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Urbanisme & Immo Une densité à la mesure des métropoles Le besoin en pleine terre des villes appelle à considérer leurs approches des constructions Il n’est pas toujours nécessaire de construire : à Uccle, l’ancien hôpital Edith Cavell est en cours de transformation en logements. nouvelles, mais les solutions envisagées coudoient rapidement des intérêts politiques et privés. À Bruxelles, le pouvoir n'est pas centralisé comme à Paris. Il y a 19 bourgmestres et la Région s'en mêle. Parmi les élus locaux qui ont mis la main sur l'Urbanisme, fin 2018, siège Yves Rouyet. Urbaniste et géographe, il s'est familiarisé avec les enjeux durables dans les rangs d'Ecolo, et avec les défis d'Ixelles sur les bancs de l'opposition 12 années durant. S'il a participé à débitumiser des espaces publics et des cours de logements sociaux fraîchement bétonnées, ou encore à sauvegarder un potager accueillant un brin de biodiversité en renonçant à un projet communal, c'est son message aux promoteurs qui est, en bloc, avant-gardiste : « Permis par permis, on peut renouveler une ville. Le problème, c'est que, comme les promoteurs achètent les terrains à des prix prohibitifs, ils proposent des projets denses et peu qualitatifs en visant des niches chères au m², comme les kots étudiants, et en tablant sur le haut du marché. Pour casser cette spéculation foncière et immobilière, on a commencé à refuser des permis inadéquats. Ils se sont sentis désemparés car ils étaient habitués à pouvoir déroger aux règles d'urbanisme à Ixelles. En revanche, pour sécuriser leurs investissements, on a couché par écrit les lignes directrices de notre vision urbanistique. On a 30 points d'attention qu'ils peuvent prendre en considération dès l'étape de conception pour ne pas risquer de voir leurs projets recalés ». Les conditions les plus manifestement écologiques dictent de limiter les abattages au strict minimum et de planter des arbres, de garder voire d'augmenter les espaces de pleine terre, de favoriser la biodiversité, d'assurer une perméabilité des sols pour l'infiltration des eaux de pluie, d'éviter de construire en intérieur d’îlot et de cultiver leur quiétude en inversant la disposition des appartements pour que les salons et terrasses horeca donnent sur la rue et les chambres sur l'arrière. L'échevin estime que la première couronne a atteint une juste densité, mais il y a matière à travailler sur l'existant. Si sa commune est la moins bien lotie de la Région pour le logement social, il prospecte, avec sa collègue chargée du Logement, pour repérer des opportunités dans les projets immobiliers. Une goutte d'eau en rapport à la taille du parc privé, pour lequel il veille à juguler les rehausses d'immeubles et à limiter les subdivisions à trois logements dans les maisons néoclassiques typiques. C'est qu'il refuse de tendre vers une surdensité parisienne difficile à vivre : « Pour chaque projet, je regarde les cartes réalisées dans le cadre des travaux préparatoires au PRDD, qui permettent de comparer la densité existante des îlots avec leurs densités idéales, estimées en fonction de critères comme l'accessibilité, les équipements et les espaces verts. Comme cette étude n'a pas été jointe au PRDD, peu de gens doivent la connaître. Pour moi, c'est une bible, mais je pense qu'il ne faut être dogmatique en rien et qu'il faut évaluer les projets au cas par cas. Des endroits peuvent sûrement être un peu densifiés autour des nœuds d'hyper-accessibilité ». Bruxelles Métropole - février 2020 ❙ 31

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