FOCUS Des erreurs classiques Les erreurs que commettent les dirigeants en situation de crise sont aussi les mêmes que celles de leurs prédécesseurs. Nombre d’entre elles semblent empreintes de bon sens alors qu’au final, elles ne font qu’aggraver la situation. « Beaucoup trop de chefs d’entreprise ou d’indépendants estiment qu’ils vont sortir d’une mauvaise passe en travaillant davantage, en baissant leurs prix de vente, en se diversifiant, en cherchant de nouveaux clients, etc. », poursuit Olivier Kahn. « Autant de réflexes naturels qui peuvent s’avérer au final catastrophiques. Toutefois, la plus grosse erreur à éviter est de traiter le problème financier comme une cause alors que ce n’est qu’une conséquence. En d’autres termes, c’est la partie émergée de l’iceberg mais ce n’est pas la cause d’une défaillance. Celle-ci est à chercher dès la base qu’est l’humain, et ensuite aux différents échelons qui se succèdent (stratégie, organisation, production, commercial, finances). Il convient d’analyser chacune de ces strates et de traiter les problèmes qu’on peut y trouver.» Pour chacun de ces points, le CEd apporte son expertise ainsi que des premières solutions pour ramener la PMETPE dans le vert lorsque c’est encore possible. En 2014, le CEd a mené 504 consultations juridiques et 322 consultations financières. Parmi les causes les plus fréquentes Depuis dix ans, c’est surtout l’évolution technologique qui s’est accélérée et qui déstabilise nombre d’activités. de difficulté, il faut pointer, outre les mauvais réflexes stratégiques, des erreurs de positionnement, une mauvaise gestion de trésorerie, une dépendance trop forte à un client ou un fournisseur, la perte d’une compétence-clé dans l’entreprise, un capital de départ insuffisant, la peur du changement, ou encore des circonstances imprévues. Des causes qui se traduisent à un moment ou l’autre financièrement. Et lorsque l’indépendant ou dirigeant est entraîné dans une spirale financière négative, il est parfois très difficile de l’en sortir. D’autant que ses partenaires habituels que sont les banques et institutions publiques n’ont pas pour vocation de faire du social. Un peu moins de deux tiers des entreprises en difficulté répertoriées par le CEd signalent avoir essuyé un refus pour un crédit auprès d’organismes financiers. Après analyse, dans la moitié des cas, les refus des banques et institutions publiques étaient justifiés. Être proactif plutôt que réactif Au final, si l’on peut distiller quelques conseils aux dirigeants et indépendants confrontés à des difficultés, c’est d’abord et avant tout d’éviter de faire l’autruche. Cela ne fait que retarder l’échéance et alourdir la note. Quand les premiers signes de problèmes apparaissent (retards de paiement, pertes de clients, diminution des ventes, etc.), le dirigeant doit tenir son personnel au courant et lui montrer 40 BECI - Bruxelles métropole - janvier 2016 Olivier Kahn, coordinateur du Centre pour Entreprises en difficulté. qu’il est aux commandes – ce qui n’exclut évidemment pas de faire appel à un avis extérieur comme le CEd. Ensuite, il convient d’interrompre les investissements non indispensables, de se concentrer sur son métier quitte à redéfinir sa stratégie, et surtout supprimer les postes et/ou activités déficitaires. Dans un autre registre, on constate parfois qu’une entreprise se retrouve en difficulté malgré d’excellentes vente et une santé apparemment éclatante. C’est souvent un problème d’organisation tel que le non suivi de factures, par exemple, que l’on peut corriger en repensant et optimisant l’organisation. Parmi les autres pistes de solution figure l’analyse commerciale. Le canal de distribution que l’on utilise est-il encore pertinent à l’heure d’internet ? Trop d’entreprises négligent encore le marketing et la communication, mais surtout ne se remettent pas en question, ou trop tard, face à l’évolution technologique. Enfin, si nombre de problèmes évoqués plus haut se reflètent plus ou moins rapidement dans les comptes, il convient de souligner que le financier peut également être source de difficultés. « Il n’y pas de secret, seule une rentabilité positive future permettra un redressement », confie Olivier Kahn. « C’est pourquoi il faut réduire drastiquement les coûts tout en maintenant les frais stratégiques comme le personnel et la R&D. Enfin, il est indispensable d’estimer le temps nécessaire pour absorber les dettes en sachant qu’au-delà de 18 mois, la situation est très critique. » ● Info : http://ced-com.be
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