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TOPIC Le témoin : Jean-Didier Boucau (Telelingua) Les derniers lauréats des Brussels Best Exporters : Marc Tombroff, General Manager de Numeca (à gauche), et Jean-Didier Boucau, CEO de Telelingua International. Telelingua remportait l’année dernière le prix de Best Exporter bruxellois, dans la catégorie « services ». Plutôt que de rester paisiblement dans la capitale de l’Europe, carrefour linguistique s’il en est, l’entreprise de traduction et services linguistiques est partie De grandes entreprises qui ont un siège européen en Belgique nous ont ouvert des portes à la conquête du monde, presque naturellement. Aujourd’hui, les plus de 200 salariés de Telelingua sont pour la plupart actifs à l'étranger (une cinquantaine « seulement » à Bruxelles). L’entreprise possède des filiales en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Chine et, depuis quelques mois, en Suisse. 70 % de ses revenus proviennent désormais de l'étranger. La PME emploie notamment 130 traducteurs en Chine, où un contrat de travail salarié est indispensable pour garantir un niveau de qualité. Car pour le reste, Telelingua s'appuie sur un réseau de 2.000 freelances dans le monde. « Notre rayonnement international est d'abord venu de nos clients. De grandes entreprises qui ont un siège européen en Belgique nous ont ouvert des portes. Mais la condition était d'investir dans des filiales locales car, quoi qu'on en pense, un Allemand ou un Français préférera toujours travailler avec un fournisseur 'national' », explique le directeur Jean-Didier Boucau. « Pour le reste, notre métier de services repose sur la qualité des personnes, sur la réactivité et la proximité de nos chefs de projet partout dans le monde. Très souvent, la traduction n'est pas considérée comme stratégique. Nos clients attendent donc un service tout compris qui leur consomme le moins de temps possible. » L'expansion internationale de Telelingua lui a permis d'atteindre une taille critique (17,2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2013) pour rivaliser avec les leaders mondiaux, « même si nous sommes au-delà de la 20e position mondiale », souligne Jean-Didier Boucau, comme pour indiquer la marge de progression. Son plus gros défi actuellement est de soutenir cette croissance internationale en réalisant les bonnes embauches. Comment être attractif à l’étranger ? Initiée par ICC Belgium et les chambres de commerce, l’International Business Institute (IBI) propose depuis trois ans à Bruxelles une formation à l’exportation pour dirigeants d’entreprise, essentiellement axée sur l’exportation de biens. Signe de l’importance croissance des entreprises de services dans l’internationalisation du commerce, la nouvelle programmation en préparation pour l’automne 2016 mettra spécifiquement l’accent sur les « bonnes pratiques » en matière d’exportation de services. Le format (jusqu’ici 22 séances le vendredi après-midi) sera également resserré pour attirer un maximum de personnes intéressées et combinera formations théoriques et ateliers pratiques, avec témoignages « d’entrepreneurs pour les entrepreneurs ». « Cette formation aura pour but de combler certaines lacunes en internationalisation des services. Car même s’il y a une base commune avec l’exportation des biens, cette matière requiert des compétences spécifiques », souligne Mathieu Maes, secrétaire général d’ICC Belgium. « Au-delà de leurs différences, les secteurs des services – divertissement, transport, ingénierie, conseil… – partagent un certain nombre de problématiques juridiques liées au droit du travail ou à la propriété intellectuelle. Vu leur focus sur les ressources humaines, les questions de fiscalité sont également centrales. Car dans un contexte de guerre des talents internationale, l’exportateur de services qui veut réussir doit avant tout être un employeur attractif », poursuit Mathieu Maes. Une autre problématique chère à ICC est la lutte contre la corruption. Elle se pose avec encore plus d’acuité pour les services, car la corruption reste une faiblesse humaine… « Pour faire des affaires de manière durable à l’international, il est nécessaire d’avoir une véritable stratégie éthique. » BECI - Bruxelles métropole - novembre 2015 21 BIE, souvent en collaboration avec ses homologues de l’Awex ou le FIT, dispose d’un réseau à forte valeur ajoutée d’attachés et de responsables sectoriels, qui sauront vous accompagner à l’international. N’hésitez pas à frapper à leurs portes pour vous faire guider dans vos premiers pas à l’étranger, leurs services sont gratuits. Les Régions offrent également des subsides, souvent à concurrence de 50 %, pour s’entourer des conseils d’un expert, participer à des foires professionnelles, réaliser des offres pour des marchés publics internationaux ou effectuer des voyages de prospection hors de l’Union Européenne notamment. ●

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