SPEAKER’S LE MOIS ÉCONOMIQUE BARCAROLLE POUR LES TOUCHES NOIRES L’économie, c’est utiliser avec efficience les facteurs de production dont on dispose. Il n’y a plus de croissance parce que nous pratiquons un malthusianisme de terrain qui sous-utilise ces facteurs. Un peu de théorie fait parfois du bien. Les économies des pays avancés reculent (sic) alors que le taux de croissance des économies africaines est de 4 à 5 % par an – parfois plus. Manifestement, nous avons un problème. Et comme toujours, lorsqu’il y a un problème, certains retombent dans la logorrhée jeanlucdehaeniste dont la hauteur de pensée peut être résumée en quelques mots : il ne faut pas faire d’un problème un problème tant que ce n’est pas un problème. Si les entreprises savent ce que coûtent un véhicule et son chauffeur en kilomètres, en temps et en CO2 , les ménages n’en sont pas là. Une amie française s’est étonnée un jour de voir tant de Belges rouler carrosse : « Vous devez gagner un sacré pognon, vous les ‘Belches’, pour vous permettre quasi tous de rouler en béhème. » À quoi votre serviteur a humblement répondu : « Mais c'est que la bagnole est fiscalement déductible chez nous ! » Imaginez l’étonnement de mon interlocutrice : « Dé-duc-ti-ble ? » Comme toujours, lorsqu’il y a un problème, certains retombent dans la logorrhée jeanlucdehaeniste : il ne faut pas faire d’un problème un problème tant que ce n’est pas un problème. Tout le monde roule en bagnole en Belgique. Et souvent en grosse bagnole. Pour aller au boulot, pour faire ses courses, pour dropper les enfants à l’école, pour aller jouer au golf ou taper la carte, peu importe. Surtout que ce sont des salons sur roues et que c’est à peu près le seul toit sous lequel on peut encore fumer sans se les geler. Le coût ? Côté employé : « C’est dans mon salaire ! » Côté employeur : « Ça me coûte moins cher que du vrai salaire ». Ah bon ? Et les coûts induits que sont l’impact sur les infrastructures, les embouteillages, le stress, le CO2 ? Sais pas. Tout cela nous amène, en fait, à travailler en surrégime mais en dessous de nos capacités. Ce n’est pas un problème ? Si. Freddy est électricien. Avant le tax shift, son ouvr... pardon, son employé, lui coûtait 4.000 euros par mois, ce qui mettait net dans la poche de l’intéressé un peu plus de 1.000 euros. Grâce au tax shift, le coût de son ouvrier est descendu à 3.000 euros. « C’est encore trop, dit Freddy, les gens épargnent. Ils ne réparent que lorsqu’ils doivent. » En langage économique, cela veut dire que Freddy et son employé travaillent en dessous de leurs capacités. Les clients, au lieu d’entretenir et de rénover leur installation électrique, thésaurisent tout ce qu’ils peuvent thésauriser, ce qui pèse sur le chiffre d’affaires des fabricants, des importateurs et des transporteurs de matériel électrique. Quant à Freddy, il freine et pratique une sorte de malthusianisme de terrain, par crainte de voir Vous voulez faire partie d’un réseau d’entrepreneurs dynamiques ? Wenst u in een netwerk van dynamische ondernemers te worden opgenomen? www.beci.be/sign_up_to_newsletter/ | Jean Blavier sa croissance entraîner des coûts qu’il ne pourrait assumer. En bon français, cela revient bel et bien à sous-utiliser des capacités, non ? Ce n’est toujours pas un problème ? Si. La une du quotidien L’Echo, à la mi-mai, en a laissé plus d’un sans voix : un malade contrôlé sur trois est pris en flagrant délit de travail au noir. Il y a dans notre pays 500.000 demandeurs d’emploi auxquels il faudrait ajouter, pour être de bon compte, des (dizaines de) milliers de bénéficiaires (tant mieux pour eux) d’emplois bidon dans les services publics. En face, si l’on peut dire, il y a autant, si pas plus de jobs disponibles, dont certains ne demandent pas énormément de qualification(s). Nous ne parvenons pas à matcher ces deux pôles. Grégory est formateur dans la construction, laquelle manque de bras : « Évidemment, il faut se lever tôt le matin. Il fait froid en hiver, chaud en été. Et on préfère travailler au noir... » Ce mauvais matching entre offre et demande est d’un coût exorbitant. Cela revient à jouer la barcarolle pour les touches noires d’Alexandre Glazounov, alors que le piano économique peut faire infiniment mieux. C’est un vrai problème. ● CORNER Chambre de Commerce de Bruxelles Kamer van Koophandel Brussel Avenue Louise 500 Louizalaan 1050 Bruxelles-Brussel BECI - Bruxelles métropole - juin 2016 5
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