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Emploi & formation Intelligence culturelle et collaboration La diversité de Bruxelles se retrouve dans le personnel des entreprises. Faut-il former les cadres à la collaboration par-delà les cultures ? Comment respecter d’autres cultures sans compromettre les activités ? Deux experts se penchent sur ces questions. B ien des entreprises sous-estiment l’impact des différences culturelles sur le travail, selon Marco Hellemans, un expert en communication interculturelle qui encadre des expatriés, des managers et leurs équipes. « Ces différences sont sources de malentendus, voire de chocs culturels, de conflits et d’erreurs. Dans notre monde globalisé, la diversité concerne autant votre personnel que votre clientèle. D’où la nécessité de développer une intelligence culturelle. » Marco Hellemans insiste, en tant que coach, sur le lien avec l’éducation : « Cette éducation est le système d’exploitation de votre cerveau. Elle fonctionne à l’arrière-plan et vos réactions spontanées proviennent de ce subconscient. Elles semblent logiques et universelles, mais c’est un leurre. Si pour vous, le contraire de la mort, c’est la vie, pour un Asiatique, c’est la naissance. Le temps des Occidentaux est rectiligne, celui des Asiatiques est circulaire. Les Chinois et les Japonais apprennent dans l’enfance qu’ils ont deux yeux et deux oreilles, mais seulement une bouche. Dès lors, ils regardent et écoutent beaucoup, mais parlent peu. Ils réfléchissent avant de parler et se taisent parfois durant un dialogue pour réfléchir à la réponse. » L’intelligence culturelle, c’est de la compréhension pour les différences. Marco Hellemans préfère le terme ‘smartotype’ à celui de ‘stéréotype’, qui généralise et dénigre. L’identification et l’analyse objective des différences culturelles pertinentes aboutissent à des ‘smartotypes’ utiles. « L’objectif consiste à respecter certains codes sociaux et à les synchroniser avec d’autres, pour faire preuve de respect. C’est comme lors d’une fusion d’entreprises : on garde les meilleures pratiques de chacune. La même méthode peut s’utiliser au sein d’une équipe diversifiée. Si vous faites preuve d’ouverture, les collègues auront tendance à faire de même. Après tout, la devise de la Belgique, c’est ‘L’union fait la force’. » Un langage commun Houssein Boukhris est formateur et consultant en gestion de la diversité et communication interculturelle. Il déclare que la diversité est enrichissante si on permet aux gens d’être eux-mêmes, sans que cela ne perturbe la collaboration et les performances. Il reconnaît toutefois que des malentendus peuvent surgir lorsqu’on met côte à côte des gens de cultures différentes. « Je constate surtout des problèmes de communication quand il n’y a pas de langue commune, que ce soit le français ou le néerlandais. Spontanément, les gens parlent leur propre langue avec des gens de leur pays ou région, mais c’est frustrant pour les autres, qui se sentent exclus et qui considèrent à raison que c’est un manque de respect. Veillez donc, pendant les heures de travail, à parler une langue que tout le monde comprend. » L’interprétation des normes et valeurs est une autre source de frictions. « Prenons l’exemple des dames qui se sentent discriminées lorsqu’un musulman très conservateur les sa46 ❙ Bruxelles Métropole - mai 2019 © Getty

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