Entreprendre Rebondir de l'échec vers le succès En 2018, 3102 entrepreneurs bruxellois ont déposé le bilan (11 000 pour la Belgique). Pourtant, la faillite reste taboue. Les mentalités doivent évoluer. Le temps d'une soirée organisée par reStart et autour de la cheffe Isabelle Arpin, le sujet a été abordé sans langue de bois. N ous savons comment réagir en cas de succès mais en cas d'échec, personne n'a de mode d'emploi. Échouer est humain. Cela fait du bien de le savoir et de le partager. Depuis mars 2017, le programme reStart (voir encadré) a vu passer 160 participants. Plus de la moitié ont retrouvé un projet professionnel comme entrepreneur et/ou salarié. Car il s'agit bien de cela : accepter l'échec avant de se donner rapidement les moyens de se relever. Isabelle Arpin Isabelle Arpin, cheffe de renom, en est un parfait exemple : « La faillite peut nous atteindre de différentes manières. Dans mon cas, ce n'est pas une faillite personnelle mais celle du restaurant dans lequel j'officiais. Cela s'est répercuté sur mon activité 34 ❙ Bruxelles Métropole - février 2020 et sur moi-même, psychologiquement. Le regard des autres, la vie sociale, la perte de confiance en soi, c'était difficile à gérer. » Forte d'un parcours de vie qui ne l'a pas épargnée, Isabelle Arpin transforme cet échec en force. Elle prend le meilleur de cette mésaventure pour se relancer, vite, très vite. Enthousiaste, elle témoigne : « Je crois que la faillite du restaurant a été déclarée le 13 décembre et le 19 février, j'ai rouvert en face, dans un établissement flambant neuf, qui nous appartient maintenant. » La cheffe confie ne pas être une entrepreneuse née. « J'étais un peu une planquée, j'étais bien où j'étais mais je n'étais pas libre. Il a fallu du courage, un peu d'argent et un entourage soutenant, mais ça valait la peine d'aller très vite. J'ai la chance d'avoir une équipe qui m'a suivie, qui est à mes côtés, c'est un moteur ! » Un moteur dont, sans aucun doute, elle est le carburant. Stopper l'activité à temps Partager son expérience en toute transparence renforce le sentiment que tout est possible, surtout après une faillite. Mais quelles sont les difficultés rencontrées par les entrepreneurs qui mettent la clé sous le paillasson ? Les avis des experts convergent : quand les premiers signes d'alerte apparaissent, plutôt que de prendre du recul, l'entrepreneur s'obstine, quitte à parfois continuer l'activité seul. « Lorsqu'un entrepreneur vient nous voir dans 50% des cas, il est trop tard. Les chances de survie de l'entreprise sont nulles. Pourtant des procédures de redressement existent, notamment pour pérenniser l’entreprise », explique Jean-Pierre Riquet, juriste, fiscaliste et expert au Centre pour Entreprises en difficulté (CEd) . Le patron de PME est aujourd'hui une sorte de magicien qui, en plus de son produit, doit maîtriser tout un tas d'outils. « Le nez dans le guidon, il s'arrête toujours trop tard et certainement par manque d'une vision claire quant à la situation de son business », ajoute Alain Henderickx, curateur et avocat spécialisé en droit commercial et des sociétés. Avec un peu de bon sens, ces difficultés peuvent être évitées. Tout d'abord, il faut mûrir un plan financier, connaître le besoin de cash-flow pour lancer l'activité. Savoir combien d'argent gagner pour éviter d'en perdre. Jean-Pierre Riquet © Reporters © Getty © Reporters
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