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prendre à vivre avec ce chaos. On doit surtout offrir aux innovateurs des possibilités de contact et d’échanges ; leur permettre de s’inscrire dans des écosystèmes plus larges. N’oublions pas que notre contexte est global : il n’est pas bruxellois, ni belge, ni même européen, mais mondial. » Numérique : « L’impossible va devenir possible » Ingénieur civil en télécommunications, Marc Decorte est particulièrement attentif au bouleversement numérique. « La digitalisation nous impose de changer notre état d’esprit. J’ai récemment assisté à la conférence d’un professeur de la Singularity University2 , qui évoquait les modèles disruptifs. La plus grande difficulté, pour l’humain, c’est d’appréhender le concept d’extrapolation exponentielle, parce que nous sommes habitués au raisonnement linéaire : si je fais un pas de 40 cm, puis un deuxième, puis un troisième, j’aurai franchi 120 cm. En digital, la progression est exponentielle : si je regarde par la fenêtre du bureau, je vois un arbre ; si je recule de 30 pas linéaires, je verrai l’arbre et l’encadrement de la fenêtre, la porte de la salle, le bureau… Si je recule de 30 pas exponentiels, savez-vous où je serai ? Sur la lune ! C’est à cette vitesse que le digital se développe. Il faut se dire que tout ce qui nous semble impossible va devenir possible. Ce qui est tout aussi important, c’est de pouvoir adopter une vision abstraite pour imaginer de nouveaux business models – ce qui est vite dit, mais très compliqué. Uber et Airbnb sont au fond des modèles assez simples ; la difficulté est de les inventer. La technologie n’est pas le facteur de blocage ; la limite est celle de notre imagination. » « Soyons un peu plus fiers de Bruxelles » Le président de Beci en vient à évoquer le contexte bruxellois, d’abord pour se féliciter de voir l’économie bruxelloise se rétablir, deux ans après les terribles attentats de mars 2016. « Les attentats ne sont évidemment pas oubliés, cela reste un trauMobilité : « C’est aussi un état d’esprit » Selon Marc Decorte, la problématique de la mobilité bruxelloise ne pourra se résoudre sans une évolution des mentalités : « Tout ne viendra pas de l’amélioration des infrastructures. Nous, entrepreneurs, devons en appeler de manière plus proactive à une mobilité multimodale. J’observe d’ailleurs que la jeune génération est plus ouverte à la multimodalité – et qu’elle bénéficie aussi de nouveaux outils, avec lesquels il est beaucoup plus facile de trouver une formule astucieuse pour minimiser les temps de déplacement. » matisme pour les victimes, mais l’impact économique a été dépassé et les Bruxellois, de leur côté, ont remis les choses à leur place. Bruxelles est ‘back on track’. » Marc Decorte en convient, Bruxelles garde un déficit d’image à l’international, par rapport à des villes comparables telles qu’Amsterdam, Stockholm ou Barcelone. « Mais ce n’est pas neuf. Une chose me frappe tout de même depuis que je voyage moins, c’est que les Belges ont une tendance presque maladive au négativisme. Actuellement, on investit beaucoup à Bruxelles, dans le piétonnier, les rénovations de voieries, les voies de tram… Mais peu de gens s’en félicitent ; on ne parle que des impacts négatifs, d’ailleurs temporaires. Qui se souvient des nuisances engendrées par la construction du métro, dont on mesure chaque jour les avantages ? Les Bruxellois, et les entrepreneurs parmi eux, devraient commencer par être un peu plus fiers. Si nous voulons améliorer l’image de Bruxelles, apprenons à faire notre marketing. » « Ne gâchons pas l’opportunité métropolitaine » Quant à simplifier la gouvernance bruxelloise, Marc Decorte reconnaît que la question n’est pas simple : « Je peux comprendre les raisons politiques de nos institutions. Mais si nous devions fonder Bruxelles aujourd’hui, est-ce qu’on l’organiserait comme nous l’avons fait ? Ou encore, en d’autres 2. Organisation établie en Californie, à la fois université, think-tank et incubateur d'entreprises. mots, est-ce que nos structures actuelles servent les ambitions de Bruxelles ou y font obstacle ? Il faut laisser au politique le soin de s’organiser, mais je pense qu’il gagnerait à dialoguer avec l’entrepreneuriat. » Et de regretter un certain manque de considération pour Bruxelles à l’intérieur même de la Belgique : « Bruxelles, c’est une métropole sur trois régions. Le challenge socio-politique, c’est d’optimiser la métropole, plutôt que se disputer entre régions. Nous sommes un petit pays, dont la devise n’est pas par hasard ‘L’union fait la force’. Notre impact est plus grand si on travaille ensemble. Si on ne le fait pas, on gâche cette opportunité métropolitaine. Beci a fait les premiers pas dans ce sens et nous voulons intensifier le travail constructif avec les autres régions, dans notre intérêt commun. » « Revoir nos ambitions à la hausse » En conclusion, nous avons demandé au président de Beci comment il voyait son organisation dans un an : « En septembre 2019, on a changé l’aspect de notre bâtiment. Notre site web est très interactif, très segmenté, avec des outils modernes, au service de nos membres comme de nos experts pour leur permettre d’interagir. Nous avons intensifié nos relations commerciales avec d’autres pays. Nous avons réalisé nos objectifs 2018-2019 et défini l’horizon 2021, avec des ambitions revues à la hausse ! » • 16 | Beci Rapport annuel 2018

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