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TOPIC L’ÉCONOMIE DU BONHEUR Chief Happiness Officer : liberté et gaîté du travail Le concept de ‘chief happiness officer’ fait figure de rage aux États-Unis. Pareille fonction a-t-elle un sens ? Suffit-il d’organiser des festivités ? « Il s’agit avant tout de rendre les collaborateurs à la fois heureux et performants. » «D irectrice générale du Département Personnel et Organisation ». Voilà l’intitulé austère de la carte de visite de Laurence Vanhée, à ses débuts au SPF Sécurité Sociale en novembre 2010. Pas vraiment sexy. Elle lui a donc préféré le titre de « Chief Happiness Officer », gentiment emprunté à Tony Hsieh (l’entrepreneur américain de la boutique de prêt-à-porter en ligne Zappos) et au consultant danois Alexander Kjerulf. « J’étais convaincue, comme ces messieurs, qu’un sentiment de bonheur accru contribue aux performances », explique-t-elle. Selon la Liégeoise, ce vocable cadrait parfaitement dans la mutation que traversait le SPF Sécurité Sociale, en route vers le New World of Work. « Il m’a semblé important de tenir à l’œil la sensation de bonheur de chacun au cours du processus. Tout s’articulait autour de la liberté. Les collaborateurs pouvaient notamment décider d’utiliser ou non la pointeuse, avec des droits et des devoirs dans les deux cas. » Par ailleurs, la CHO et l’équipe RH ont organisé des événements auxquels les collaborateurs étaient libres de participer ou non. Exemple : une université d’été sur l’utilisation des médias sociaux. Une amélioration durable Une enquête de satisfaction a confirmé l’amélioration du bien-être des collaborateurs et de leur engagement. Laurence Vanhée livre des chiffres : « L’absentéisme a diminué de 26 % et le nombre de démissions spontanées, de 75 %. Nous avons suivi de très près une série d’indicateurs-clés de performance et nous avons établi une relation évidente de cause à effet entre les changements d’organisation et l’amélioration des résultats. » Dans l’intervalle, la notion de Chief Happiness Officer a fait rage aux États-Unis et plus particulièrement dans la Silicon Valley, qui expérimente volontiers de nouvelles méthodes pour préserver l’attractivité de l’environnement de travail. De notre côté de l’Atlantique, en revanche, l’exemple de Laurence Vanhée n’a d’abord guère suscité de vocations. Les rares CHO étaient habituellement des consultants. C’est d’ailleurs la voie que Laurence Vanhée a suivie : « Lorsque je travaillais encore pour le SPF Sécurité Sociale, j’étais souvent sollicitée pour donner des conférences sur le bonheur au travail et conduire des projets au sein d’entreprises. Le moment était donc venu de créer ma propre entité. » 22 BECI - Bruxelles métropole - mai 2016 Aujourd’hui, son bureau conseil Happyformance propose des conférences et de la gestion de projets. Cette gestion consiste à définir une stratégie RH davantage axée sur le bonheur au travail. Laurence Vanhée est convaincue qu’une transformation positive des orNous avons établi une relation évidente de cause à effet entre les changements d’organisation et l’amélioration des résultats Laurence Vanhée, Happyformance ganisations est possible : « Notre monde répond à l’acronyme de VUCA : volatile, uncertain, complex, ambiguous. Les entreprises doivent s’y adapter. Jusqu’à présent, elles l’ont fait par la négative, à force de restructurations, licenciements et reventes d’activités. Des décisions à court terme, pour réduire les coûts. Mais le monde économique commence à entrevoir que cette approche ne paie pas. Nous préférons des solutions positives, en nous appuyant sur la co-création : les idées sont celles des collaborateurs eux-mêmes. » Le personnel participe à des ateliers interactifs, en quête d’aspects qui contribueront à leur bonheur et à celui des autres parties prenantes. « Leurs conclusions et nos recommandations sont ensuite soumises au comité de direction. En cas de feu vert, nous constituons des groupes de projets qui travaillent chacun sur un thème susceptible de favoriser le sentiment de bonheur : les RH, la communication, le leadership, l’environnement de travail, la dynamique d’équipe etc. » Peter Van Dyck R.A.

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