murs aux plafonds. Il a pris possession du lieu pendant six mois, et même amené d’autres artistes. Résultat ? Des milliers de visiteurs, avec des retombées évidentes aux alentours, pour les commerces, etc. Au final, l’artiste s’est fait connaître, le lieu est devenu une marque et nous, nous avons même obtenu le Caïus de l’Entreprise mécène de l’année ! » Enthousiaste et maîtrisant son sujet, Lefèvre dira plus tard : « Il est toujours temps de trouver des solutions. L’occupation temporaire a certes encore parfois une mauvaise image et coûte, notamment en sécurité, mais ce type d’initiative impacte grandement et positivement la société. D’autres idées vont encore surgir. Et il le faudra, pour offrir de nouvelles opportunités aux investisseurs, étrangers compris. Des rencontres restent à faire pour encore mieux faire marcher notre écosystème, trouver de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux partenaires. Tout cela mène au mieux vivre-ensemble et ce, pour toute les couches de la société. De nos jours, la réflexion tend vers la notion de communauté : on doit se retrouver. Et les jeunes vivent tout à fait autrement ! » De nombreux espaces encore exploitables Gilles Delforge (Directeur de SAU, Société d’Aménégament Urbain), soucieux de longue date de mettre en valeur des bâtiments contribuant au rayonnement de Bruxelles (Mediapark, Citroën, Hippodrome de Boitsfort...), a évoqué les 48 000 m² des anciennes casernes d’Etterbeek, dont Bruxelles-Capitale est l’actionnaire. « L’ULB et la VUB s’y sont mises au travail, en développant des logements étudiants et familiaux, ainsi que des équipements universitaires. L’état de ce site étant préoccupant, il s’agissait d’y aller vite pour que le quartier puisse se le réapproprier, et que l’occupation puisse anticiper ce qui s’y déroulera à l’avenir. » Aussi optimiste que ses comparses, il enchaînait : « D’après moi, l’occupation temporaire est un phénomène qui va durer, à l’heure où des nouvelles start-ups arrivent et créent une nouvelle dynamique économique. N’oublions pas qu’il y encore de nombreux espaces à disposition, comme les friches ferroviaires, par exemple. » L’occupation temporaire, un but sociétal Benoit De Blieck (CEO de Befimmo, société immobilière et propriétaire du WTC) a de son côté dressé une histoire du lieu où il œuvre : « Initialement, il était destiné à rehausser la vie de cette ancien quartier populaire, mais les multinationales n’y sont... jamais arrivées ! Aujourd’hui, les choses bougent. Au-delà de cette Tour WTC – théâtre de diverses activités ou événements –, l’Espace Nord se transforme et s’assimile de moins en moins à un lieu de travail, ce qui modifie la vie de ce quartier si proche du centre historique, simple d’accès et où les compagnies technologiques se plaisent. On y réinstaure un intérêt, en tâchant de bien comprendre le quartier, de faire participer tout le monde, et en se focalisant sur les atouts multiculturels et multifonctionnels. C’est un vaste projet qui aura une suite. » Benoît De Blieck complétera son propos en faisant écho aux précédents : « L’occupation temporaire n’est pas une mode, ni un cas général. C’est un but social, voire sociétal, même si la rentabilité n’est pas toujours directe. Dans les années à venir, l’utilisation des bâtiments va encore se modifier, leur image aussi. Sachons nous l’avouer, ces immenses immeubles de bureaux ont fait leur temps. L’époque est à la flexibilité et à la convivialité ! » Dernier invité, Serge Fautré a dirigé pendant dix ans la société immobilière Cofinimmo ; il est aujourd’hui CEO d’AG Real Estate, par ailleurs président de l’UPSI et du comité de pilotage de l’EMI. « Osons, soyons audacieux, ayons une créativité débordante », concluait-il. « Prenons des risques, même en s’il faut commettre des erreurs. Tablons sur les multi-disciplines, et continuons de donner une autre image à l’immobilier, en l’inscrivant dans un contexte plus large : celui du développement global de la ville ! » ● David Hainaut Bruxelles Métropole - janvier 2019 ❙ 21 D.R. D.R.
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