TOPIC Le cerveau adaptatif À la fin des années 80, le Dr Jacques Fradin et son équipe de l’Institut de Médecine Environnementale développent l’Approche Neurocognitive et Comportementale (ANC). Cette discipline a pour objectif de faire le lien entre les neurosciences et la psychologie. Les chercheurs établissent la théorie suivant laquelle notre cerveau fonctionne en alternance selon deux modes : automatique et adaptatif. Le premier est enclenché « par défaut » pour permettre à notre cerveau de gérer des situations simples et connues en se basant sur nos habitudes, nos certitudes et ce que nous avons appris. Dès qu’un cas de figure complexe ou inattendu survient, notre cerveau bascule en mode adaptatif. Brigitte Durruty Après avoir été chef d’entreprise pendant 20 ans, Brigitte Durruty s’est tournée vers la psychologie et les sciences humaines. Installée à Bruxelles, elle est aujourd’hui praticienne certifiée en ANC, coach professionnelle, formatrice et auteure de plusieurs livres sur la gestion du stress. En 2015, elle publie Vivement lundi (Éditions de l’Homme), un ouvrage consacré au bonheur de vivre dans le milieu professionnel. En s’appuyant sur les modes automatique et adaptatif de notre cerveau, l’auteure nous amène à un point fondamental : si nous gérons des situations professionnelles complexes en mode automatique, notre cerveau génère du stress. Brigitte Durruty donne des pistes pour apprendre à contrôler un passage souple et fréquent d’un mode à l’autre afin de réduire ces tensions. Elle renvoie également les travailleurs devant leurs responsabilités. « Nous avons très peu de prise sur les éléments extérieurs qui déclenchent le stress. Par contre, on peut se mettre dans une dynamique positive et active pour sortir de la position fataliste de plainte. En acceptant de voir la réalité, nous pouvons aussi prendre du recul et réagir de manière plus adaptée. Nous sommes plus efficaces, plus souples et plus inventifs. En prenant ainsi nos responsabilités, nous retrouvons le plaisir de travailler. » La prise de conscience La recherche de sens. Voilà un idéal que l’on retrouve sur toutes les lèvres, ou presque. Nous assistons à un changement de paradigme dans le monde du travail. Selon Michel De Kemmeter, entrepreneur et auteur, il semblerait que cet éveil de lucidité ait été accéléré par les crises économiques. « Le choc des subprimes a provoqué un sorte d’apnée collective. Après avoir repris haleine, les gens ont commencé à se poser les bonnes questions. On a réalisé que le bien-être humain n’était en fait pas au premier plan, malheureusement occupé par la rentabilité. Nous avons compris qu’il était important de faire des choses en rapport avec nos intérêts, nos rêves et nos passions. Il y a eu ensuite la crise grecque et une vague émergente de robotisation. Et puis le printemps arabe, les nouvelles crises de l’euro… Autant d’événements qui nous ont fait comprendre que la recherche de sens et de cohérence est primordiale dans le monde du travail. » Cette quête de sens résonne intensément chez Equal Partners, un cabinet d’avocats au nom évocateur. La jeune entreprise, créée début 2015, s’est installée au 5e étage du bâtiment qui abritait l’INR, place Flagey. Dans l’open space qui surplombe les étangs d’Ixelles, l’avocat Eric Gillet se confie : « Lorsque je travaillais pour d’autres entreprises, je voyais beaucoup de gens qui gagnaient très bien leur vie mais étaient malheureux. Nous manquions cruellement de bienveillance, de confiance mutuelle et de transparence. L’intérêt personnel passait avant le collectif. Notre métier d’avocats avait perdu son sens car il était guidé par un business model très éloigné des préoccupations et du bien-être intrinsèque de l’humain. Les suggestions et les initiatives n’étaient pas les bienvenues. C’est pour cette raison que nous avons décidé de créer Equal Partners. » Liberté, égalité, diversité La liberté et l’égalité deviendrait-elle des conditions nécessaires dans les nouveaux modèles de management ? Eric Gillet répond : « Chez Equal Partners, nous sommes tous associés. On travaille sur une base collaborative. Il n’y a pas de chef et toutes les décisions sont prises en commun. Cette égalité supprime toute compétition et nous permet de travailler dans une ambiance très sereine. Chacun s’épanouit naturellement. Je crois que nous avons trouvé une forme de bonheur. » La liberté, maître mot, s’étend jusqu’à la rémunération. « Nous avons fixé une fourchette salariale. Tous les six mois, chacun évalue sa propre rémunération sur cette échelle. Le choix doit bien sûr être argumenté en fonction de certains critères. Si personne ne s’y oppose, le désir est respecté. Il peut même arriver que l’on fasse remarquer à un associé un peu trop modeste que sa proposition est sous-estimée. L’inverse se produit également, mais c’est beaucoup plus rare. Si tout cela fonctionne très bien, c’est parce que nous travaillons avec beaucoup de respect et de transparence. » Dans cette profonde transformation du paysage professionnel, on voit également fleurir de plus en plus d’espaces de coworking. Marie Brouwez est Business Manager de l’open incubateur Silversquare Louise. Elle nous explique en quoi ce type de structure est bénéfique pour le bien-être au travail. « Nous mettons entre autre des espaces Marie Brouwez (Silversquare Louise) BECI - Bruxelles métropole - mai 2016 19 R.A. R.A.
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