TOPIC Scheers, responsable de la communication chez Umicore. Prenons l’exemple du smartphone. Après une analyse du contenu, Umicore fait fondre une cargaison entière de ces appareils. « Nous en retirons du plomb et du cuivre », dit Mme Scheers. « Les métaux précieux se fixent sur le cuivre. Plusieurs processus métallurgiques et chimiques très minutieux nous permettent ensuite de séparer 17 métaux. Les plastiques des appareils servent de combustible. Quant aux gaz qui se dégagent de ces processus, nous les transformons en acide sulfurique. Nous pouvons traiter tout ce que contient un GSM, y compris sa batterie dont nous extrayons le nickel, le cobalt et le cuivre, pour réemploi. » Changement de cap radical « Le processus par lequel Umicore extrait l’or d’un smartphone est cent fois plus efficace que l’extraction dans les mines conventionnelles », déclare Bruno Fierens (Recupel). « Les coûts de collecte et de transports sont lourds, mais la valeur écologique est gigantesque. » En matière d’environnement, rappelons que l’urban mining réduit la consommation d’énergie et diminue les émissions de CO2 de 2 % à l’échelle mondiale. La firme Brussels Recycling Metal illustre bien ce changement de paradigme. L’entreprise figurait parmi les premiers recycleurs spécialisés à Bruxelles. Le père et le grand-père de l’actuel administrateur délégué, Caroline Vandenbossche, récupéraient déjà les vieux métaux. Il y a une dizaine d’années, la société a changé radicalement de cap. Depuis lors, les clients viennent y recycler et nettoyer leurs matériaux. Une série de métaux y sont moulus et stockés pour livraison à des fonderies européennes. « Nous avons compris que notre PME n’avait plus d’avenir dans l’achat et la vente classiques de métaux ferreux et non ferreux », nous dit Caroline Vandenbossche. « Il fallait une vision à long terme. Nous nous sommes donc orientés vers le secteur des déchets et le traitement des DEEE. Les réglementations toujours plus sévères ont imposé une formation approfondie de notre personnel. Cela a provoqué une perte de chiffre d’affaires et une augmentation des coûts, mais nous étions convaincus de retrouver la rentabilité tôt ou tard. » Brussels Recycling Metal broie elle-même des matériaux depuis quatre ans. Caroline Vandenbossche : « Nous extrayons des déchets un cuivre qui contient au maximum 2 % d’impuretés. Nous allons demander des certificats pour produire également du fer et de l’aluminium. Nous optons systématiquement pour la solution la moins polluante à chaque investissement, même si elle est nettement plus chère. La santé de notre personnel passe avant tout. » Bruno Fierens (Recupel) Cette démarche respectueuse de l’environnement a valu à B.R.Met le label d’Entreprise écodynamique, d’autant plus mérité que, depuis huit ans déjà, le recycleur collabore avec une entreprise de travail adapté. Une trentaine de personnes moins valides travaillent sur le site pour le tri, le démantèlement et le nettoyage de DEEE. « Cela correspond parfaitement aux capacités de ces personnes. De plus, le contact continu avec notre propre personnel contribue à leur intégration sociale. » De l’emploi ! Les projets sociaux de mise à l’emploi sont nombreux dans le secteur, notamment pour le traitement manuel des déchets. L’urban mining procure du travail à diverses catégories de personnes. « D’abord aux profils les mieux formés, en raison du caractère très technologique des processus de traitement », déclare Jan Vermoesen (Coberec). « Mais il y a aussi un grand besoin de personnel non qualifié. Je pense notamment au tri de vieux vêtements. Il faut en sortir ceux qui sont réutilisables. Le reste passera à l’effilochage pour être réutilisé notamment dans le capitonnage d’habitacles d’automobiles. » Le réseau Recupel fournit à lui seul 1.200 emplois dans notre pays. Umicore accueille annuellement entre 120 et 150 nouveaux travailleurs et assure en interne une formation d’opérateur dans un service de production. « La complexité des processus et de l’environnement pose de nombreuses exigences à ces métiers », reconnaît Marjolein Scheers. « Une formation technique ou chimique constitue un atout ». Il y a encore pas mal d’opportunités d’emploi, notamment dans la capitale, car la Région bruxelloise veut résolument aller de l’avant dans la réutilisation des produits. ● « Chips » de métaux broyés : le produit fini du recyclage opéré par Brussels Recycling Metal. Comment valoriser mes déchets ? Quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour optimiser ma gestion ? Quels acteurs/ collecteurs puis-je contacter ? De quel accompagnement pourrais-je bénéficier ? Info Brussels Waste Network, Laurie Verheyen : lv@beci.be, 02 210 01 75. BECI - Bruxelles métropole - juin 2017 23 © B.R. Met D.R.
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