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Urbanisme & Immo Bruxelles, élève modèle de l’occupation temporaire ? Si, comparativement à Berlin, Bruxelles était à la traîne, aujourd’hui, l’urbanisme transitoire s’y installe pour durer. Mieux encore, la capitale fait figure de pionnière par la taille et l’envergure de ses projets. Coup de projecteur sur une nouvelle forme de vie urbaine, bien loin d’un urbanisme technocratique et systématisé N ombreux sont les urbanistes et architectes qui s’attachent à définir la ville comme un lieu capable d’accueillir les changements et favoriser les possibles. L’urbanisme transitoire ou occupation temporaire répond à ces différents paramètres. D’ailleurs, le concept est simple comme bonjour : mettre des espaces publics ou privés, en attente d’une destruction ou d’une rénovation, à la disposition d’associations, de jeunes entrepreneurs ou d’artistes pour quelques mois ou quelques années. D’un côté, l’occupation permet de réduire les coûts de gestion du site (frais de maintenance ou de gardiennage) tout en palliant les risques des espaces vides (incendies, délabrement, occupation illégale). De l’autre, elle permet de renforcer l’attractivité du quartier en favorisant l’implication des citoyens dans la construction de leur ville. Une aubaine ? Pour Benjamin Cadranel, administrateur général de citydev, l’occupation temporaire est une aubaine face à la frustration que peut occasionner un temps immobilier et urbanistique long : « C’est toujours un peu frustrant d’avoir le sentiment que rien ne bouge. Or, notre société demande des changements concrets ». Si on la compare à d’autres villes européennes, Bruxelles n’est pas une ville très chère sur le plan immobilier. Pourtant, elle reste trop chère pour de nombreuses activités entrepreneuriales et artistiques, qui ne peuvent pas y trouver leur place. Cela, citydev l’a bien compris : « Les occupations temporaires sont excitantes, car elles permettent des choses que le marché ne peut pas proposer ». L’opérateur public gère actuellement 88 occupations temporaires sur le sol bruxellois. L’exemple le plus marquant reste 28 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 Un exemple spectaculaire : le « Velodroom » installé par le collectif Dallas dans les anciennes casernes Fritz Toussaint, à Ixelles. le Studio CityGate à Anderlecht, où près de 40 occupants se partagent 22.000 m² au quotidien. Devenu une mini-ville créative, l’espace accueille 14 studios d’artistes, un skatepark intérieur et extérieur, une salle d’escalade, quatre ateliers de menuiserie et de forge, un chocolatier, un bijoutier, des salles de répétition, une salle de concert, un jardin et des espaces de bureau. Un aménagement urbain jusqu’ici réussi, qui redonne des couleurs au quartier situé à une dizaine de minutes à pied de la gare du Midi. Laboratoires urbains Pour l’architecte et urbaniste française Anne Durand, les espaces transitoires sont des chantiers laboratoires où tester des idées, expérimenter des pratiques permettant d’innover en temps réel. Prenant le pouls des communautés locales, ils permettent de préfigurer, voire même d’influencer, par une approche d’essais-erreurs, le projet urbain pérenne qui succédera à l’expérience éphémère. À Bruxelles, le projet d’oc© Elke-Bruno

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