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Idées Pour ou contre une taxe CO2 aux frontières de l’UE ? Pour lutter contre les émissions de CO2 prônent le laissez-faire du marché, alors que , les uns d’autres plaident pour l'application d'une taxe aux frontières sur les produits importés de pays où l'on se soucie peu ou pas de l’empreinte carbone. Thierry Bréchet, professeur d’économie à la Louvain School of Management et chercheur au CORE (UCL). Rémy Prud’homme a enseigné l'économie à l'université de Paris XII et au MIT. L'économiste et philosophe britannique Ricardo estimait que l'ouverture des frontières était bénéfique à tout le monde. Dans le même temps, nous ne pouvons nous permettre d'importer de Chine l'acier produit dans des conditions écologiques ou humanitaires en-dessous de nos propres critères. Ces deux pays ont certes ratifié les accords de Paris et ils ont investi de manière significative (surtout la Chine) dans les énergies renouvelables ; ceci dit, en chiffres absolus, la Chine est le plus gros émetteur de CO2 au monde, tandis que l'Inde occupe la quatrième place du classement (juste derrière l'Europe...). En réalité, je suis en faveur d'une taxe CO2 appliquée à tous les produits manufacturés sur tous les marchés et, dans le même temps, en faveur du renforcement du marché ETS (ndlr : le système communautaire d’échange de quotas d’émission). Ce n'est pas de la rétorsion, mais une juste correction. L'ajustement du prix à la hausse me semble de nature à produire un choc psychologique susceptible d'amener le consommateur à changer radicalement ses habitudes. Il est urgent de procéder aux ajustements nécessaires car, si on ne le fait pas, d'ici 20 ou 30 ans, les risques écologiques et environnementaux seront encore plus importants. Rappelons ici que l'économiste anglais Jevons avait prédit la fin du charbon et avait attiré l'attention, dès 1884, sur le risque de disparition de l'Empire s'il ne prenait pas conscience du caractère fini de ses ressources en charbon. Il en va de même aujourd'hui pour toutes les énergies grises et pour la capacité de notre planète à encaisser des niveaux inédits d'émission de CO2. Si nous n'en tenons pas compte, nous courons à la catastrophe. Je suis contre une taxe CO2 aux frontières, car on ne peut pas faire payer aux produits brésiliens ou indiens un impôt dont seraient exonérés les produits européens. Et puis, qui peut sérieusement croire que les 27 pays européens vont se mettre d’accord sur un taux de taxe carbone unique ? Ensuite, une telle taxe serait en pratique très difficile à mettre en œuvre. On nous dit que son assiette serait le contenu carbone des produits importés. Très bien, mais qui peut nous dire le contenu carbone d’une chemise bangladeshie ou celui d’une batterie chinoise ? (...) Troisièmement, le discours protectionniste oublie que moins d’importations, c’est aussi moins d’exportations. Carbone ou pas, une taxe à l’importation est une taxe et elle entraînera inévitablement des mesures de rétorsion. Une telle taxe enfin aurait un impact quantitativement négligeable sur le stock de CO2 et sur le climat. Rappelons qu'une baisse d’une gigatonne des émissions de CO2 de l'Europe, à l'horizon 2050, engendrerait une variation de température de 0,0005°. Tel serait le gain climatique d’une taxe carbone européenne de 60 euros/tonne de CO2 . Tout ça pour ça ! Autre chose est évidemment de considérer le soutien à la recherche, dans le domaine du stockage de CO2 par exemple. ● Johan Debière 1 Dans sa Théorie de l'avantage comparatif 2 The coal question 10 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 © Getty

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