et camionnettes de peur de porter atteinte leurs cœurs économiques. Tant que des limites ne contraignent pas les transporteurs, ils maintiendront leurs habitudes », poursuit-il. « La solution est de commencer à développer des alternatives. » Pour ce faire, les coopérateurs analysent le fonctionnement de ces quatre premiers clients dans le but d’optimiser leurs déplacements en y intégrant au printemps des premiers vélos-cargos, par exemple sur les trajets embouteillés ou ceux cumulant des arrêts voisins sur de courtes distances. Une publicité mouvante, vecteur de sympathie pour ces entreprises. « On rechallenge aussi l’idée d’avoir des dépôts fixes en se montrant créatifs », esquisse Renaud Sarrazin. « Les mètres carrés coûtent cher en ville ; il faut faire garder les lieux, alors qu’on n’a plus vraiment besoin de centres logistiques intra-urbains, vu que les marchandises sont déjà triées et conteneurisées. Les conteneurs pourraient être attachés entre eux, roues bloquées, sur un emplacement de voiture, stationnés dans les gares, les parkings de dissuasion, sur les quais, voire indifféremment sur les parkings des différents clients si les entreprises adoptent une attitude collaborative... » En se greffant sur l’informatique de ces quatre ‘gros’ de la livraison, Urbike met aussi au point son futur système de gestion intelligente qui s’appuiera sur des modules de tournées existants et des fonctionnalités smartphone. Fin 2020, une évaluation des scénarios testés amorcera un déploiement des vélos-cargos dans la ville. Une course à la rentabilité risquée Des coûts de livraison toujours plus compétitifs, une pression sur les coursiers qui va jusqu’à les payer au stop… Le secteur est difficile à investir pour qui veut soigner l’humain, selon Philippe Lovens : « Dans le consortium, un de nos membres a aidé Take Eat Easy puis Deliveroo à créer leurs flottes, mais le liant social s’est complètement perJamais d’embouteillage sur les pistes cyclables du. On a choisi de prendre la forme d’une coopérative pour se prémunir d’un rachat, mais aussi pour permettre aux livreurs de partager les risques pris sur la route au sein du groupe, d’être propriétaires de la solution qu’ils développent et de devenir dépositaires des bénéfices. » Urbike s’est entouré du prestataire Smart afin d’assurer un paiement à l’heure et des conditions salariales à ses travailleurs autonomes, de l’Université Saint-Louis pour appréhender les possibilités laissées par le droit du travail, de la VUB pour considérer l’aspect social dans son étude d’impact et de Febecoop pour constituer la gouvernance de la coopérative. Luc Schuiten estime que la coopérative préfigure un modèle d’équité : « Au passage de coursiers du type Uber, on est gêné de ressentir cette relation exploitants/exploités. Une mauvaise gestion de l’humain empiète sur la valeur d’une action et la dégrade. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les composantes d’un système pour l’apprécier dans son ensemble. » 35
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