ENTREPRENDRE TRANSITION Tivoli GreenCity : récupérer ses eaux grises en ville, c’est possible L’eau utilisée au quotidien dans les ménages et dans les entreprises bruxelloises est en très grande majorité constituée d’eau de distribution. Une aberration lorsqu’on sait que la plus grosse partie de cette eau est utilisée pour alimenter les toilettes... Johan Debière D ans son principe, le système de récupération des eaux grises permet de récolter toutes les eaux faiblement chargées en polluants, comme l’eau d’évacuation d’une douche ou d’un lavabo, et qui peuvent être utilisées pour des tâches ne nécessitant pas une eau absolument propre. Pour les habitants, cela représente une belle source d’économie dans la mesure où l’eau de distribution est de plus en plus chère. Pour les gestionnaires publics, cela représente un « plus » à double titre: les réseaux d’évacuation des eaux sont moins sollicités et les stations d’épuration reçoivent ainsi une eau plus concentrée en polluants, condition nécessaire pour pouvoir fonctionner de manière optimale. 250.000 euros sur la durée de vie du bâtiment Roan Van Boeckel, Project Manager chez Parbam, filiale du groupe de construction BAM : « Dans le cadre de l’attribution du marché Tivoli, pas moins de 20 unités de récupération ont été installées. Cette exigence était spécifiquement mentionnée au cahier des charges par l’adjudicataire citydev.brussels. Nous y avons accordé toute l’importance que cela nécessitait et nous avons emporté le marché ». Concrètement, la solution consiste en pas moins de deux installations d’une capacité de 10.000m³ par lot d’habitations, et ce pour cinq lots, pour un surcoût total de 250.000 euros (ndlr : seulement dans les 271 logements conventionnés par citydev.brussels). En théorie, le système a été dimensionné pour pouvoir assurer la récupération et le traitement de quelque 62 litres d’eaux grises par jour et par habitant. Le surcoût du projet a été pris en charge par Parbam. « C’est un peu comme le surcoût que certains promoteurs acceptent d’intégrer dans leur enveloppe pour une installation solaire thermique. Dans l’absolu, cela représente un investissement que tous les candidats propriétaires ne sont pas prêts à réaliser, même si la durée de vie élevée de ces installations rend ce coût assez anecdotique », explique Roan Van Boeckel. L’économie est récurrente et même appelée à augmenter au gré des augmentations du prix de l’eau. D’après les relevés de Bruxelles Environnement, le jeu en vaut la chandelle. Ne serait-ce que si l’on ne prend en considération que l’utilisation pour les toilettes: « Cellesci représentent en moyenne près de 35 % des consom46 BECI - Bruxelles métropole - juin 2017 Un nouveau quartier sort de terre, non loin de Tour & Taxis : le Tivoli. mations, loin devant l’eau consommée pour la lessive (13 %) et l’entretien du logement (9 %) », explique-t-on à Bruxelles Environnement. Si l’on ajoute à ce poste « toilettes » l’arrosage d’éventuelles parcelles qui s’accommodent parfaitement des eaux grises récupérées et traitées et, dans une certaine mesure et moyennant la prise de précautions complémentaires, la lessive, 57 % des besoins en eau peuvent être couverts par une source d’eau alternative. Aussi pour les bureaux ? Les comportements des occupants d’un bureau ne sont évidemment pas les mêmes. Au bureau, les douches et les bains sont plutôt rares, ce qui réduit en moyenne d’un facteur trois la charge organique produite. Elle n’est que de 20 grammes par jour et par personne alors qu’elle est de 60 grammes à la maison. La charge hydraulique ou, en d’autres termes, la quantité d’eau consommée par jour et par personne, connaît en revanche des variations assez importantes selon que l’on est au bureau (20 à 50 litres par jour) ou à la maison (120 litres par jour). Selon ces évaluations, un travailleur ne représente qu’un tiers d’un « équivalent-habitant » dans le cadre d’une activité de service, et un demi « équivalent-habitant » si l’on se trouve dans une entreprise équipée de douches destinées aux ouvriers. Dans ce dernier cas, la consommation d’eau par jour et par travailleur peut aller jusqu’à 95 litres. Autant de litres qu’il est désormais possible de réutiliser judicieusement. ●
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