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Urbanisme & Immo cupation temporaire See U est un bel exemple puisqu’il représente actuellement la plus grande occupation temporaire du pays. Plus de 80 projets dédiés à l’innovation, à la culture et au durable investissent les 25 000 m² de l’ancienne Caserne Fritz Toussaint pour une période de deux ans. 80 initiatives belges variées et plus de 300 acteurs, surnommés les ‘See Users’, donnent vie à ce nouveau quartier participatif au cœur d’Ixelles. À tout cela s’ajoute un cinéma vintage, un « café-poussette », une salle de concert, une halle d’exposition, un vélodrome… Les projets qui animent le site doivent impérativement s’inscrire dans une logique de découverte, sous l’angle d’un avenir social et durable. Créer la ville de demain À la tête de cette occupation temporaire, une gouvernance qui se fait via la société Creatis, laquelle gère l’espace avec un comité de pilotage. Jonathan Ectors est l’un des quatre responsables du site : « Il n’y a pas de modèle référentiel pour l’occupation temporaire ; il y a plusieurs cas différents. Nous gérons le site et on nous rémunère par un montant fixe annuel. On ne perçoit pas les loyers des occupants. C’est important de Les occupations temporaires sont excitantes, car elles permettent des choses que le marché ne peut pas proposer. Benjamin Cadranel (citydev) le préciser, car il y a beaucoup de dynamiques d’occupation temporaire marquées par un fort intérêt de captation des loyers. Nos occupants ne payent pas de loyer ; ils payent une quotepart des charges qui correspond à 30 euros du m² par an. On est nettement en dessous des prix du marché. » Les occupants sont rassemblés par secteur sur le site : famille, culture, makers, playground, social…. Jonathan résume l’espace comme un tierslieu mixte et global, où l’on crée ensemble la ville de demain. Le plus difficile ? Parvenir à constituer une communauté avec un ancrage dans le quartier : « Cela ne doit pas être une bulle en autarcie. Créer une communauté, ça prend du temps, c’est une mécanique extrêmement complexe pour laquelle il n’y a pas de recette magique, mais des bonnes pratiques ». Un véritable challenge pour l’équipe Creatis, qui démarre par l’encadrement : « L’autogestion c’est bien, mais ça ne fonctionne pas vraiment… C’est très important de dire aujourd’hui que des projets d’occupation temporaires qui se passent bien, ça demande beaucoup de travail et aussi beaucoup d’argent ». D’ailleurs, tous les revenus de location et d’événementiel sont automatiquement réinjectés dans le projet global. Pour les projets à finalité de lucre, la somme est doublée et versée au pot commun. À Anderlecht, près de 40 occupants se partagent les 22.000 m² du Studio CityGate, qui comporte aussi un jardin potager. Si tout semble rose au pays de l’occupation temporaire, on constate de plus en plus de dérives, comme des contournements de l’urbanisme classique faisant du temporaire quelque chose de définitif. Par exemple, en exploitant la précarité financière des acteurs (« Tu ne paies pas cher, donc tu n’as rien, et ne te plains pas parce qu’on peut te mettre dehors quand on veut »). En matière légale, on observe de plus en plus de réflexions sur le sujet, mais il n’existe pas encore de législation spécifique. Un héritage immatériel Jonathan Ectors a longtemps travaillé dans la création d’événements avant de se lancer dans l’occupation temporaire. Selon lui, elle est synonyme d’opportunité et de dynamisme urbain. En effet, elle se situe au carrefour de tellement de facteurs : rénovation urbaine, enjeux économiques et politiques. En quelque sorte, elle agit comme un véritable levier de dynamisation économique, sociale et culturelle. L’autogestion c’est bien, mais ça ne fonctionne pas vraiment… C’est très important de dire aujourd’hui que des projets d’occupation temporaires qui se passent bien, ça demande beaucoup de travail et aussi beaucoup d’argent Jonathan Ectors (Creatis) Un dernier mot à ajouter pour Creatis ? « Le truc des occupations temporaires c’est qu’on se demande toujours ce qui se passe après. Moi, je pense que la grande maladie c’est de toujours penser à ‘après’. On est continuellement prisonnier des briques. Vivons l’instant présent ! L’héritage, à quoi ça sert ? Nous croyons qu’il y a surtout un fort héritage immatériel ! ». ● Elisa Brevet Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 29 D.R.

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