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Entreprendre réglementations locales très différentes, alors qu’aux PaysBas, les règles sont nettement plus uniformes. En Belgique, la réglementation semble plus fractionnée dans certains domaines. Et du coup, les entreprises s’en préoccupent moins. » Ensuite, les entreprises belges se laissent surtout guider par leurs clients en matière de durabilité. Et même si ces clients prétendent accorder de l’importance à cette durabilité, ils ne sont pas forcément disposés à payer davantage pour des produits durables d’un niveau qualitatif équivalent à des alternatives moins durables. Futurologues « Les Pays-Bas ont longtemps considéré la durabilité et la RSE comme des éléments de façade, mais sans réelle portée stratégique », se souvient Marlon Drent. « Ce temps-là est révolu. Aux Pays-Bas, la durabilité et la RSE arrivent aujourd’hui en troisième place après la qualité et l’innovation pour faire la différence sur le marché. » Tom Vansteenkiste, directeur général de la NKVK, souligne à ce propos les différences de culture t de mentalité entre les Belges et les Néerlandais. « Le Belge est pragmatique, alors que le Néerlandais se voit volontiers futurologue, avec une certaine tendance à évangéliser », déclare-t-il. « Cela explique une Tom Vansteenkiste (NKVK) Les chefs d’entreprises belges feraient bien de s’inspirer davantage de l’exemple venu du Nord. plus grande réceptivité du consommateur hollandais visà-vis de thématiques telles que le changement climatique ou la durabilité. Les entreprises belges s’alignent sur la réglementation plutôt que de prendre l’initiative de la durabilité. Je ne suis pas pessimiste : le changement de mentalité est en cours en Belgique et je m’attends à ce que les entreprises emboîtent rapidement le pas dans les années à venir. » Il reste à savoir si les réponses de 120 entreprises belges sont suffisamment représentatives pour en tirer des conclusions aussi tranchées. Marlon Drent nuance : « C’est la première fois que nous interrogeons des CEO et administrateurs belges. 120 participants, ce n’est pas énorme, en effet, mais tous les grands secteurs sont 42 ❙ Bruxelles Métropole - novembre 2019 représentés dans l’étude belge, ce qui nous autorise à en tirer quelques conclusions. » Digitalisation Les grands thèmes stratégiques qui titillent réellement les entreprises belges ? D’abord et avant tout la digitalisation ! Plus de 70 % des participants à l’enquête ont décerné la palme à la révolution numérique. Ils comprennent à quel point celle-ci peut stimuler la croissance, même si cela nécessite de sérieuses modifications du modèle d’entreprise et de l’organisation. L’impact en matière de ressources humaines retient également l’attention. La digitalisation et la montée en puissance de l’innovation technologique supprimeront de nombreux emplois dans les années à venir ou en changeront radicalement la teneur. Plus de 40 % des participants belges à l’enquête se déclarent souvent préoccupés par la pénurie de compétences numériques sur le marché de l’emploi. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que cette thématique figure également au hit-parade des conseils d’administration aux Pays-Bas. « Je constate quasi quotidiennement que la guerre des talents fait rage dans nos deux pays », admet Tom Vansteenkiste. « Les entreprises digitalisent des tâches administratives classiques et cherchent éperdument des collaborateurs disposant de compétences digitales. Dans le même temps, il ne semble guère évident de familiariser le personnel senior à ces nouvelles technologies. » Que retenir de cette enquête et des divergences de préoccupations stratégiques entre les entreprises néerlandaises et belges ? Tom Vansteenkiste : « Ça fait un peu cliché, mais une fois de plus, ce sont les Pays-Bas qui semblent donner l’exemple. Les chefs d’entreprises belges restent plus classiques dans leur démarche et feraient donc bien de s’inspirer davantage de l’exemple venu du Nord. Prenons le cas du service à la clientèle : son importance stratégique est perçue comme bien plus grande en Belgique qu’aux Pays-Bas. Il est vrai qu’un bon service à la clientèle est essentiel, mais c’est un paramètre on ne peut plus conventionnel pour se différencier de la concurrence. D’autres thématiques s’imposent aujourd’hui outre-Moerdijk pour contrer les concurrents : la durabilité, bien sûr, mais notamment aussi l’expérience client ou la rapidité de livraison. Sans doute nos entreprises peuvent-elles s’inspirer quelque peu de ce qui se passe chez nos voisins du Nord, et pas seulement en matière de digitalisation. » ● Filip Michiels D.R.

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