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La 5G n’est pas une 4G augmentée ENTRETIEN AVEC MARC LAMBOTTE, CEO D’AGORIA La 5G ne sera pas une 4G dopée mais une nouvelle technologie qui permettra d’exploiter pleinement le réseau internet lui-même avec, à la clé, une numérisation globale de la société. Mais à l’heure où l’Europe demande de s’aligner pour ce qui pourrait être une des plus importantes courses au leadership technologique des années à venir, Bruxelles refuse de prendre place dans les starting-blocks… Didier Dekeyser L a 5G permet de traiter un nombre beaucoup plus important de données qu’actuellement, ce qui offre l’opportunité d’inclure massivement les objets dans un environnement entièrement connecté. Une voiture, par exemple, peut-être plus ou moins connectée aujourd’hui et traquer des déplacements, suggérer de trajets, éventuellement être dirigée d’un point à un autre ; mais demain, une voiture connectée en 5G, ce sera un autre monde : la véritable autonomie lui sera enfin acquise car ses mouvements pourront interagir avec ceux des autres voitures autonomes et ses déplacements participeront, en tant que création de data in situ, à la gestion en temps réel du trafic local. L’Europe supporte la 5G pour ces promesses de développement économique et a demandé que chaque pays choisisse une ville où s’effectuera le déploiement de cette nouvelle norme. Plus que logiquement – c’est une capitale et c’est celle de l’Union – Bruxelles semblait prédestinée à être l’étendard national ; c’était sans compter nos normes d’émissions hyper-strictes, et bien sûr nos taxes, ce qui fait qu’à ce jour il est techniquement impossible d’installer la 5G chez nous… Pour Agoria, qui fédère les entreprises « qu’inspire la technologie », c’est évidemment inacceptable. Son CEO, Marc Lambotte, nous parle des opportunités en jeu. Beci : Bruxelles traite les ondes avec méfiance ; a-t-elle tort de ne pas vouloir être la première à expérimenter une technologie bien différente de celle de la 4G ? Les fréquences sont différentes, les connexions plus nombreuses et 12 BECI - Bruxelles métropole - avril 2018 permanentes, le nombre d’antennes multiplié, leur puissance accrue… Marc Lambotte : La norme OMS s’élève à 41,2 V/m. 22 États membres de l’UE sur 28 appliquent cette norme, également recommandée par la Commission européenne. La Flandre a déjà adopté une norme quatre fois plus stricte (20,6 V/m). Bruxelles, avec 6,01 V/m, estaujourd’hui cinquante fois plus stricte – la plus stricte au niveau de l’UE ! Cette norme n’est déjà pas suffisante pour la 4G, vu le quasi doublement de l’utilisation des data chaque année. Pour pouvoir mettre en œuvre la 5G sur Bruxelles, nous demandons de suivre au moins la norme flamande, ce qui semble très raisonnable et respecter largement le principe de précaution. Ce qui est dramatique, c’est non seulement que l’on va passer à côté d’opportunités de développement économique dont vont profiter la plupart des grandes villes d’Europe, mais qu’en outre, par atermoiement politique, nous accumulons un retard que nous ne pourrons que de plus en plus difficilement rattraper. Gardons aussi à l’esprit que les entreprises qui souhaitent investir dans les possibilités qu’offre la 5G ne vont pas attendre un éventuel consensus politique, dont le contenu ne sera peut-être même pas celui dont elles ont besoin ; en conséquence de quoi elles investiront ailleurs, tout simplement. Dans l’optique d’une régularisation de la situation, il faut aussi tenir compte des lenteurs administratives – hélas – habituelles pour obtenir les autorisations d’effectuer les travaux d’infrastructures nécessaires au placement des nouvelles antennes, et de la problématique des taxes communales sur celles-ci. On traîne et © Thinsktock

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