le choix des essences doit aussi être mûrement réfléchi. Boulevard Saint-Lazare à Bruxelles – un projet qu'il a À Londres, Bas Smets a planté 500 arbres dans la cour d'un hôtel. remporté en 2012 – des arbres issus de latitudes plus basses peupleront une vallée verte parée à affronter le réchauffement climatique. Elle sera montée sur des pavés dont les interstices laisseront passer l'eau et reposera sur un squelette terre-pierres drainant. « Des plantes indigènes ne s'adaptent pas forcément au climat modifié par les bâtiments et les routes dans les villes », continue Bas Smets. « À Tour & Taxis, on a planté des arbres pionniers parce que la terre était trop lourde pour des arbres de pépinière. Il faut réfléchir comme les végétaux, se demander ce qui est le plus opportuniste. J'ai planté 500 arbres grimpants dans la cour d'un hôtel londonien. Ils n'étaient pas originaires de la région et n'auraient pas survécu dans la rue, mais ils étaient adaptés au climat protégé de la cour. Pour la Défense à Paris, on a cherché dans la nature des arbres qui poussent dans 40 à 50 cm de terre, et on a travaillé les mottes de sorte qu'elles soient plates. On suivra la croissance des racines et leur alimentation en eau avec un système de sondes. On arrive à produire ces paysages augmentés car on a une meilleure connaissance de leurs besoins et on arrive à mieux contrôler leurs milieux. » L´éveil de Bruxelles L'absence de consensus entre les Régions pour fermer le ring au sud de Bruxelles a participé à préserver des terres, ainsi que le bois de Hal et la forêt de Soignes. Avec ses 4.400 ha, cette dernière offre à elle seule un espace boisé 2,5 fois supérieur aux bois de Boulogne et de Vincennes réunis. L'autre force de Bruxelles réside dans ses intérieurs d'îlots. Sa faiblesse provient de ses espaces publics. Bas Smets remarque qu'il n'y a pas de subventions pour « débitumiser » Bruxelles, contrairement à ce qui se fait en Flandre, et qu'« il n'y a pas d'arbres, si ce n'est dans quelques grandes avenues. C'est pareil dans beaucoup Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 23 D.R. D.R.

Urbanisme & Immo de villes flamandes et wallonnes. À Paris, des platanes de 25-30 m de haut bordent tous les grands boulevards. Leur plantation a été réalisée dans des coupes techniques de 8 m³ conçues en même temps que les canalisations et le métro ». À Bruxelles, des racines bombent les revêtements de voirie et des arbres tombent en nombre sous les grands vents. « Comme dans d'autres villes, on mettait à peine les arbres en terre. Ils sont vulnérables au vent car ils n’ont pas pu se développer, la terre étant trop compacte en dessous ». Aujourd'hui, 30 m³ de terre sont prévus pour chaque arbre planté. Le plan Canopée de la Ville de Bruxelles répond au manque identifié. Comme pour l'opération Canopée à Montréal, il prévoit en premier lieu de protéger le patrimoine arboré existant. Nicolas Gilsoul estime que cette attention va dans le bon sens et doit être plus largement poursuivie : « La première chose à faire est de cartographier les arbres remarquables, dont la valeur écologique acquise ec l'âge ne peut être remplacée par de jeunes pousses, et de développer des mécanismes de protection efficaces. » Pour le second volet, des études identifieront les endroits où des arbres peuvent être plantés. La prise de conscience se fait, mais il faut Nicolas Gilsoul encore intégrer la connaissance du vivant et ses métamorphoses face au changement climatique », continue Nicolas Gilsoul. « La rue et le jardin public sont le creuset de la démocratie. Ils doivent porter haut nos espoirs et ambitions pour demain. Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, me disait que la nature était appréhendée de manière transversale. Mais en disant qu'elle doit être partout, elle risque d’être nulle part, ou posée comme du persil sur un plat trop riche. Une pointe de vert pour la déco, pas une mosaïque d’écosystèmes vivants. La nature doit devenir le socle des villes. Quand on présente un projet d'aménagement urbain, une des premières questions des élus comme des journalistes est de savoir combien il y a d'arbres. Il ne faut pas s'arrêter à l'aspect quantitatif mais s'assurer du bon équilibre d’un système de milieux écologiques vivants. La nature en ville ne doit pas uniquement être une couleur. Avec une bonne connaissance du vivant, pensé comme un ensemble animal et végétal, on peut aider la ville à vivre mieux ». Au rang des mauvais exemples figure notamment la place Fernand Cocq à Ixelles. La précédente majorité a jeté le square pour faire place à une surface piétonne minéralisée ornée de nouvelles plantations et d'un arbre 24 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Un aspect du Jardin des Senteurs, à Versailles, dessiné par Nicolas Gilsoul. métallique qui trône dans l'allée centrale. Nicolas Gilsoul liste entre autres mauvais choix, sur le piétonnier du centre, la multiplication de carrés engazonnés qui nécessitent un arrosage conséquent, la prévalence donnée aux érables du Japon qui trahit l'optique décorative vu leur sensibilité, et l'économie d'une réflexion qui a mené à préférer aux grands arbres des petits multibranches exposés aux traversées des passants. Pour Nicolas Gilsoul, « les pouvoirs publics restent timides et manquent encore d'ambition. Penser la cité comme un milieu naturel hybride, riche, complexe mais vivant, construit avec le génie végétal et animal, est à mes yeux essentiel. Il y a urgence ». Pour expérimenter ces ambitions nouvelles, Bruxelles est en mal de pionniers qui s'évertueront à comprendre la logique de la nature et à l'imbriquer dans celle des villes. Le secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme, Pascal Smet, revient avec cette vielle idée d'oser des gestes architecturaux forts. S'il faut de l'audace, des actes verts peuvent se montrer forts. Paris réfléchit à verdir son périphérique, malgré son trafic routier et la fracture qu'il a généré entre les villes qui se tournent depuis longtemps le dos. Bruxelles pourrait plus naturellement y parvenir sur sa petite ceinture entre les portes Louise et Namur, les artères commerçantes se tendant les bras. Beci soutient un projet de jardins d’hiver étagés sous cloches, au pied desquels des arbres se mêlent aux mobilités, et Nicolas Gilsoul proposait dès 2003 d’enterrer les voitures pour faire pousser un parc linéaire. ● Ophélie Delarouzée D.R. © Adrien Fouéré

Urbanisme & Immo Manifeste de la faune citadine Après avoir exploré les stratégies de résilience des grandes métropoles du monde dans son livre Désir de villes, Nicolas Gilsoul a retranscrit ses rencontres avec leur nouvelle vie animale. Son second tome, Bêtes de villes, raconte l'histoire de ce bestiaire fabuleux qui devient citadin pour sa survie et pour celle des hommes. Observer le comportement animal permet aussi, selon lui, de partager leurs territoires. « Les oies ont transformé les berges des étangs d'Ixelles en plages de boue. En les repensant comme un milieu naturel et en y disséminant des hautes herbes, les promeneurs seraient amenés à mieux vivre la proximité de l'eau et de la vie animale. » L es bien-pensants s'entêtent à clamer que les animaux doivent vivre dans le monde sauvage, bien que les espaces se raréfient et se tarissent. Oscillant entre détachement et emprise, les hommes sont enjoints à s'aventurer dans la voie de la cohabitation avec des bêtes en tous genres qui pénètrent par les porosités de leurs réseaux urbains. « Comme pour nos forêts urbaines, il faut accompagner l'installation de la faune et lui permettre de se déployer dans nos villes », plaide Nicolas Gilsoul. « Il faut créer des corridors écologiques connectés pour que des animaux puissent venir chercher en ville ce qu'ils ne trouvent plus à l'extérieur, mais aussi facilement en ressortir. » Si Bruxelles laisse la plupart de ses espaces verts ouverts et accessibles aux chiens, contrairement à Paris qui est bridée par sa densité, elle dispose aussi de grands espaces boisés et d'une promenade verte qui les connecte entre eux en périphérie, ainsi que de parcs et de nombreux jardins privés en intérieur. « En apprenant à connaître les habitudes des animaux qui nous visitent, on peut changer le dessin de nos jardins et espaces publics pour canaliser et sécuriser leurs déplacements », argue-t-il. « Ça se joue au niveau politique, mais chacun peut agir localement. On peut retirer les grillages des haies pour voir passer les hérissons. S'il y a des jardins communicants, surtout au sud de Bruxelles, la plupart sont cloisonnés par de grands murs. On peut ouvrir des passages, mais aussi jouer sur le choix des végétaux et leur densité. Un simple jardin d'herbes peut ainsi devenir le paradis de certains passereaux, mais repousser les mouettes et goélands qui se sont installés au nord du canal. » Si les renards sont plus largement conviés en ville, il préconise d'apprendre aux habitants à préserver leur instinct sauvage, comme cela s'est fait pour les coyotes qui chassent les rats et souris dans Detroit. Intervenir avec mesure L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature référence plus de 30.000 espèces animales et végétales menacées. Pour agir, les gestes posés doivent tenir compte des équilibres entre populations. Les abeilles domestiques massivement introduites en ville concurrencent les abeilles sauvages qui sont solitaires. L'erreur n'est pas neuve, comme le rappelle Nicolas Gilsoul : dans les années 90, on disait que la coccinelle était l'amie du jardinier. On en a fait venir de plus voraces d'Asie, qui sont devenues invasives et ont mangé nos pucerons mais aussi nos coccinelles. Bêtes de villes, par Nicolas Gilsoul, aux éditions Fayard. Il ajoute que pour réguler des populations nuisibles, il faut accueillir leurs prédateurs : « Une pétition s'est opposée à l'introduction de faucons dans le 10e arrondissement de Paris. Difficile pour certains de voir des pigeons tués en vol, davantage semble-t-il que les réseaux électrifiés qui leur tranchent les membres en toute discrétion sur les façades des bâtiments publics. Il faut changer de regard et se méfier de notre tendance à catégoriser les bêtes en ‘bonnes’ et ‘mauvaises’ ». Un cheval soignant dans les hôpitaux français, des moutons qui tondent les pelouses de Turin, des vautours qui cartographient les décharges sauvages à Lima... Les exemples de son livre démontrent que des espèces inattendues peuvent se révéler des alliés extrêmement efficaces. ● Ophélie Delarouzée Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 25

Une chasse ouverte aux automobilistes ? La Place De Brouckère avant piétonnisation : une image d’un autre temps, déjà. Impossible d'aborder l'espace public sans se heurter à la mobilité. Les voitures déroulent du bitume au sol, génèrent un nuage de pollution et tuent des piétons avec leurs gabarits et vitesses inadaptés à la ville. L'équation appelle à se mettre en marche contre toutes les voitures, mais c'est le « tout à la voiture » qui va être renversé. B ruxelles a construit ses autoroutes urbaines pour l'Expo 58 afin de se montrer à la pointe du progrès, caractérisé alors par la démocratisation de la voiture. Son piétonnier du centre, le plus grand d'Europe, figure aujourd'hui sa marche arrière à l'œuvre. Dans un sens comme dans l'autre, il semble risqué de virer à toute allure sans lever la tête pour regarder la direction qui se profile. Les générations dorées de la naissance du consumérisme voyaient dans la voiture l'affranchissement des distances et le confort d'une mobilité familiale comme individuelle, sans se soucier des dégâts environnementaux. L'électromobilité multiplie les innovations légères sur les courtes distances. Elle assiste l'énergie musculaire et promet de s'affranchir des hydrocarbures et de leur pollution d'usage, mais pas encore des routes qui additionnent des engins individuels de tous types, ni des voitures lourdes sur les longues distances. L'aveuglement serait de ne pas rechercher des procédés de recyclage efficaces pour pallier les dévastations de l'extraction des métaux nécessaires à la diffusion de la technologie. De plus, comme tout roulera à l'électrique, c'est le mix des énergies primaires qu’il importe de considérer et de rendre plus propre. Deux défis d'envergure. 26 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Piétonniers : Un pas de trop ? Les Français ont endossé leurs gilets jaunes contre les taxes sur le carburant. Pas d'alternative pour beaucoup que de payer, les voitures électriques étant encore chères. En province, les salaires décroissent, les distances s'allongent et les transports en commun se font plus rares. « En France, on a tendance à tout miser sur les métropoles, alors qu'il y a énormément de petites et moyennes villes », commente Nicolas Gilsoul. « On les a amenées à parier sur les piétonniers pour offrir des cœurs de cité agréables, mais ils sont plus vides que des paysages de western et les grands espaces commerciaux de la périphérie ont encore gagné en attractivité. C'est que rejoindre une petite ville de Creuse sans voiture est très compliqué. La Belgique, c'est presque une ville continue. » La dépendance à la voiture n'étant pas si forte, en Belgique, le mouvement des gilets jaunes s'est dispersé dans des luttes socio-économiques plus larges. Cependant, la taxation kilométrique à Bruxelles a quand même été repoussée par la Wallonie et la Flandre. Paris et Bruxelles ont ceci de commun de vivre dans la pollution alors que leurs réseaux de transports en commun sont des plus développés et que nombre de leurs citadins n’ont pas le permis de conduire. Mais, comme elles restent liées au trafic automobile, en premier lieu pour les travailleurs venus de leurs périphéries, réduire trop drastiquement les voies de circulation risque d'augmenter la congestion et de faire stagner la pollution véhiculée. « Prioriser les voitures, vélos ou piétons ne marche pas, car le principe de la ville est de mélanger toutes les mobilités », avance Nicolas Gilsoul. « C'est d'autant plus vrai pour un piétonnier aussi grand que celui de Bruxelles, où traverser 50 ha à pied constitue une épreuve sportive pour certains. Les espaces partagés fonctionnent mieux. » © belgaimage

Urbanisme & Immo Heureusement, les multiples (semi-)piétonniers de Bruxelles n'ont réellement de piétonnier que le nom. Les espaces sont envahis par des vélos et trottinettes, et des voies ont été préservées pour les transports en commun, les livraisons, et même les voitures. « D'une manière ou d'une autre, des minibus et autres mobilités durables vont se déployer sur le piétonnier du centre », pressent le sociologue, architecte et urbaniste Pierre Vanderstraeten, co-concepteur de l'espace partagé sur la place communale de Molenbeek. « Si on peut imaginer que l'ensemble du centre-ville se transforme au fil des ans en un grand espace partagé, il y aura toujours des zones d’exception. Il faudra veiller à privilégier le trafic de destination sur celui de transit. » Il ajoute que « dans les espaces partagés, chaque usager est remis en situation de vigilance, ce qui est le meilleur gage de sécurité. Aujourd'hui, on regarde de près la dimension comportementale au-delà des aspects techniques. » Un froncement de sourcils pour tout sourire et un ordre d'arrêt en signe de la main miment l'attitude des piétons bruxellois qui se pensent dans leur bon droit en traversant, même quand ils ne respectent pas les dispositions de prudence du code de la route. Si, aux petits Français, on a répété de bien regarder avant de traverser, aux petits Belges, on a surtout dû apprendre à traverser sur les passages piétons. L'institut belge de sécurité routière Vias le confirme : les piétons français sont parmi les plus indisciplinés d'Europe pour la traversée au rouge, mais plus du tiers des automobilistes belges sont surtout irrités par les piétons qui se lancent sur un passage sans prêter attention aux véhicules en approche. En Belgique, 60 % des accidents impliquant un piéton en ville surviennent sur ou à proximité d'un passage. La généralisation du 30 km/h à Bruxelles est conforme aux recommandations de Vias, mais le temps de réaction et la distance de freinage s'étalant sur 13 à 15 mètres, il conseille également de sensibiliser les piétons à prendre le temps de se faire voir. En panne d'alternatives à la voiture La multiplication des « petites » mobilités en ville, en ce inclus les petites voitures, accroît la sécurité des usagers faibles. Considérant que les « routières » sont plus dangereuses, resteront largement dépendantes des carburants polluants dans les prochaines années et génèrent des particules fines pour freiner leur masse, Nicolas Gilsoul apprécie les mesures prises à Paris et Bruxelles pour rééquilibrer le trafic : « Limiter les véhicules polluants est bénéfique aux grandes villes, surtout qu'il y a des alternatives pour ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter les voitures autorisées à rouler. Déployer le réseau cyclable permet aussi de bouger de nombreux citadins qui ont l'âge et la santé pour pédaler. » En outre, la Région bruxelloise supprimera 65.000 places en surface d'ici 2030 pour rediriger les voitures vers les parkings du sous-sol, mais aussi vers ceux des bureaux et magasins. Pour Pierre Vanderstraeten, la manœuvre en vaut la peine : « Il faut tendre vers de meilleurs partages. En ville, les jeunes rompent avec cette volonté d’être propriétaire d’une voiture. » Cependant, Nicolas Gilsoul remarque qu'« à Séoul, quand une portion d'autoroute urbaine a été retirée pour retrouver la rivière du dessous, le trafic a pu être fluidifié en pensant global. Toutes les forces vives de la ville ont réfléchi à développer des alternatives à grande échelle. À Paris, les réseaux de transport en commun comme les autoroutes rayonnent à partir du cœur de ville. Pour y remédier, 68 gares du Grand Paris sont en train de voir À Séoul, la rivière Cheonggyecheon remise à l’air libre est devenue une promenade très appréciée. le jour. La difficulté dans les villes, c'est que les transports appartiennent à une autorité administrative, l'espace public à une autre... » C'est le grand problème à Bruxelles, qui n'a pas de nouvelles alternatives à offrir à ses travailleurs des communes et régions périphériques. « Le plan régional de développement durable (PRDD) ambitionne une ville polycentrique, où la densité et les activités sont structurées autour des transports en commun », souligne Pierre Vanderstraeten. « Avec la dispersion de l'habitat en Brabant, peu de gens vivent près des arrêts. Il faut donc y développer des projets d'agglomération, de densité et de mixité raisonnables. » Penser la mobilité de 2050, c'est considérer que les voitures électriques ne diminueront à l'approche des villes que proportionnellement au développement des transports en commun et plus petites mobilités. ● Ophélie Delarouzée Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 27 © Getty

Urbanisme & Immo Bruxelles, élève modèle de l’occupation temporaire ? Si, comparativement à Berlin, Bruxelles était à la traîne, aujourd’hui, l’urbanisme transitoire s’y installe pour durer. Mieux encore, la capitale fait figure de pionnière par la taille et l’envergure de ses projets. Coup de projecteur sur une nouvelle forme de vie urbaine, bien loin d’un urbanisme technocratique et systématisé N ombreux sont les urbanistes et architectes qui s’attachent à définir la ville comme un lieu capable d’accueillir les changements et favoriser les possibles. L’urbanisme transitoire ou occupation temporaire répond à ces différents paramètres. D’ailleurs, le concept est simple comme bonjour : mettre des espaces publics ou privés, en attente d’une destruction ou d’une rénovation, à la disposition d’associations, de jeunes entrepreneurs ou d’artistes pour quelques mois ou quelques années. D’un côté, l’occupation permet de réduire les coûts de gestion du site (frais de maintenance ou de gardiennage) tout en palliant les risques des espaces vides (incendies, délabrement, occupation illégale). De l’autre, elle permet de renforcer l’attractivité du quartier en favorisant l’implication des citoyens dans la construction de leur ville. Une aubaine ? Pour Benjamin Cadranel, administrateur général de citydev, l’occupation temporaire est une aubaine face à la frustration que peut occasionner un temps immobilier et urbanistique long : « C’est toujours un peu frustrant d’avoir le sentiment que rien ne bouge. Or, notre société demande des changements concrets ». Si on la compare à d’autres villes européennes, Bruxelles n’est pas une ville très chère sur le plan immobilier. Pourtant, elle reste trop chère pour de nombreuses activités entrepreneuriales et artistiques, qui ne peuvent pas y trouver leur place. Cela, citydev l’a bien compris : « Les occupations temporaires sont excitantes, car elles permettent des choses que le marché ne peut pas proposer ». L’opérateur public gère actuellement 88 occupations temporaires sur le sol bruxellois. L’exemple le plus marquant reste 28 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Un exemple spectaculaire : le « Velodroom » installé par le collectif Dallas dans les anciennes casernes Fritz Toussaint, à Ixelles. le Studio CityGate à Anderlecht, où près de 40 occupants se partagent 22.000 m² au quotidien. Devenu une mini-ville créative, l’espace accueille 14 studios d’artistes, un skatepark intérieur et extérieur, une salle d’escalade, quatre ateliers de menuiserie et de forge, un chocolatier, un bijoutier, des salles de répétition, une salle de concert, un jardin et des espaces de bureau. Un aménagement urbain jusqu’ici réussi, qui redonne des couleurs au quartier situé à une dizaine de minutes à pied de la gare du Midi. Laboratoires urbains Pour l’architecte et urbaniste française Anne Durand, les espaces transitoires sont des chantiers laboratoires où tester des idées, expérimenter des pratiques permettant d’innover en temps réel. Prenant le pouls des communautés locales, ils permettent de préfigurer, voire même d’influencer, par une approche d’essais-erreurs, le projet urbain pérenne qui succédera à l’expérience éphémère. À Bruxelles, le projet d’oc© Elke-Bruno

Urbanisme & Immo cupation temporaire See U est un bel exemple puisqu’il représente actuellement la plus grande occupation temporaire du pays. Plus de 80 projets dédiés à l’innovation, à la culture et au durable investissent les 25 000 m² de l’ancienne Caserne Fritz Toussaint pour une période de deux ans. 80 initiatives belges variées et plus de 300 acteurs, surnommés les ‘See Users’, donnent vie à ce nouveau quartier participatif au cœur d’Ixelles. À tout cela s’ajoute un cinéma vintage, un « café-poussette », une salle de concert, une halle d’exposition, un vélodrome… Les projets qui animent le site doivent impérativement s’inscrire dans une logique de découverte, sous l’angle d’un avenir social et durable. Créer la ville de demain À la tête de cette occupation temporaire, une gouvernance qui se fait via la société Creatis, laquelle gère l’espace avec un comité de pilotage. Jonathan Ectors est l’un des quatre responsables du site : « Il n’y a pas de modèle référentiel pour l’occupation temporaire ; il y a plusieurs cas différents. Nous gérons le site et on nous rémunère par un montant fixe annuel. On ne perçoit pas les loyers des occupants. C’est important de Les occupations temporaires sont excitantes, car elles permettent des choses que le marché ne peut pas proposer. Benjamin Cadranel (citydev) le préciser, car il y a beaucoup de dynamiques d’occupation temporaire marquées par un fort intérêt de captation des loyers. Nos occupants ne payent pas de loyer ; ils payent une quotepart des charges qui correspond à 30 euros du m² par an. On est nettement en dessous des prix du marché. » Les occupants sont rassemblés par secteur sur le site : famille, culture, makers, playground, social…. Jonathan résume l’espace comme un tierslieu mixte et global, où l’on crée ensemble la ville de demain. Le plus difficile ? Parvenir à constituer une communauté avec un ancrage dans le quartier : « Cela ne doit pas être une bulle en autarcie. Créer une communauté, ça prend du temps, c’est une mécanique extrêmement complexe pour laquelle il n’y a pas de recette magique, mais des bonnes pratiques ». Un véritable challenge pour l’équipe Creatis, qui démarre par l’encadrement : « L’autogestion c’est bien, mais ça ne fonctionne pas vraiment… C’est très important de dire aujourd’hui que des projets d’occupation temporaires qui se passent bien, ça demande beaucoup de travail et aussi beaucoup d’argent ». D’ailleurs, tous les revenus de location et d’événementiel sont automatiquement réinjectés dans le projet global. Pour les projets à finalité de lucre, la somme est doublée et versée au pot commun. À Anderlecht, près de 40 occupants se partagent les 22.000 m² du Studio CityGate, qui comporte aussi un jardin potager. Si tout semble rose au pays de l’occupation temporaire, on constate de plus en plus de dérives, comme des contournements de l’urbanisme classique faisant du temporaire quelque chose de définitif. Par exemple, en exploitant la précarité financière des acteurs (« Tu ne paies pas cher, donc tu n’as rien, et ne te plains pas parce qu’on peut te mettre dehors quand on veut »). En matière légale, on observe de plus en plus de réflexions sur le sujet, mais il n’existe pas encore de législation spécifique. Un héritage immatériel Jonathan Ectors a longtemps travaillé dans la création d’événements avant de se lancer dans l’occupation temporaire. Selon lui, elle est synonyme d’opportunité et de dynamisme urbain. En effet, elle se situe au carrefour de tellement de facteurs : rénovation urbaine, enjeux économiques et politiques. En quelque sorte, elle agit comme un véritable levier de dynamisation économique, sociale et culturelle. L’autogestion c’est bien, mais ça ne fonctionne pas vraiment… C’est très important de dire aujourd’hui que des projets d’occupation temporaires qui se passent bien, ça demande beaucoup de travail et aussi beaucoup d’argent Jonathan Ectors (Creatis) Un dernier mot à ajouter pour Creatis ? « Le truc des occupations temporaires c’est qu’on se demande toujours ce qui se passe après. Moi, je pense que la grande maladie c’est de toujours penser à ‘après’. On est continuellement prisonnier des briques. Vivons l’instant présent ! L’héritage, à quoi ça sert ? Nous croyons qu’il y a surtout un fort héritage immatériel ! ». ● Elisa Brevet Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 29 D.R.

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Urbanisme & Immo Une densité à la mesure des métropoles Le besoin en pleine terre des villes appelle à considérer leurs approches des constructions Il n’est pas toujours nécessaire de construire : à Uccle, l’ancien hôpital Edith Cavell est en cours de transformation en logements. nouvelles, mais les solutions envisagées coudoient rapidement des intérêts politiques et privés. À Bruxelles, le pouvoir n'est pas centralisé comme à Paris. Il y a 19 bourgmestres et la Région s'en mêle. Parmi les élus locaux qui ont mis la main sur l'Urbanisme, fin 2018, siège Yves Rouyet. Urbaniste et géographe, il s'est familiarisé avec les enjeux durables dans les rangs d'Ecolo, et avec les défis d'Ixelles sur les bancs de l'opposition 12 années durant. S'il a participé à débitumiser des espaces publics et des cours de logements sociaux fraîchement bétonnées, ou encore à sauvegarder un potager accueillant un brin de biodiversité en renonçant à un projet communal, c'est son message aux promoteurs qui est, en bloc, avant-gardiste : « Permis par permis, on peut renouveler une ville. Le problème, c'est que, comme les promoteurs achètent les terrains à des prix prohibitifs, ils proposent des projets denses et peu qualitatifs en visant des niches chères au m², comme les kots étudiants, et en tablant sur le haut du marché. Pour casser cette spéculation foncière et immobilière, on a commencé à refuser des permis inadéquats. Ils se sont sentis désemparés car ils étaient habitués à pouvoir déroger aux règles d'urbanisme à Ixelles. En revanche, pour sécuriser leurs investissements, on a couché par écrit les lignes directrices de notre vision urbanistique. On a 30 points d'attention qu'ils peuvent prendre en considération dès l'étape de conception pour ne pas risquer de voir leurs projets recalés ». Les conditions les plus manifestement écologiques dictent de limiter les abattages au strict minimum et de planter des arbres, de garder voire d'augmenter les espaces de pleine terre, de favoriser la biodiversité, d'assurer une perméabilité des sols pour l'infiltration des eaux de pluie, d'éviter de construire en intérieur d’îlot et de cultiver leur quiétude en inversant la disposition des appartements pour que les salons et terrasses horeca donnent sur la rue et les chambres sur l'arrière. L'échevin estime que la première couronne a atteint une juste densité, mais il y a matière à travailler sur l'existant. Si sa commune est la moins bien lotie de la Région pour le logement social, il prospecte, avec sa collègue chargée du Logement, pour repérer des opportunités dans les projets immobiliers. Une goutte d'eau en rapport à la taille du parc privé, pour lequel il veille à juguler les rehausses d'immeubles et à limiter les subdivisions à trois logements dans les maisons néoclassiques typiques. C'est qu'il refuse de tendre vers une surdensité parisienne difficile à vivre : « Pour chaque projet, je regarde les cartes réalisées dans le cadre des travaux préparatoires au PRDD, qui permettent de comparer la densité existante des îlots avec leurs densités idéales, estimées en fonction de critères comme l'accessibilité, les équipements et les espaces verts. Comme cette étude n'a pas été jointe au PRDD, peu de gens doivent la connaître. Pour moi, c'est une bible, mais je pense qu'il ne faut être dogmatique en rien et qu'il faut évaluer les projets au cas par cas. Des endroits peuvent sûrement être un peu densifiés autour des nœuds d'hyper-accessibilité ». Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 31

Urbanisme & Immo Des tours en perspective Des mesures comme l'individualisation des droits sociaux pour réunir les couples, ou comme la lutte contre la multiplication des Airbnb, peuvent quelque peu contribuer à recouvrer des logements dans le bâti actuel. Pour voir les choses en grand, la Région veut ériger des tours. « Les tours de Chicago ont été construites avec son collier de grands parcs pour offrir une vue sur cet espace à un grand nombre d'habitants et contenir les prix de l'immobilier », intervient Nicolas Gilsoul. « Densifier doit servir à libérer des espaces publics de qualité par ailleurs, non à empiler les gens dans des clapiers pour amener plus de monde à partager un espace minéral. Densifier au centre pour continuer à étaler en périphérie n'est pas non plus cohérent ». Pierre Vanderstraeten (UCL) se montre aussi prudent : « Les habitations doivent répondre à des normes de plus en plus strictes, ce qui implique des coûts particulièrement élevés pour les tours, qui s'ajoutent à leurs exigences techniques et acoustiques. Elles vont dès lors s'adresser à un public aisé alors que l'enjeu de Bruxelles est de proposer des logements suffisamment abordables à sa population ». Des élus de la Ville ont d'ailleurs parlé de difficultés à vendre les luxueux appartements de la tour Up-Site en bord de canal. Quant aux grands ensembles pour revenus modestes, comparables à ceux des banlieues parisiennes, Pierre Vanderstraeten remarque que « les sociétés de logement social qui ont à gérer des bâtiments élevés éprouvent de grosses difficultés, car l'entretien et la rénovation coûtent cher. Le trop grand anonymat de ces ensembles induit aussi un risque accru de déresponsabilisation des habitants visà-vis de tâches d’entretien collectif ». La Région propose de résoudre l'équation en édifiant des gratte-ciel mixtes dans le quartier européen. À leurs pieds, elle offre à partager une place Schuman minéralisée chapeautée d'une soucoupe grise pour s'abriter du soleil, en remplacement de l'îlot de fraîcheur qui n'était déjà qu'une oasis de végétation. Une vue plus haute sur Bruxelles Anne Hidalgo parle du Grand Paris car elle veut penser les grands enjeux de mobilité, de logement et de mixité sociale à l'échelle métropolitaine. Pierre Vanderstraeten adopte la même vision pour Bruxelles, même si formuler la gouvernance partagée qu'elle implique laisserait entendre des grincements de dents : « La métropole est prévue dans la réforme de l'État, mais elle dépend de la bonne volonté et de l'entente des gouvernements régionaux. Comme on devrait encore avoir de la croissance démographique et qu’immanquablement il y aura de nouveaux lotissements, l'accueil de cette population doit se planifier sur l'aire métropolitaine. Il faut réfléchir à une densité raisonnable et développer de l'emploi et des équipements pour éviter 32 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 À Chicago, les grands immeubles ont été construits autour d’une ceinture de parcs. de faire des cités dortoirs en dehors de Bruxelles ». En ce sens, si l'impôt pouvait lui aussi être revu au niveau de la métropole, la fuite des classes moyennes vers les périphéries ne serait pas tant le mal décrié. « Des familles à faibles revenus se dirigent aussi vers Vilvorde et Tubize », modère Yves Rouyet. « On a une distribution socio-spatiale inversée par rapport à Paris, avec des populations plus précarisées au centre de la ville, mais ce n'est pas plus mal car la proximité de services et d’emploi leur est profitable ». Quant à l'accueil des classes aisées qui pourraient vouloir protéger leur tranquillité, Pierre Vanderstraeten avance que « les mentalités changent. Les projets Bimby (Build in my backyard), importés de France pour densifier des lotissements existants à l’initiative des propriétaires permettent de limiter l’urbanisation de nouveaux territoires. Ces interventions doivent être localisées à proximité des services et transports en commun afin de consolider leur viabilité et de ne pas induire de nouvelles dépendances à la voiture ». Bruxelles se singularise par son communautarisme marqué. Pour Pierre Vanderstraten, « il naît d'abord de la volonté de retranchement des plus riches. Les autres communautés se regroupent ensuite de façon plus subie pour bénéficier des effets d'entraide et de solidarité. Il s’agit de penser la ville inclusive à partir du couple ‘communauté – société’ introduit par Ferdinand Tönnies au XIXe siècle. L'anonymat du centre-ville porte la société urbaine et son ouverture à la différence alors que les quartiers tissent du lien social. Pour trouver sa place dans la société, chaque habitant doit pouvoir vivre ces deux ambiances. Bruxelles a beaucoup de quartiers et manque de centres pour son brassage social ». Les problèmes de grignotage des terres, mobilité et mixité tournent en rond autour de la question du polycentrisme. ● Ophélie Delarouzée © Getty

Urbanisme & Immo À l'aube d'une mutation des réseaux d'énergie Alain Maron L a Région bruxelloise a lancé dès 2007 l'appel à projets « Bâtiments exemplaires » ainsi que des primes pour la rénovation basse énergie et la construction passive favorisant les éco-matériaux. Le neuf est soumis depuis 2015 à l'obligation d'une consommation d'énergie quasi nulle, alors que la réglementation européenne ne l'imposera qu'en 2021. « La norme passive a permis à Bruxelles de devenir exemplaire et à ses entrepreneurs d'acquérir une maîtrise technique », estime Alain Maron (Ecolo), ministre bruxellois de l'Énergie. « L'enjeu reste aujourd'hui de faire progresser notre bâti de la fin du XIXe vers la basse énergie. Les autres centres urbains européens sont confrontés au même problème, mais Bruxelles a la particularité d'avoir une population précarisée en son centre et un taux élevé de locataires. La stratégie Rénovation adoptée à la fin de la législature précédente va accélérer le tempo en exigeant un certificat PEB pour 2025 et la réalisation des 5 interventions recommandées d'ici 2050 (une tous les 5 ans sous peine de sanctions qui seront établies en 2024). On travaille aussi à unifier les primes Rénovation et Énergie pour simplifier le système et il y a des freins urbanistiques à lever. Une rehausse pour isoler un toit est considéré comme une modification de gabarit qui, si prise au sens strict par les communes, nécessite l'octroi d'un permis. » De la déperdition de chaleur à l'énergie grise L'échevin Yves Rouyet s'intéresse au défi technique sousjacent : « L'isolation dénature le patrimoine par l'extérieur, mais n'est pas toujours évidente par l'intérieur. En tant que pouvoir public, on doit encourager la réflexion sur la rénovation du bâti en organisant des colloques et en poussant les maîtres d'œuvre à expérimenter des pistes innovantes. Les constructions frugales offrent une alternative au calfeutrage technologique des bâtiments qui mérite d'être plus étudiée ». La gestion énergétique des villes devient matière à une réflexion nouvelle. Les pertes d'énergie ne sont plus perçues du seul point de vue économique et l'optimisation de sa circulation promet des changements majeurs. Via ses lignes de conduite, il exhorte les architectes à faire d'Ixelles le laboratoire de l'isolation thermique, à favoriser les éco-matériaux en examinant leur bilan carbone, mettre en œuvre des chantiers durables, préférer la rénovation à la démolition et concevoir des bâtiments modulables. « On sort de la logique des bâtiments jetables », développe Alain Maron. « La reconversion des anciens bureaux a généré des complications, mais aujourd'hui les architectes prévoient une modularité des bâtiments pour les inscrire dans la durée. En cas de démolition, des efforts sont faits pour réutiliser les matériaux afin de minimiser l'impact écologique extérieur, fabriquer du béton et du ciment étant très énergivore. » L'économie linéaire tend à se circulariser et l'énergie à faire des boucles. La Belgique se classe dans les premiers rangs européens pour le recyclage des déchets et Bruxelles dispose d'un système de collecte extrêmement bien rodé, « mais la marge de progression est grande », poursuit le ministre. « On va progressivement rendre obligatoire le sac orange en vue d'ouvrir sous la prochaine législature une usine de biométhanisation. Il faut commencer à traiter nos déchets pour ne plus les envoyer dans toute la Belgique ou dans les circuits mondiaux. » La Région mise sur la recherche scientifique pour porter la transition écologique. Vivaqua a lancé un projet pilote de récupération de la chaleur résiduelle des eaux usées à Uccle. Paris développe elle un réseau de refroidissement souterrain à partir de la Seine pour remplacer la climatisation et une fabrique de terre crue utilisera les déblais du futur Grand Paris Express dans la construction. « Les grands projets ne sont pas dans notre culture, mais Bruxelles est un tissu foisonnant de projets innovants », conclut Alain Maron. ● Ophélie Delarouzée Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 33

Entreprendre Rebondir de l'échec vers le succès En 2018, 3102 entrepreneurs bruxellois ont déposé le bilan (11 000 pour la Belgique). Pourtant, la faillite reste taboue. Les mentalités doivent évoluer. Le temps d'une soirée organisée par reStart et autour de la cheffe Isabelle Arpin, le sujet a été abordé sans langue de bois. N ous savons comment réagir en cas de succès mais en cas d'échec, personne n'a de mode d'emploi. Échouer est humain. Cela fait du bien de le savoir et de le partager. Depuis mars 2017, le programme reStart (voir encadré) a vu passer 160 participants. Plus de la moitié ont retrouvé un projet professionnel comme entrepreneur et/ou salarié. Car il s'agit bien de cela : accepter l'échec avant de se donner rapidement les moyens de se relever. Isabelle Arpin Isabelle Arpin, cheffe de renom, en est un parfait exemple : « La faillite peut nous atteindre de différentes manières. Dans mon cas, ce n'est pas une faillite personnelle mais celle du restaurant dans lequel j'officiais. Cela s'est répercuté sur mon activité 34 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 et sur moi-même, psychologiquement. Le regard des autres, la vie sociale, la perte de confiance en soi, c'était difficile à gérer. » Forte d'un parcours de vie qui ne l'a pas épargnée, Isabelle Arpin transforme cet échec en force. Elle prend le meilleur de cette mésaventure pour se relancer, vite, très vite. Enthousiaste, elle témoigne : « Je crois que la faillite du restaurant a été déclarée le 13 décembre et le 19 février, j'ai rouvert en face, dans un établissement flambant neuf, qui nous appartient maintenant. » La cheffe confie ne pas être une entrepreneuse née. « J'étais un peu une planquée, j'étais bien où j'étais mais je n'étais pas libre. Il a fallu du courage, un peu d'argent et un entourage soutenant, mais ça valait la peine d'aller très vite. J'ai la chance d'avoir une équipe qui m'a suivie, qui est à mes côtés, c'est un moteur ! » Un moteur dont, sans aucun doute, elle est le carburant. Stopper l'activité à temps Partager son expérience en toute transparence renforce le sentiment que tout est possible, surtout après une faillite. Mais quelles sont les difficultés rencontrées par les entrepreneurs qui mettent la clé sous le paillasson ? Les avis des experts convergent : quand les premiers signes d'alerte apparaissent, plutôt que de prendre du recul, l'entrepreneur s'obstine, quitte à parfois continuer l'activité seul. « Lorsqu'un entrepreneur vient nous voir dans 50% des cas, il est trop tard. Les chances de survie de l'entreprise sont nulles. Pourtant des procédures de redressement existent, notamment pour pérenniser l’entreprise », explique Jean-Pierre Riquet, juriste, fiscaliste et expert au Centre pour Entreprises en difficulté (CEd) . Le patron de PME est aujourd'hui une sorte de magicien qui, en plus de son produit, doit maîtriser tout un tas d'outils. « Le nez dans le guidon, il s'arrête toujours trop tard et certainement par manque d'une vision claire quant à la situation de son business », ajoute Alain Henderickx, curateur et avocat spécialisé en droit commercial et des sociétés. Avec un peu de bon sens, ces difficultés peuvent être évitées. Tout d'abord, il faut mûrir un plan financier, connaître le besoin de cash-flow pour lancer l'activité. Savoir combien d'argent gagner pour éviter d'en perdre. Jean-Pierre Riquet © Reporters © Getty © Reporters

Entreprendre Une réflexion soutenue par Philipp Oosterlincks, consultant, expert en entrepreneuriat bénévole chez Dyzo asbl, en Flandre : « Souvent, l'entrepreneur en difficulté est plein d'espoir. Il veut trouver des solutions mais quand je demande s'il se verse encore un salaire, la Alain Henderickx réponse est non. C'est souvent un élément que l'entrepreneur transgresse et c'est le premier signal d'alarme. » Ensuite, il faut bien s'entourer, comme l'explique Alain Henderickx : « Quand vous vous lancez, constituez une équipe : comptable, juriste, etc. Trop d'entrepreneurs considèrent ces budgets comme des coûts alors que ce sont des investissements. Rencontrer régulièrement ces personnes ressources vous permettra de prendre le pouls de votre business et d'éviter des problèmes plus graves. » Isabelle Arpin acquiesce, non sans humour : « Je téléphone plus souvent à mon comptable qu'à ma propre mère. Dès que j'ai une question, je l'appelle. J'aime la sécurité, pouvoir anticiper un moment où ça ira moins bien. » Anticiper les difficultés, pour, le cas échéant, trouver une solution plus saine que le dépôt de bilan, comme la transmission de l'entreprise ou sa liquidation. À chaque difficulté son opportunité Les entrepreneurs faillis subissent généralement un quadruple traumatisme : professionnel, financier, social et personnel. « Pour chaque moment de difficulté, il y a toujours une opportunité », souligne Jean-Pierre Riquet. « Un programme comme reStart permet de déceler cette opportunité et de la mettre en place. La faillite n'est pas un échec, c'est une étape. » La législation belge propose d'ailleurs des outils pour aider les faillis à rebondir : l'effacement des dettes et le droit passerelle. Le premier permet à tout indépendant en personne physique, déclaré en faillite, d'être libéré envers ses créanciers du solde de ses dettes contractées pour le bon fonctionnement de son activité. C'est un nouveau départ offert au failli. Le droit passerelle quant à lui permet, selon certaines conditions au moment où l’indépendant en personne physique cesse son activité, de recevoir un revenu social jusqu’à 12 mois. Après un dépôt de bilan, il est facile de culpabiliser, de couper tout contact avec ses relations, d'être en colère. Il faut pouvoir analyser la situation en toute lucidité, pour ne plus commettre les mêmes erreurs. « Il faut pouvoir regarder la réalité en face. Observer la situation sans chercher à se déculpabiliser sur quelqu'un d'autre. Celui qui va rebondir va accepter d'analyser pourquoi ça n'a pas fonctionné. Il va faire son autocritique, sans se flageller », poursuit Alain Henderickx. Ensuite, prenez le temps avant de redémarrer une nouvelle activité entrepreneuriale. « Il faut faire le deuil de ce qui a été », souligne Philippe Oosterlincks. « En redémarrant trop vite, vous allez vous surinvestir et risqueriez de commettre les mêmes erreurs. » Pour ne pas sombrer après la faillite, il faut s'entourer. « Il faut pouvoir se relancer dans un nouveau projet, privé ou professionnel. Travailler pour quelqu'un d'autre pendant un certain temps peut être positif, pour prendre du recul, réfléchir au sens que l'on veut donner à son activité professionnelle, etc. » La faillite peut toucher tout entrepreneur au cours de sa carrière. Stopper une activité est humain. Comme l'a souligné Tarik Hennen, consultant digital chez Beci et passé plusieurs fois très près de la faillite : « La faillite in fine, ce n'est qu'une procédure juridique qui protège les gens. » Ne perdez pas de vue que la peur de l'échec est saine, cela fait du bien de le savoir et de le partager. ● Vinciane Pigarella Le programme reStart : pour qui ? pour quoi ? Son objectif est double : • Accompagner personnellement et professionnellement les faillis afin de rebondir dans un nouveau projet entrepreneurial ou salarial. • Changer la culture de l’échec au niveau social, économique et auprès des entrepreneurs faillis par le biais de séances d’information, de tables rondes et de conférences. Le programme de 5 mois s'adresse à tout entrepreneur bruxellois qui a connu une faillite il y a moins de deux ans. Il n'est pas nécessaire d'avoir un projet professionnel, mais il faut certainement la volonté de s'engager dans le programme avec bienveillance, écoute et partage. Contact et info : Eric Vanden Bemden, coordinateur • +32 563 68 56 • restart@beci.be • https://go.beci.be/restart Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 35 Philipp Oosterlincks © Reporters © Reporters

Transition Le (ré)éclairage ? Tout un art Ces dernières années, l'éclairage LED a beaucoup progressé. Au point de devenir aujourd'hui, à quelques exceptions près, la seule technologie d'éclairage valable. Encore faut-il ne pas se tromper et se faire assister par un bureau d'études sérieux. Light to Light a entièrement revu l’éclairage du magasin Absoludanse. F iorenzo Namèche, gérant du bureau Light to Light, se définit comme un ingénieur-designer passionné par la lumière. Pour illuminer un espace extérieur ou un bâtiment, il s'attache à respecter les mêmes étapes : « Nous rencontrons le client pour bien comprendre ses besoins. Ensuite, nous visitons l'espace à (ré)éclairer pour analyser en profondeur les besoins et nous procédons à un inventaire complet en procédant à des relevés (luxmètre, photographie...). Nous demandons Il y a LED et... LED Au niveau des luminaires, il est encore possible de trouver son bonheur parmi les fabricants européens, mais quant aux sources lumineuses, force est de reconnaître que tout ou presque est aujourd'hui fabriqué en Chine. Quoi qu'il en soit, Light to Light et tous les acteurs sérieux ne fonctionnent qu'avec du matériel portant le label ENEC, la norme européenne qui a remplacé les normes nationales (en Belgique, le label CEBEC par exemple). Tout ce qui vient de Chine n'est pas or. Et si le fameux label ne figure pas sur les équipements livrés et que l'on opte pour le mauvais fournisseur, on risque de cuisantes déconvenues. également les factures d'énergie afin de déterminer le coût de l'éclairage actuel », commence-t-il. De retour à son bureau d'étude, l'ingénieur couche tous ces éléments sur le papier et réalise un pré-projet avec une proposition de dimensionnement et une étude de rentabilité. S'il apparaît que l'on peut ainsi améliorer la qualité de l'éclairage tout en diminuant les consommations énergétiques, Light to Light rédige le cahier de charges et les documents qui permettront de consulter les entreprises prestataires. « Cette phase préalable est une étape importante pour le client. D'abord parce que ces études de dimensionnement sont soutenues par des subsides. Ensuite, parce que ces études préalables sont la condition sine qua non pour pouvoir profiter dans un second temps des subsides sur le remplacement de l'éclairage en tant que tel. » Le bureau d'études examine ensuite les propositions rendues par les fournisseurs d'éclairage pour s'assurer que les solutions proposées correspondent bien aux besoins. « Nous contrôlons chacune des propositions, en faisant particulièrement attention aux offres qui nous semblent trop bon marché (...) Les fournisseurs commettent parfois des erreurs arithmétiques ou se trompent dans le choix du matériel. » Une fois que tout est fixé, le chantier peut commencer. Simultanément à ce chantier de relighting, le client peut en profiter pour faire revoir les éléments connexes comme l'éclairage de secours, la détection incendie, voire la réfection des plafonds. Parmi les clients de Light to Light, on trouve de tout : « J'ai travaillé sur Lichtvisie, le plan d'éclairage des voies publiques initié par la Région flamande, mais aussi sur le relighting de la piscine de Vilvorde, celui de la galerie du Passage du Nord située entre la rue Neuve et le boulevard Adolphe Max ou encore celui d'Absoludanse, magasin d'articles de danse dont l'éclairage a été complètement revu avec plus de confort pour les clients et de solides économies d'énergie à la clé. » ● Johan Debière Les aides en Région de Bruxelles-Capitale Etude préalable : prime de 50% avec obligation de suivre le cahier des charges ‘audit éclairage’ Travaux : prime de 30 à 40% pour les PME et les organisations à profit social dans le cadre du Pack Energie de Bruxelles Environnement, avec un maximum de 15.000 euros par année et par demandeur. 36 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Light to Light

Entreprendre Starter Macaria : anticiper pour vivre pleinement et partir sereinement Lancée en septembre dernier par Catherine Roupin, Macaria accompagne toute personne en réflexion sur sa fin de vie afin de planifier celle-ci, pour elle-même mais aussi et surtout pour ceux qui restent. Elle a, par ailleurs, suivi une formation en euthanasie, tant du côté francophone avec le Forum EOL (End Of Life), que du côté néerlandophone avec LEIF (LevensEinde InformatieForum). P lus que jamais, la mort reste un tabou dans notre société. Pourtant, c’est un truisme, nous naissons et mourrons tous. Mais nous n’aurons pas nécessairement, voire certainement, tous la même fin de vie. Il semble on ne peut plus judicieux de s’y préparer. Pour soi-même, bien sûr, mais aussi pour ceux qui restent. « C’est l’une des préoccupations majeures des personnes en fin de vie », souligne Catherine Roupin, fondatrice de Macaria. « Elles sont souvent plus inquiètes pour leurs proches que pour elles-mêmes. Chaque histoire est personnelle et nécessite d’écouter, de rassurer et d’accompagner. » Catherine Roupin, pharmacienne de formation, est née dans une famille de médecins. Toute sa carrière professionnelle fut centrée sur le patient malade et/ou en recherche de bien-être. « Au décès de mon papa », explique-t-elle, « j'ai eu la chance, la veille de son départ, d'avoir une magnifique conversation avec lui, j'ai pu lui dire ‘au revoir’ et le remercier pour nos années ensemble. J’ai aussi accompagné des amis et patients malades jusqu'à la fin et constaté combien il est important mais aussi difficile de parler et de préparer la tranche de vie qui nous sépare de notre départ. C’est ainsi qu’est né petit à petit ce projet, afin d’aider les personnes encore en pleine santé à parler librement de la mort et mettre en place ce qui pourrait les aider à vivre sereinement leur fin de vie comme elles la souhaitent, pour elles et pour leurs proches. » Elle a donc progressivement quitté l’officine pour une nouvelle activité, qu’elle a débutée en septembre dernier et que l’on pourrait définir en quelques mots : planification globale de fin de vie. « Je propose une approche ‘one-stopshop’ qui s’étend de l’analyse à la planification et l’aide à la mise en place d’actions et de solutions pouvant amener de la sérénité dans les tous les aspects de cette phase de vie, tels que la santé, les finances, le logement, les projets, la perte d’autonomie, la préparation des funérailles, etc. Pour toutes ces actions, je collabore avec divers partenaires. » Macaria est dans la mythologie grecque la fille d’Hadès et de Perséphone et la déesse qui incarne la mort heureuse, tranquille et paisible. Avec Macaria, Catherine Roupin propose diverses formules d’accompagnement ainsi que des services à la carte. Elle organise également régulièrement des ateliers et des séances d’information. Comme elle le rappelle, « La Belgique compte actuellement une personne de 67 ans pour 3,8 personnes de 18 à 66 ans. En 2070, ce rapport sera de une pour 2,5. Après le baby-boom d’après-guerre, nous assistons maintenant au papy-boom. Avec l’allongement de l’espérance de vie, la société devra prendre en charge les personnes âgées et leur accorder une attention plus soutenue. Des métiers comme thérapeute de fin de vie sont, par exemple, occupés à voir le jour, dans les maisons de retraite, les hôpitaux, etc. » En conclusion, si la mort est toujours un tabou, il sera amené de plus en plus à être levé dans les années qui viennent. Gageons que Macaria y contribuera activement. ● Info : www.macaria.be Guy Van den Noortgate Invest in starters Bon plan : entrez dans la communauté des investisseurs pour soutenir les jeunes entreprises innovantes de Bruxelles ! • Vous participez au développement économique de Bruxelles • Vous diversifiez vos placements • Vous bénéficiez d’avantages fiscaux grâce au « tax shelter » pour startups Une seule adresse : starters@beci.be • www.beci.be/starter Catherine Roupin. Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 37 D.R.

Legal Publications au Moniteur belge : c’est la fin de la récréation Imaginez qu’un fraudeur vous désigne comme administrateur d’une société-écran ? Qu’un escroc se désigne lui-même comme administrateur de votre société ? Ou encore qu’il déplace l’adresse de votre entreprise ? Ce n’est pas une fiction : ces cas se sont réellement produits. En cause : les failles de notre système de publications officielles, auxquelles l’autorité veut mettre fin. Que fautil savoir pour publier dans les règles ? À la suite nombreuses irrégularités quant aux preuves jointes pour les publications au Moniteur – le journal officiel de l’État belge – la procédure de dépôt de documents au greffe a été réformée et harmonisée à l’échelle nationale. Selon le président du tribunal de l’entreprise de Bruxelles, Paul Dhaeyer, ce renforcement des règles était absolument nécessaire pour éviter les abus qui se sont multipliés ces dernières années. La fin des intermédiaires Dorénavant, les gérants souhaitant déposer des documents doivent démontrer leur identité. Paul Dhaeyer a récemment expliqué la raison de ces nouvelles exigences dans un entretien à L’Echo : « Je veux être sûr que la personne qui se présente au greffe est bien celle qu’elle dit être, qu’elle a un domicile et que la société a bel et bien un siège social. On va également demander de nous déposer le titre qui justifie l’occupation, comme un contrat de bail ou un titre de propriété. Pour garantir la sécurité de ceux qui vont contracter avec ces sociétés, il faut la certitude que le siège social soit réel, que la personne qui est renseignée comme mandataire existe, que c’est bien cette personne-là, qu’elle est joignable et assignable en justice. In fine, c’est l’enjeu pour nous. » Jusqu’ici, il était d’usage courant pour de nombreux intermédiaires de prendre en charge la publication de documents au Moniteur pour le compte de sociétés tierces. Ce service était notamment proposé par les guichets d’entreprise, les fiduciaires, les bureaux d’experts comptables ou encore les chambres de commerce. Cette pratique est désormais révolue. Outre les mandataires des sociétés elles-mêmes, la publication au Moniteur ne pourra désormais plus être prise en charge que par la voie notariale. Quelle est la nouvelle procédure de dépôt ? 1. Il convient d'inviter les personnes qui souhaitent effectuer un dépôt à compléter une attestation avec leurs coordonnées d'identité, certifiées par la production de documents d'identité et la remise d'une copie lisible dudit document. 2. Il faut également que le déposant produise une copie conforme, avec les signatures, du procès-verbal du conseil d'administration ou de l'assemblée générale qui – en vertu de la loi ou des statuts de la société — a acté la décision à publier au Moniteur belge. 3. En cas de changement d'administrateur ou de gérant, il convient que le déposant produise : • Une copie recto-verso de la carte d'identité de l'administrateur ou du gérant qui est remplacé ; si ce document ne peut être produit, il y a lieu d'en expliquer la raison (administrateur révoqué...), en produisant un document signé ; • Une copie recto-verso de la carte d'identité de l'administrateur ou du gérant qui est nommé. 4. En cas de changement de siège social, le déposant doit produire une copie du titre qui justifie l'occupation des lieux (contrat de bail, titre de propriété, convention…). 5. Lorsque le déposant est un mandataire déposant le dossier en lieu et place de la personne compétente, il y a lieu de produire une procuration légalisée pour le mandataire, sauf lorsque la procuration ressort explicitement du procès-verbal mentionné au point 2. ● Alexis Bley, conseiller juridique Beci ab@beci.be 38 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 D.R.

Management & HR Employeur : le CV vidéo est-il la lettre de motivation 3.0 ? L’employeur peut-il envisager une évolution dans la traditionnelle lettre de motivation ? Le CV vidéo est-il devenu la nouvelle façon de se présenter et postuler un emploi ? Les nouveaux médias et la vidéo changent-ils la manière de découvrir les postulants ? On peut le penser… mais avec prudence ! Voici pourquoi. (Coproduction) Amélie Alleman U n recruteur passe en moyenne 11 secondes sur un CV. Il se fait rapidement une image mentale du candidat et voit si, oui ou non, il semble correspondre au candidat recherché. Vous le constatez tous les jours : les sociétés recrutent de plus en plus sur la base des « softs skills » et de la personnalité du candidat, en plus des compétences techniques demandées, du diplôme et du savoirfaire. Il est question d’adaptabilité, de compétences en management, de savoir-être, de bonne communication ou encore d’aisance relationnelle… Des soft skills très demandés. Comment détecter ces compétences « soft » sans une interview vidéo, via Skype ou en face à face ? D’autant plus que la multiplication des changements de carrière, des profils dits atypiques et des reconversions en quête de sens ou de valeur complique la donne. Comment laisser un candidat expliquer ses choix, son changement d’orientation et la pertinence de ses compétences si le fil rouge n’apparaît pas dans le CV ? Le CV vidéo représente, à notre avis, l’apport des nouvelles technologies et des médias au marché de l’emploi qui évolue. Qui n’a pas de smartphone avec une caméra ou accès à un PC avec une webcam ? À utiliser avec circonspection Considérons le CV vidéo comme un complément du CV. La vidéo donne du contexte et révèle la personnalité, mais sans remplacer le CV traditionnel. Il donne une touche humaine et du sens à une candidature. Certains profils et métiers à forte aisance relationnelle y auront recours. Mais ne discriminons pas pour autant les profils plus introvertis ou stressés face à une caméra. Relativisons cette utilisation en n’imposant rien, sauf peut-être aux profils nécessitant des soft skills plus développés, par exemple en communication, nouveaux médias, vente… Pour conclure, on peut penser que le CV vidéo peut devenir la nouvelle lettre de motivation 3.0 pour certains types de profils. Mais il a encore du chemin à parcourir avant de devenir la norme. Le CV vidéo utilise les nouveaux médias tout en remettant l’humain au centre du recrutement ! Un paradoxe intéressant pour une société qui cherche des talents dotés de compétences soft très développées, dans un marché souvent saturé. Amélie Alleman Fondatrice de Betuned Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 39 D.R. © Getty © Getty

Community L’actualité Beci en photo Beci et le Cercle de Lorraine ont reçu la Première Ministre Sophie Wilmès, qui a évoqué son parcours personnel et professionel, et répondu aux questions de nos membres. « Nous rêvons tous d’une simplification juridique, administrative. Mais notre complexité, notre capacité de fonctionner malgré tout et notre sens du consensus font que la Belgique est reconnue au niveau international », a déclaré Mme Wilmès, première femme à ce poste dans notre pays. Sophie Wilmès, entourée du CEO de Belfius Marc Raisière, et du president du Cercle de Lorraine, Herman Craeninckx. L’ancien Premier Ministre Mark Eyskens, aux côtés d’Evelyn Gessler (Decider’s). Au mois de janvier, Beci a signé #GoForBruxelles 2030, la stratégie socio-économique du gouvernement bruxellois. Voir aussi notre éditorial. Jan De Brabanter, Secrétaire Général de Beci-UEB. 40 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Marie-Noëlle Cruysmans © CESRBC-ESRBHG

Community Le Bruxelles des entrepreneurs Dans les pas de Catherine Bodson À 50 ans, Catherine Bodson a décidé d’opérer un grand tournant dans sa vie. Après une carrière internationale, tant dans le secteur privé que dans le secteur public européen, elle s’est lancée dans l’entrepreneuriat en créant Pipaillon, une conserverie artisanale installée au cœur de Bruxelles. Le concept ? Utiliser le savoir-faire d’antan pour produire des conserves en bocal : confitures, chutneys, tapenades et condiments à base de produits frais, bio et respectueux des producteurs locaux. Gastronome, amoureuse des bons produits et défenseur du savoir-faire artisanal, Catherine Bodson nous a livré ses meilleures adresses bruxelloises : Un quartier où flâner ? J’en ai deux. Le centre-ville où Pipaillon s’est installée, qui est en mouvement perpétuel : rue de Flandre, Sainte-Catherine, les quais... et le tout nouveau food market Wolf ! Le quartier Lepoutre-Brugmann, où je vis depuis que les enfants ont quitté la maison : tous les commerces sont accessibles à pied, une vraie vie urbaine, proche toutefois du Bois de la Cambre, de la Forêt de Soignes et de jolis parcs. Le bistro des copains ? Chez Tortue, rue Edith Cavell. Une adresse qui rassemble tout ce que j’aime : un bar à vins naturels, un vrai sens de l’accueil de Yann et sa bande, la générosité dans l’assiette, l’intimité du lieu et des clients joyeux. Malgré une cuisine minuscule, ils vous servent des petits plats délicieux. Mention spéciale pour ricotta rôtie ! Un resto gastro ? Ce n’est pas ma tasse de thé. Je préfère de loin une cuisine généreuse et conviviale, pleine de saveurs, sans chichis comme chez Jamil, à L’Intemporelle. Je vous conseille son fameux tartare d’Omega 3, un délice ! Aucun risque d’y entendre un obséquieux « bonne la dégustation » suivi d’un « bonne continuation ». Où commencer la journée ? Chez Matinal, rue Franz Merjay. Une boulangerie minimaliste, rien que l’essentiel, où tu prends ton café debout, à l’italienne. Régis est le seul à pouvoir me faire lever le week-end. Les pains, baguettes et viennoiseries sont tous préparés à partir de farines naturelles. Place au beurre, à la crème, au lait cru et aux œufs de plein air ! Un lieu atypique ? La Villa Empain, qui abrite la Fondation Boghossian, pour me plonger dans l’univers des années 30, y déjeuner (ah, la bonne cuisine de chez Tero !) et pour la qualité et l’originalité de leurs expos. Un lieu pour se cultiver ? J’aime flâner aux Beaux-Arts. La carte des Amis des Musées donne un accès illimité aux collections et le sentiment d’être un invité permanent. Souvent, on s’y déplace uniquement pour une exposition temporaire. C’est dommage, les collections sont d’une richesse infinie et se perdre dans les galeries du musée est un véritable plaisir. Un commerce de bouche ? Ce n’est pas une adresse, mais plutôt des adresses et une petite balade de quartier puisque toutes ces adresses sont proches. Commencez Chez Petré à Uccle, des volailles en pagaille un accueil chaleureux ; poursuivez par le marché bio du vendredi à la Place Brugmann. Vous y trouverez l’essentiel : Jacques Defrenne le fromager, Stéphane Marchand le boucher, et la Ferme du Gasi pour les fruits et légumes. ● Elisa Brevet Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 41 D.R. D.R.

Community Petites histoires de grands entrepreneurs Nathan Blecharczyk, Brian Chesky et Joe Gebbia, cofondateurs d’Airbnb. Trois jeunes partis de rien : la folle histoire d’Airbnb En quelques années, Airbnb a révolutionné la location saisonnière. Présente dans 191 pays – sauf l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord – la plateforme est valorisée à 30 milliards de dollars. Retour en 4 temps sur une ascension vertigineuse. 1. L’idée : Fin 2007 à San Francisco, Brian Chesky dirige une petite agence de design. Son colocataire Joe Gebbia est au chômage. Quand leur propriétaire parle d’augmenter le loyer, ils cherchent une solution. Brian sait qu’une conférence sur le design industriel a bientôt lieu et que les hôtels sont complets. Les colocataires y voient une opportunité : ils développent en 48 h un site web basique afin de proposer un matelas gonflable (‘airbed’) dans leur logement, avec petit déjeuner. Ils reçoivent trois personnes et récoltent environ 1000 dollars. Pourquoi ne pas continuer ? Brian contacte un (autre) ancien colocataire, Nathan Blecharczyk, diplômé de Harvard. Brian s’occupera de la stratégie et des finances, Nathan de la technologie et Joe du design. La société Airbedandbreakfast est née. 2. Merci les céréales ! En 2008, Brian, Joe et Nathan présentent leur projet à leurs connaissances. Les retours sont négatifs : le site fonctionne mal, ils ont besoin d’argent pour continuer à développer le concept. Pour se financer, les fondateurs créent des boîtes de céréales inspirées des candidats à la présidentielle américaine : les « Obama O’s » L’ivre de mots : Après Voyage en Absurdie, Stéphane De Groodt revient à ses premières amours : les calembours, aphorismes et jeux de mots. Des mots qu’il triture comme personne. Les éditions de l’Observatoire 42 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 et les « Cap’n McCain ». En deux mois, ils vendent 800 boîtes à 40 dollars pièce. Ce succès leur permet de rencontrer Paul Graham, co-fondateur de l’incubateur Y-Combinator. Brian, Joe et Nathan l’intègrent en janvier 2009, reçoivent un financement, changent de business model (passant du matelas gonflable à un concept situé entre l’hôtel et le ‘couchsurfing’), et de nom : Airbedandbreakfast devient Airbnb. 3. In the picture : La percée n’est pas décisive. Paul Graham leur conseille de partir à New York, à la rencontre de leurs adeptes. Ils comprennent alors que le problème vient des photos de mauvaise qualité qui illustrent les annonces. Ni une, ni deux : ils achètent un appareil photo et vont prendre eux-mêmes de meilleurs clichés. Airbnb décolle et lève 600 000 dollars auprès de Sequoia Capital. 4. Le succès : Quelques mois plus tard, la plateforme s’élargit à tous les types d’hébergement. En mars 2009, Airbnb compte 2500 annonces et près de 10 000 utilisateurs ! ● A Tavola : Si ces deux hommes ne vous disent rien, vous connaissez sûrement leur restaurant Racines à Bruxelles. Un italien qu’on ne présente plus et l’occasion pour eux de partager leurs meilleures recettes et accords vins ! Racine Y’a pas d’âge pour le vintage : Le livre idéal pour décrypter les styles, les designers et les objets qui ont fait de la déco vintage un art de vivre à part entière. Des inspirations et astuces pour chiner et parfaire son intérieur. Marabout Elisa Brevet D.R.

Community DEMANDES D'ADMISSIONS PAR PRÉSENTATION AU CONSEIL D'ADMINISTRATION Arizona SPRL, Rue des Hiboux 123 - 1150 Bruxelles Code Nace : 59113 - Production de films autres que cinématographiques et pour la télévision del. : Eric Vandecasteele Atos Worldline NV, Chaussée de Haecht 1442 - 1130 Bruxelles Code Nace : 62090 - Autres activités informatiques, 64922 - Octroi de crédit hypothécaire, 66199 - Autres activités auxiliaires de services financiers n.c.a., hors assurance et caisses de retraite del. : Vincent Coussement BBuild Constructions SPRL, Rue Keyenbempt 109 - 1180 Bruxelles Code Nace : 43999 - Autres activités de construction spécialisées del. : Stanislav Birg Bouzamour Dawya , Avenue de la Société Nationale 24 - 1070 Bruxelles del. : Dawya Bouzamour Butterfly&CO SPRL, Avenue du Couronnement 129 - 1200 WoluweSaint-Lambert Code Nace : 70210 - Conseil en relations publiques et en communication del. : Elise Falmagne CESI - Médecine du Travail ASBL, Avenue Konrad Adenauer 8 - 1200 Bruxelles del. : François Leruth Climact SA, Place de l'Université 16 - 1348 Ottignies Louvain-laNeuve Code Nace : 58290 - Édition d'autres logiciels, 63110 - Traitement de données, hébergement et activités connexes, 64200 - Activités des sociétés holding del. : Pascal Vermeulen Cool Beans Foods SPRL, Avenue Robert Dalechamp 17 - 1200 Bruxelles del. : Diane Noyes Dotstep SPRL, Avenue du Prince Héritier 24 - 1200 Bruxelles Code Nace : 62020 - Conseil informatique, 70220 - Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion, 82990 - Autres activités de soutien aux entreprises n.c.a. del. : Laetitia van Wijck DVC - Electronic Design & Manufacturing SA, Rue Caporal Trésignies 6 - 1190 Bruxelles Code Nace : 29310 - Fabrication d'équipements électriques et électroniques pour véhicules automobiles del. : Marc Vertongen Elisa Brevet pp, Rue Champ du Roi 51 - 1040 Bruxelles Code Nace : 63910 - Activités des agences de presse, 70210 - Conseil en relations publiques et en communication del. : Elisa Brevet Fineduc Belgium SA, Rue Royale 192 - 1000 Bruxelles Code Nace : 85429 - Enseignement supérieur n.c.a., 85599 - Autres formes d'enseignement, 85609 - Autres services de soutien à l'enseignement del. : Marie-Charlotte Schots Félicité Djimtoloum pp, Rue du Grand Hospice 30 - 1000 Bruxelles del. : Felicité Djimtoloum ISIS DiES SCRL, Rue d'Alost 7-11 - 1000 Bruxelles del. : Gaetan Moyersoen Karim Sebaihi (Colis-Clic.com) pp, Avenue Lamarche 57 - 7160 Chapelle-Lez-Herlaimont Code Nace : 47910 - Commerce de détail par correspondance ou par Internet, 62020 - Conseil informatique del. : Karim Sebaihi Laurent Housen pp, Avenue de la Couronne 340 - 1050 Bruxelles Code Nace : 69101 - Activités des avocats del. : Laurent Housen LD Medical Devices / Avisteril , Rue Massart, 13. - 1490 Sart Messire Guillaume. del. : Luc De Myttenaere Lemonnier Nathalie pp, Avenue Coghen 210 - 1180 Bruxelles Code Nace : 85592 -Formation professionnelle, 85599 - Autres formes d'enseignement, 86909 - Autres activités pour la santé humaine n.c.a. del. : Nathalie Lemonnier Leurquin et Associés SPRL, Avenue Tedesco 7 - 1160 Bruxelles Code Nace : 69101 - Activités des avocats del. : Emmanuel Jacubowitz Par tyhomerent SPRL, SintKatharinastraat 7 box 4 - 3300 Tienen Code Nace : 56210 -Services des traiteurs, 7729301 - la location de vaisselle, couverts, verrerie, appareils électroménagers, etc. del. : Tinne Milis Placs BV, Tomberg 10 - 1930 Zaventem Code Nace : 70210 - Conseil en relations publiques et en communication del. : Pierre Lorquet Pro-Pay NV, Chemin de Woluwe St. Etienne 55 - 1130 Bruxelles Code Nace : 82110 - Services administratifs combinés de bureau del. : Geert Van Hoye Sotrexco International SA, Rue Bruyère St-Jean 81 - 1410 Waterloo Code Nace : 46494 - Commerce de gros d'articles ménagers non électriques, 47592 - Commerce de détail d'appareils d'éclairage en magasin spécialisé del. : Victor Saragossi YodaCity , Chaussée de Waterloo 834 - 1180 Uccle Code Nace : 62020 - Conseil informatique, 63120 - Portails Internet, 94994 - Associations pour l'environnement et la mobilité del. : Armand Chariot Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 43

Community l’employeur public ? 28.05 VENTE, MARKETING & COMMUNICATION 11.02 Atelier prospection : comment trouver de nouveaux clients ? 13.02 Apprenez à réseauter et franchissez la barrière de l’introversion ICT 13, 20 & 27.02 Lunch digital 5, 12, 19 & 26.03 Lunch digital 2, 9, 16, 23 & 30.04 Lunch digital 7, 14, 21 & 28.05 Lunch digital 4, 11, 18 & 25.06 Lunch digital ➜ Caroline Coutelier +32 2 643 78 13 – cco@beci.be FORMATIONS SUR MESURE Vous souhaitez développer vos compétences, accroître la performance de vos collaborateurs, renforcer l’esprit d’équipe de votre entreprise ? Nos formations peuvent se décliner dans votre entreprise. Vous ne trouvez pas la formation que vous cherchez ? Contacteznous ! Notre programme de formations est établi en fonction des demandes que vous nous formulez. ➜ Caroline Coutelier +32 2 643 78 13 – cco@beci.be LÉGISLATION SOCIALE 21.02 Actualités « compensation & benefits » 05.03 Actualités de droit social dans la fonction publique 12.03 Plan cafétéria : la rémunération à la carte pour tous ? 17.03 Remboursement de frais à vos travailleurs 26.03 La prime d’innovation : récompensez vos travailleurs créatifs par une prime 100 % nette ! 02.04 Élections sociales 2020 : autour de la procédure électorale et du jour du vote 23.04 Le trajet de réintégration en pratique dans le secteur public 05.05 La prévention et la gestion des assuétudes : de quels outils dispose 44 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 STARTERS & RESTARTERS 17.02 Lunch Starter 4.02 Plan financier, remuneration, rôle du comptable 2, 9, 16, 23 & 30.03 Lunch Starter 3.03 Ce que vous devez savoir avant de vous associer 3.03 Apprenez à lire les comptes de votre entreprise 17.03 Quelles solutions de financement pour votre entreprise - 1819 17.03 Les solutions de financement de Finance & Invest Brussels 6, 13, 20 & 27.04 Lunch Starter 21.04 Plan financier, remuneration, rôle du comptable 4, 11, 18 & 25.05 Lunch Starter Missions et fonctionnement des organes sociaux 04.06 Actualités de droit social dans la fonction publique 05.06 Les vendredis de l’actualité sociale 12.06 Actualités « compensation & benefits » 18.06 HR-vinger aan de pols: update sociaal recht** 24.09 Temps et facilités accordés aux représentants syndicaux : la contradiction surmontée ? ➜ Frédéric Simon +32 2 643 78 17 – fs@beci.be

Community 19.05 Ce que vous devez savoir avant de vous associer 25.05 Apprenez à lire les comptes de votre entreprise 1, 8, 15, 22 & 29.06 Lunch Starter 02.06 Quelles solutions de financement pour votre entreprise - 1819 02.06 Les solutions de financement de Finance & Invest Brussels ➜ Emmanuelle Einhorn starters@beci.be 13, 20 & 27.02 Beci Welcome Lunch 4, 11, 18 & 25.03 Beci Welcome Breakfast 5, 12, 19 & 26.03 Beci Welcome Lunch 1, 8, 15 & 22.04 Beci Welcome Breakfast 13, 20 & 27.02 Quoi de neuf avec les Incoterms 2020 ? 2, 9, 16 & 23.04 Beci Welcome Lunch 15.04 Welcome apero 6, 13, 20 & 27.05 Beci Welcome Breakfast Inscrivez-vous à une ou plusieurs formations et bénéficiez des subsides à la formation Région Bruxelloise: 50% de subsides: (investissement min. = 1.000 €) **En néerlandais uniquement Retrouvez notre agenda complet sur www.beci.be 6.03 Export to the US and comply with the Food & Drug Administration ➜ Beci’s International Department +32 2 210 01 77 - jpm@beci.be 7, 14 & 28.05 Beci Welcome Lunch 3, 10 & 17.05 Beci Welcome Breakfast 4, 11 & 18.05 Beci Welcome Lunch ➜ Beci Events +32 2 643 78 13 – events@beci.be INDEX DES ENTREPRISES ET ORGANISATIONS CITÉES DANS CE NUMÉRO Absoludanse 36 Actiris Airbnb Artexpo AUC, L’ Aviato BeCommerce Betuned Boghossian, Fondation Brussels Airport Company Bruxelles Mobilité Centre pour Entreprises en difficulté Cercle de Lorraine CIT Blaton Citydev Citymesh Creatis 7-9 ; 12-15 42 4 22-24 5 5 39 41 7-9 12-15 34-35 4 ; 40 20-21 28-29 7-9 28-29 Daoust Davids, Les Dyzo Echa – Agence européenne des produits chimiques Enterprise Europe Network Ferme du Gasi Google Benelux Interparking JCX Immo Light to Light Matinal MIT Mobly Nokia Orange Belgium 11 20-21 34-35 18 18 41 16-17 4 20-21 36 Louvain School of Management 10 Macaria 37 41 10 7-9 7-9 7-9 Pétré Pipaillon PwC SNCB Strategy& Tero Title Media Tortue UCL ULB Université Paris XII VDAB Vias VUB Whyte Corporate Affairs Wolf Y-Combinator 41 41 7-9 12-15 7-9 41 11 41 10 ; 31-32 7-9 10 12-15 26-27 7-9 7-9 41 42 Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 45

Agence ligne 93 KBCMobile Brussels 95 % de vos opérations où que vous soyez. kbcbrussels.be/partout E.R. : KBC Group SA, Avenue du Port 2, 1080 Bruxelles, Belgique. TVA BE 0403.227.515, RPM Bruxelles.

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