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Urbanisme & Immo un sentiment d’impuissance : il faut créer des logements pour tous mais ne pas densifier, il faut diminuer la vitesse des voitures mais permettre aux transports publics de conserver leur vitesse commerciale, construire des pistes cyclables mais sans prendre sur l’espace des voitures, renforcer le passif dans les logements mais ne plus démolir, isoler mais sans intervenir sur les façades à rue existantes, anticiper le réchauffement en plantant des arbres mais ne planter que des espèces indigènes, qui ne seront pas forcément adaptées à ce même réchauffement, végétaliser et débitumiser mais sans prendre à nouveau sur les espaces des voitures… de chaleur urbain. L’air y est devenu parfois irrespirable, et que dire de la qualité du silence… Restauration écologique Dans son excellent essai « Le nouvel urbanisme parisien », Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris, présente sa vision de la restauration écologique appliquée à l’urbanisme. La restauration écologique est une On ne peut envisager l’avenir de la ville sans s'interroger sur le maintien de la biodiversité et le partage des communs – les espaces publics mais aussi simplement l’air, la lumière, le bruit et son corollaire le silence, le patrimoine –, biens appartenant à tous. La ville n’a pas été épargnée par l’usage outrancier que nous avons faits de nos ressources. Son sol est engorgé de tunnels, égouts, canalisations, tuyaux en tous genres. On a tant enfoui dans le désordre qu’aujourd’hui cet enchevêtrement souterrain a supprimé les poches de pleine terre, rendant difficile cet autre besoin impératif : la verdurisation des villes. L’eau n’y pénètre plus tant sa surface est devenue imperméable, affectant ainsi la biodiversité, favorisant le risque d’inondation et contribuant à l’îlot action intentionnelle, au-delà de la seule et simple protection, élaborée pour les espaces naturels endommagés en rééquilibrant l’écosystéme par l’augmentation des surfaces des habitats menacés et la création de réseaux entre ces fragments. Cette restauration écologique en milieu urbain redonne une place à la biodiversité, donne moins de place aux voitures et plus aux piétons et aux cyclistes, privilégie l’adaptation du bâti à sa démolition-reconstruction, encourage la pleine terre et la désimperméabilisation et pose la question de la densité, entre autres. Raviver la nature en ville, tel est le titre du premier article de notre dossier urbanisme, qui aborde quelques pistes de cette restauration écologique à Bruxelles. Tout en démontrant l’importance des arbres et des animaux en ville, et l’impérieuse nécessité du combat pour la pleine terre qui questionne la densité et l’imperméabilisation, en passant par une légitime interrogation sur la place de la voiture et le partage harmonieux et sécurisant des espaces dédiés à la mobilité – à l’opposé de la priorisation des voitures, des vélos ou des piétons, qui oppose les uns aux autres –, des architectes du paysage, urbanistes, géographe ou sociologue, y témoignent de ce que la nature doit devenir le socle des villes, pensées comme un milieu naturel, mêlant le végétal et l’animal. De la biodiversité re(in)staurée par des cercles vertueux – auxquels chaque citoyen peut participer et dont il peut bénéficier – pourraient renaître des villes de demain équilibrées, agréables à vivre et partagées, lieux de rencontres et de bienveillance, apaisées. ● Sophie Le Clercq ❙ 21

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