38

À Londres, après les attentats de 2005, l’économie s’était très vite rétablie. ÉCONOMIE ET TERRORISME Une économie riche et diversifiée, garantie de résilience La menace terroriste n’a qu’un impact limité sur l’économie, pour autant qu’elle ne se prolonge pas indéfiniment. En revanche, l’instabilité politique induite par le terrorisme constitue un vrai danger. Peter Van Dyck A u lendemain des attentats terroristes du 13 novembre à Paris, Joe Kaeser, patron de Siemens, confiait au Financial Times sa crainte de voir les entreprises investir moins en raison d’une instabilité géopolitique en Europe. Le ministre italien des finances Pier Carlo Padoan ne disait pas autre chose quand il affirmait que la vague terroriste menaçait la reprise économique balbutiante dans la zone euro. On peut comprendre l’inquiétude des chefs d’entreprise et des politiques, mais la panique ne se justifie pas : diverses études confirment que le terrorisme n’ébranle l’économie que de manière temporaire. Les attentats à Paris coûtent cher, bien entendu. Outre les coûts directs des infrastructures détruites – et les coûts humains ! – les coûts indirects sont considérables : pensons entre autres aux mesures de sécurité, telles que la présence militaire dans les rues. Pas de choc boursier Selon Martien Lamers, économiste à la Rijksuniversiteit Groningen et titulaire d’un doctorat défendu à l’Université de Gand sur l’impact économique du terrorisme, les coûts directs sont faciles à calculer et plutôt limités. Ainsi, les bombes qui ont explosé dans quatre trains le 11 mars 2004 à Madrid n’ont généré des dégâts qu’à concurrence de 0,16 % du PIB régional. « En revanche, les coûts indirects concernent l’impact du terrorisme sur la croissance économique et sont beaucoup plus difficiles à chiffrer », explique-t-il. « Nous voilà réduits à des conjectures, car il est impossible de définir quelle aurait été la croissance sans les attentats. » Il était frappant de constater qu’au lendemain du 13 novembre, les actions en bourse n’avaient guère vacillé. « Contrairement à d’autres données indispensables à la mesure de la croissance économique, les données bour36 BECI - Bruxelles métropole - mars 2016 sières sont disponibles rapidement et constituent dès lors un excellent baromètre de l’impact que le terrorisme pourrait avoir sur l’économie », constate M. Lamers. « Cet impact se révèle habituellement modeste. Les bourses de New York ont fermé pendant une semaine après le 11 septembre. Une sage décision : à la réouverture, les pertes sont restées modérées. » Ce scénario s’est reproduit en juillet 2005, après les attentats dans le métro londonien : les marchés se sont rétablis en quelques jours à peine. Le tourisme prend cher Le tourisme et l’horeca sont les secteurs les plus touchés par le terrorisme. C’était d’ailleurs la volonté délibérée des terroristes qui, l’an passé, ont organisé les raids à Sousse et dans le musée du Bardo à Tunis. Les malfrats ont atteint deux objectifs : déstabiliser l’économie locale et attirer l’attention de la communauté internationale par les nationalités des victimes. Idem en Espagne, où les touristes, qui n’avaient pourtant rien à voir avec la cause indépendantiste, ont fréquemment été pris pour cible par le mouvement séparatiste basque ETA. Les retombées des attentats dans un pays méditerranéen tel que l’Espagne sont cuisantes parce que le tourisme apporte une contribution majeure à l’économie. « Ce même secteur ne représente en Belgique que 2 à 3 % du PIB. L’impact de la menace terroriste sur le tourisme belge serait négligeable à l’échelle de l’économie tout entière », estime Martien Lamers. Les attentats de Daesh, le 13 novembre à Paris, ont coûté 132 vies humaines, incitant de nombreux étrangers (surtout Américains et Japonais) à annuler les vacances qu’ils y avaient réservées. Les revenus du tourisme ont été divisés par deux, avec un impact tout particulier sur les hôtels de luxe. Même Disneyland Paris, bien loin du centre-ville, a vu son flux de visiteurs réduit de moitié. Les pertes du secteur sont évaluées à 39 milliards d’euros.

39 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication