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EDITO Mobilité : chronique d’une mort annoncée Nous serions-nous trompés en soutenant voici trois ans, dans notre Livre blanc, le développement d’une mobilité alternative ? La question est provocante, mais elle mérite d’être posée devant le fiasco de la mobilité bruxelloise, où les viaducs s’écroulent, les tunnels s’effritent, tandis que métro et RER restent à quai. Le concept de « mobilité alternative » n’aurait-il servi qu’à désinvestir ? Qu’à laisser à l’abandon des infrastructures pourtant indispensables ? On peut se le demander… La politique est comme la vie, faite de choix. Mais au fil des quinze ou vingt dernières années, la Région bruxelloise a surtout choisi de… ne pas choisir, de disperser les moyens, de reporter au lendemain, tout en évitant de remettre en cause certains tabous. Avec une constante : les crédits d’investissement ont plafonné, voire diminué – mais soyons de bon compte, on a observé la même trajectoire au fédéral. Ils sont aujourd’hui parmi les plus bas d’Europe. Thierry Willemarck, Président de BECI Le résultat, c’est la chronique d’une mort annoncée. Comme dans ce roman de Gabriel Garcia-Marquez, où tout le village sait que Santiago Nasar va être assassiné par les frères Vicario, mais où personne n’intervient. C’est un peu la même chose pour nos infrastructures de mobilité : tout le monde, au gouvernement bruxellois, savait que les tunnels se dégradaient ; personne n’a rien fait, chaque Ministre de la mobilité espérant que le ciel (ou le plafond) tomberait sur la tête de son successeur. Eh bien, il a fini par tomber. Devant l’étendue des dégâts, chacun y va de sa petite solution d’urgence (en fermant la traversée du rond-point Stéphanie), de son utopie (yaka reboucher les tunnels !) ou de son idée simpliste (rétablissons l’octroi au tunnel Léopold II). Autant de réponses formulées dans l’urgence, sans réflexion préalable, sans vision, sans projet cohérent… Cela suffit. Il est plus que temps de développer un master plan de la mobilité pour Bruxelles et sa métropole, et d’y mettre les moyens. Cela implique que le fédéral et les Régions s’assoient à la table et que chacun fasse preuve d’une attitude constructive – mais, de Comité de concertation dévoyé en Communauté métropolitaine avortée, on se met à douter… Pourquoi ce qui fonctionne ailleurs (Transport for London, Eurodistrict Trinational de Bâle…) serait-il impossible chez nous ? Que chacun prenne ses responsabilités ! Il est temps que l’on fasse de la politique au sens noble, au service du bien commun. BECI - Bruxelles métropole - mars 2016 1

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