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Topic Séduire pour mieux recruter Trouver la perle rare est un parcours du combattant pour les entreprises. En cause, entre autres : l’accès à Bruxelles, le bilinguisme et la digitalisation des emplois. ● Get ready for tomorrow «L’ une des premières questions posées par un employeur à un candidat est désormais de savoir si venir tous les jours à Bruxelles est un problème. » Ce constat est posé par Karsten De Clerck, Managing Partner chez Egon Zehnder, cabinet spécialisé dans le recrutement des cadres dirigeants. En effet, la mobilité n’est plus seulement un problème pour les employés, c’est aussi une épine dans le pied du recruteur. Aujourd’hui, dénicher la perle rare ne se résume plus à opérer un screening de CV pour embrayer vers les traditionnels entretiens d’embauche. Il faut être réactif et innover dans la manière de « vendre » un poste. « Cette difficulté de recruter la bonne personne se remarque assez fort pour les entreprises bruxelloises », assure Grégory Renardy, directeur de Michael Page Belgique. « Cela s’explique par trois raisons. D’abord le bilinguisme, voire le trilinguisme, relativement complexe à trouver, surtout si ce critère s’ajoute à un profil déjà rare. Citons également l’accessibilité de Bruxelles. C’est particulièrement vrai pour des candidats néerlandophones, qui ont du mal à accepter de venir tous les jours à Bruxelles, surtout que leur Région est économiquement forte. Enfin, l’ouverture internationale de Bruxelles et la forte taxation de l’emploi peuvent pousser certaines entreprises à délocaliser plutôt que d’engager localement. À valeur égale, un employeur va toutefois toujours privilégier un candidat résidant déjà en Belgique. » Ajoutez à ces difficultés la baisse du chômage et une véritable complexification du marché du travail. « En dix ans, le marché s’est énormément complexifié, notamment avec la création de jobs qui n’existaient pas au début des années 2000 », poursuit Grégory Renardy. « On ne cherche pas un simple responsable marketing ou informaticien, il y a désormais différents profils pour un même métier. Le marché est particulièrement tendu depuis trois ans environ. » 70 % des employeurs estiment qu’il y a pénurie Une étude publiée fin 2019 par le bureau d’intérim Tempo-Team annonce que « 70 % des employeurs en Belgique estiment qu’il y a une pénurie sur le marché du travail. » Selon les spécialistes que nous avons interviewés, il ne s’agit pas d’un ou deux secteurs en particulier mais d’un problème plus général. Parmi les fonctions problématiques, citons la gestion des risques, les top managers ou encore les services d’aide à la personne, comme les médecins ou les infirmières. Sans oublier les métiers liés aux nouvelles technologies et à la digitalisation. Face au manque de main d’œuvre qualifiée en Belgique, des candidats d’Asie ou d’Inde viennent régulièrement gonfler les rangs des entreprises. Tous ces facteurs entraînent une situation paradoxale : « Le chômage baisse, mais nous nous retrouvons face à un chômage structurel », explique Karsten De Clerck. « Il existe un ‘mismatch’ entre l’offre et la demande. Pour une annonce publiée, nous recevons énormément de candidatures, mais les compétences sont rarement en rapport avec ce qu’on demande. » Comme l’explique Michel Verstraeten, spécialiste en gestion RH et professeur à l’ULB, « Les bons candidats sont beaucoup plus sollicités qu’avant car ils sont visibles sur les réseaux Bruxelles Métropole - janvier 2019 ❙ 27 © Getty

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