©Thinkstock CEd : faire face aux difficultés ENTERPRISE LIFECYCLE Créé à l’initiative de BECI, avec le soutien financier de la Région bruxelloise, le Centre pour Entreprises en difficulté fête ses dix ans et prouve plus que jamais son utilité dans cette période difficile. Le nombre d’entreprises et d’indépendants qui l’ont contacté a été multiplié par six depuis 2005 et a représenté près de 2.000 interventions en 2014. Un effet de la crise financière, mais pas seulement. Guy Van den Noortgate L e Centre pour Entreprises en difficulté (CEd) a pour mission d’aider les indépendants et chefs d’entreprise à faire le point sur leur situation professionnelle et à trouver de nouvelles pistes de solution quant aux problèmes qu’ils rencontrent : mésentente entre associés, conflits commerciaux, difficultés de trésorerie, problèmes juridiques, soucis de personnel, etc. Il est ouvert gratuitement à tout entrepreneur de la Région de Bruxelles-Capitale, quel que soit le secteur d’activité, et s’adresse tant aux indépendants (personnes physiques) qu’aux sociétés (personnes morales) de toutes tailles. Last but not least, il ne faut pas être membre de BECI pour profiter de ses services. Dans la pratique, le CEd intervient dans le but de sauver l’entreprise mais, si la situation est trop détériorée, il préconise l’arrêt de l’activité. Ce qui est parfois, malheureusement, la meilleure solution. Un quart des entreprises sauvées En 2005, année de son lancement, le CEd traitait 300 dossiers. Dix ans plus tard, ce nombre a été multiplié par six et tourne autour de 2.000. « La crise financière de 2008 est passée par là », explique Olivier Kahn, coordinateur du CEd. « Même s’il faut tempérer, car elle n’intervient directement que pour 14 % des entreprises en difficulté qui nous ont contacté. En gros, on peut considérer que 25 % des entreprises arrêtent, 25 % se restructurent, 25 % disparaissent dans la nature et 25 % sont en phase d’observation. À l’arrivée, un quart des entreprises sont sauvées. » Si la crise n’est pas directement la cause la plus importante des problèmes que rencontrent indépendants et PME, il est cependant indéniable que le ralentissement économique joue un rôle. Mais depuis dix ans, ce qui frappe Olivier Kahn, « c’est surtout l’évolution technologique qui s’est accélérée et qui déstabilise nombre d’activités. Les changements arrivent très vite. Aujourd’hui, avec la mondialisation, tous les secteurs d’activité ou presque sont touchés. La numérisation de l’économie est un défi pour nombre d’entreprises. Enfin, il faut également noter la complexité légale croissante, liée notamment à la régionalisation, qui déboussole pas mal de chefs d’entreprises. » Si le ralentissement économique touche globalement toutes les entreprises, quelques secteurs d’activité semblent plus affectés, tels que les services aux entreprises (31 % des dossiers traités), le commerce de détail (29 %), l’horeca (14 %), la construction (12 %) et les services aux personnes (11 %). Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact des mesures liées aux menaces terroristes prises ces dernières semaines à Bruxelles, mais il est clair qu’il risque bien de ne pas être négligeable. Depuis dix ans, la répartition et le poids des divers secteurs n’a guère varié, à l’instar des causes des difficultés. Par ailleurs, on observe que toutes les entreprises sont touchées, qu’elles soient starters ou plus matures. Pour ces dernières, la part augmente même d’année en année. « Ces entreprises sont souvent dirigées par des patrons plus âgés et, lorsqu’elles rencontrent des problèmes, ils appliquent des recettes qui fonctionnaient jadis mais ne marchent plus aujourd’hui. C’est un public dépassé par l’évolution technologique (réseaux sociaux, e-commerce, nouvelles formes de management, etc.). » Notons également que certaines entreprises aboutissent au CEd après être passées au Hub Transmission, où elles découvrent qu’elles ont des difficultés qu’elles ignoraient ou qu’elles ne voulaient peut-être pas voir. Une entreprise bien portante est parfois aussi une entreprise malade qui s’ignore. BECI - Bruxelles métropole - janvier 2016 39
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