Entreprendre Une réflexion soutenue par Philipp Oosterlincks, consultant, expert en entrepreneuriat bénévole chez Dyzo asbl, en Flandre : « Souvent, l'entrepreneur en difficulté est plein d'espoir. Il veut trouver des solutions mais quand je demande s'il se verse encore un salaire, la Alain Henderickx réponse est non. C'est souvent un élément que l'entrepreneur transgresse et c'est le premier signal d'alarme. » Ensuite, il faut bien s'entourer, comme l'explique Alain Henderickx : « Quand vous vous lancez, constituez une équipe : comptable, juriste, etc. Trop d'entrepreneurs considèrent ces budgets comme des coûts alors que ce sont des investissements. Rencontrer régulièrement ces personnes ressources vous permettra de prendre le pouls de votre business et d'éviter des problèmes plus graves. » Isabelle Arpin acquiesce, non sans humour : « Je téléphone plus souvent à mon comptable qu'à ma propre mère. Dès que j'ai une question, je l'appelle. J'aime la sécurité, pouvoir anticiper un moment où ça ira moins bien. » Anticiper les difficultés, pour, le cas échéant, trouver une solution plus saine que le dépôt de bilan, comme la transmission de l'entreprise ou sa liquidation. À chaque difficulté son opportunité Les entrepreneurs faillis subissent généralement un quadruple traumatisme : professionnel, financier, social et personnel. « Pour chaque moment de difficulté, il y a toujours une opportunité », souligne Jean-Pierre Riquet. « Un programme comme reStart permet de déceler cette opportunité et de la mettre en place. La faillite n'est pas un échec, c'est une étape. » La législation belge propose d'ailleurs des outils pour aider les faillis à rebondir : l'effacement des dettes et le droit passerelle. Le premier permet à tout indépendant en personne physique, déclaré en faillite, d'être libéré envers ses créanciers du solde de ses dettes contractées pour le bon fonctionnement de son activité. C'est un nouveau départ offert au failli. Le droit passerelle quant à lui permet, selon certaines conditions au moment où l’indépendant en personne physique cesse son activité, de recevoir un revenu social jusqu’à 12 mois. Après un dépôt de bilan, il est facile de culpabiliser, de couper tout contact avec ses relations, d'être en colère. Il faut pouvoir analyser la situation en toute lucidité, pour ne plus commettre les mêmes erreurs. « Il faut pouvoir regarder la réalité en face. Observer la situation sans chercher à se déculpabiliser sur quelqu'un d'autre. Celui qui va rebondir va accepter d'analyser pourquoi ça n'a pas fonctionné. Il va faire son autocritique, sans se flageller », poursuit Alain Henderickx. Ensuite, prenez le temps avant de redémarrer une nouvelle activité entrepreneuriale. « Il faut faire le deuil de ce qui a été », souligne Philippe Oosterlincks. « En redémarrant trop vite, vous allez vous surinvestir et risqueriez de commettre les mêmes erreurs. » Pour ne pas sombrer après la faillite, il faut s'entourer. « Il faut pouvoir se relancer dans un nouveau projet, privé ou professionnel. Travailler pour quelqu'un d'autre pendant un certain temps peut être positif, pour prendre du recul, réfléchir au sens que l'on veut donner à son activité professionnelle, etc. » La faillite peut toucher tout entrepreneur au cours de sa carrière. Stopper une activité est humain. Comme l'a souligné Tarik Hennen, consultant digital chez Beci et passé plusieurs fois très près de la faillite : « La faillite in fine, ce n'est qu'une procédure juridique qui protège les gens. » Ne perdez pas de vue que la peur de l'échec est saine, cela fait du bien de le savoir et de le partager. ● Vinciane Pigarella Le programme reStart : pour qui ? pour quoi ? Son objectif est double : • Accompagner personnellement et professionnellement les faillis afin de rebondir dans un nouveau projet entrepreneurial ou salarial. • Changer la culture de l’échec au niveau social, économique et auprès des entrepreneurs faillis par le biais de séances d’information, de tables rondes et de conférences. Le programme de 5 mois s'adresse à tout entrepreneur bruxellois qui a connu une faillite il y a moins de deux ans. Il n'est pas nécessaire d'avoir un projet professionnel, mais il faut certainement la volonté de s'engager dans le programme avec bienveillance, écoute et partage. Contact et info : Eric Vanden Bemden, coordinateur • +32 563 68 56 • restart@beci.be • https://go.beci.be/restart Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 35 Philipp Oosterlincks © Reporters © Reporters
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