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Smart Cities Claude Marinower cite ce dicton africain: « Si tu veux avancer vite, marche seul. Si tu veux aller loin, marche en groupe. » M. Adriaenssens est conscient du risque d’essoufflement du projet. Il explique sa vision de l’implication : « Imec utilise une méthodologie de ‘living lab’, qui implique l’utilisateur final (le citoyen) dans les tests, la création et l’évaluation qui ponctuent le processus d’innovation. Du concept jusqu’à l’interface utilisateur, nous privilégions le dialogue à chaque phase. Il faut même aller un rien plus loin dans le cas d’un projet smart city, puisqu’il concerne aussi les citoyens. Dans le contexte international, les ‘hackable cities’ émergent et donnent aux citoyens la possibilité de s’approprier la ville. On voit des gens qui achètent de la technologie pour installer des stations météo dans leur jardin. Notre architecture smart city doit pouvoir soutenir ce type d’initiatives citoyennes. » Éclairage public flexible Les capteurs sensibles et gateways sans fil de la Smart Zone permettent notamment un éclairage intelligent de la place Sint-Andries. M. Adriaenssens explique : « Nous pilotons l’éclairage public via diverses données en temps réel, tels que le nombre de passants, les conditions météo et les activités sur place. Si le terrain de basket est occupé, par exemple, l’éclairage doit être un peu plus puissant. » Autre application : le carrefour compliqué à cinq branches sur la Nationalestraat, à hauteur de l’Institut de Médecine Tropicale. Les trams y côtoient un trafic dense. « Nous avons d’abord analysé le comportement de traversée à hauteur d’un passage pour piétons. Ensuite, nous avons stimulé un changement de comportement via du ‘nudging’ – par exemple un quiz ou un écran qui informe sur les comportements de traversée », explique Jan Adriaenssens. « Un passage intelligent pour piétons peut être utile à proximité d’écoles ou de pôles d’attraction touristiques. » L’union fait la force L’idée d’une Smart Zone digitale a surgi lorsqu’il y a un an et demi, les chercheurs s’efforçaient de trouver des moyens d’accélérer les tests. C’est ce qui a donné naissance à Digital Twin, un modèle en 3D de la ville d’Anvers tout entière. « Nous pouvons y visualiser des modèles et appliquer des scénarios de conditions particulières », raconte M. Adriaenssens. « Qu’en est-il de la qualité de l’air ou des nuisances sonores quand on réduit la vitesse ou ferme une rue ? Nous avons monté des capteurs sur des camionnettes bpost qui mesurent pour nous la qualité de l’air. Le couplage de ces données à celles de la mobilité est particulièrement instructif. » City of Things stimule les entreprises et les organisations. Les pompiers d’Anvers ont notamment décidé avec des partenaires 24 ❙ Bruxelles Métropole - octobre 2019 de résoudre un problème opérationnel (le manque de données détaillées sur les inondations). Les entreprises peuvent tirer avantage du scanning des piétons et des capteurs sonores installés dans les rues. M. Adriaenssens s’en explique : « L’entreprise qui participe au programme doit pouvoir partager ses données sur la Smart Zone avec d’autres intervenants. Exemple : le commerce de détail utilise de nombreux scanners bluetooth et wifi, alors que sur la route, on rencontre de nombreuses caméras ANPR. Tous ces systèmes produisent leurs propres données. Via la plate-forme CityFlows, nous voulons les combiner pour en extraire un seul modèle. Les entreprises constateront avec intérê combien les données peuvent contri buer à un système plus perfectionné, qui leur permet d’optimiser leurs services. Cette convergence des données ouvre des perspectives en termes de mobilité, de planification des services d’urgence, d’activités touristiques et de commerce de détail. » Jan Adriaenssens D.R. Par-delà la frontière Les expériences à Anvers peuvent-elles profiter à Bruxelles ? Selon M. Adriaenssens, « la complexité de Bruxelles pourrait bénéficier d’une interopérabilité des flux de données. Même si les communes font appel à des prestataires différents, cela ne pose pas problème tant que le marché public impose la conformité aux mêmes normes. Ce serait un grand pas en avant. » « Certains quartiers de Schaerbeek pourraient utiliser les passages intelligents pour piétons », dit M. Marinower. « Si vous souhaitez traverser des rails de tram à Amsterdam et qu’un tram arrive à ce moment-là, un signal d’alarme s’enclenche. De nombreux accidents tragiques sont évitables avec un peu de technologie. » « En Flandre, nous regardons aussi par-delà les frontières », ajoute M. Adriaenssens. « Il y a quelque temps, les Pays-Bas ont lancé le programme Talking Traffic, avec notamment des feux de circulation intelligents. Nous en avons repris les éléments intéressants dans le programme Mobilidata flamand. Le but est de concevoir un système qui peut être connecté à son homologue néerlandais. J’invite donc aussi la Région de Bruxelles-Capitale à s’inspirer de ce qui se passe en Flandre. » ● Géry Brusselmans Les partenaires structurels d’imec et de la ville d’Anvers dans le projet City of Things sont notamment Telenet, Robovision, Orange et TNO.

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