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TOPIC Des métaux précieux dans les déchets GREEN L’urban mining – le recyclage de matières premières en provenance de produits finis – a de beaux jours devant lui. Du moins si les entreprises trouvent des systèmes logistiques plus performants. Bruxelles a un rôle essentiel à jouer en la matière. Peter Van Dyck C onsidérons la ville comme une mine dont on extrait de multiples matières premières : vieux papiers, textiles, matières synthétiques, métaux... L’urban mining convertit dans notre pays quelque 5 millions de tonnes de déchets en produits neufs (semi-finis). « Nous collectons et traitons chaque année plus de 2 millions de tonnes de ferraille », explique Jan Vermoesen, directeur de Coberec, la confédération belge de la récupération. « Ce volume remplirait des bennes à ordures ménagères sur une colonne de près de 1.500 km. » Recupel a collecté en 2016 115.000 tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), soit 10 kg par habitant, nettement plus que les 4 kg préconisés par l’UE. Il est vrai qu’en termes de recyclage, nous sommes champions d’Europe. Notre population trie soigneusement ses déchets depuis de longues années, ce qui contribue aux bons résultats, que Jan Vermoesen impute aussi au sens des responsabilités des fabricants et à la pression des taxes environnementales. Flous, les flux de déchets L’un des enjeux majeurs de l’urban mining réside dans la captation efficace des flux DEEE à valoriser, qui se trouvent disséminés à travers la ville, dans les foyers et au sein des entreprises. Recupel coordonne justement la collecte et le transport de ces équipements vers les recycleurs spécialisés. Elle reconnaît que les volumes de GSM récupérés restent insuffisants : 5 % dans notre pays, 2 % à l’échelle mondiale. « Les gens conservent souvent leurs anciens téléphones, et ceux récupérés par les magasins, lors de l’achat d’un nouveau smartphone, se retrouvent souvent le jour même sur des sites de vente aux enchères », constate Bruno Fierens, porte-parole de Recupel. « L’itinéraire de ces appareils nous laisse dans le flou total. Ils ne sont donc malheureusement pas comptabilisés dans les chiffres de recyclage belge. » Jan Vermoesen (Coberec) 22 BECI - Bruxelles métropole - juin 2017 Plus généralement, environ 40 % des appareils électriques et électroniques sont collectés, alors que nous sommes censés atteindre 65 % en 2019. « Nous n’y parviendrons qu’en identifiant plus précisément les flux de déchets », déclare Bruno Fierens : « Toutes les parties Les déchets électroniques sont parmi les spécialités d’Umicore. prenantes – pouvoirs publics, distribution, fabricants et recycleurs – doivent collaborer à un meilleur échange d’informations. » La sensibilisation des entreprises constituera un autre défi : « Le ménage belge moyen détient 77 appareils électroniques, dont une dizaine ne sert jamais. La proportion d’appareils électroniques inutilisés dans les entreprises serait bien plus importante encore. Il faut donc élaborer de meilleures solutions logistiques. Les chefs d’entreprise sont sans doute suffisamment conscients des coûts pour contribuer à l’effort. » La métropole bruxelloise peut jouer un rôle décisif. « Plus qu’ailleurs, il est essentiel, en ville, d’instaurer une collaboration entre tous les intervenants de la gestion des déchets », estime le porte-parole de Recupel. « Nous constatons que, dans les grandes villes, les points de recyclage ont plus de succès que les parcs à conteneurs. C’est l’inverse dans les petites villes et localités. Le problème de la mobilité y contribue : le Bruxellois prendra moins vite sa voiture pour aller déposer des déchets. Cette ville serait donc un laboratoire idéal pour des systèmes logistiques alternatifs. » Des processus minutieux Que fait-on des déchets collectés ? Une première étape en élimine (manuellement) les matières toxiques telles que les gaz ou les huiles. Les carcasses de voitures sont broyées en morceaux de la taille d’un poing, dont on extrait le fer par un aimant. La détection de couleur permettra par exemple d’en retirer les cartes électroniques vertes. Umicore est le pionnier des recycleurs. Il se spécialise dans le recyclage de batteries rechargeables, de déchets électroniques et des catalyseurs, en plus de la récupération des métaux précieux. « Les métaux sont recyclables à l’infini, sans perte de qualité », explique Marjolein D.R. © Umicore

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