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TOPIC URBANISME Et si Bruxelles prenait de la hauteur ? La question de la verticalisation d'une grande ville comme Bruxelles ne semble pouvoir être esquivée : c'est là une des solutions les plus évidentes pour y accueillir un plus grand nombre d'habitants au m², de contribuer à la richesse de la ville et, par là, de l'ensemble de sa population. Pour autant, cela doit-il se faire dans n'importe quelles conditions ? Pour le savoir, Bruxelles Métropole est allé à la rencontre de quelques protagonistes. Johan Debière E n matière de verticalisation de grandes villes et même de mégalopoles, les exemples sont nombreux à l'échelle de la planète. Les bons, mais – soyons de bon compte – les mauvais aussi. Il serait franchement exagéré de dire d'Abu Dhabi ou de Hong-Kong qu'elles sont des modèles parfaits en matière d'architecture verticale. Mais à côté de ces exemples, d'autres villes semblent pouvoir se distinguer par une approche plus équilibrée. Comme Paris, où le verrou absolu maintenu sur une skyline réduite à l'échelle d'un immeuble de quelques étages semble avoir sauté. Pour Olivier Bastin, le maintien de la classe moyenne à Bruxelles est compatible avec la verticalisation. Dans la ville lumière, à certaines conditions, les urbanistes peuvent enfin aborder la question du développement de projets plus verticaux. Un développement qui va sans doute devoir se faire au compte-gouttes, dans des conditions très encadrées, mais avec l'espoir d'enfin pouvoir apporter une réponse à la question du logement et de bureaux à prix raisonnable dans la Ville-Lumière. C'est en tout cas la volonté affichée par les autorités parisiennes, notamment à travers la victoire remportée par la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, dans le dossier de la tour Triangle dans le 15e arrondissement (voir à ce sujet l'article paru dans le journal Le Monde du 30 juin 2015, consultable en accès libre sur le site du quotidien). Un projet bien prégnant sur le territoire parisien, puisque la tour fait tout de même près de 180 m de haut. Soit 100 m 24 BECI - Bruxelles métropole - février 2016 de moins que la Tour Eifel, mais tout de même plus de trois fois la hauteur de l'Arc de Triomphe... L'impact négatif de la bruxellisation En Région bruxelloise, on sent toujours une certaine méfiance à l'égard des projets verticaux. Essentiellement au sein de la population historique, mais également par effet rebond sur certains politiques bruxellois qui connaissent les aléas auxquels sont soumis ces projets immobiliers. Lise Nakhlé, conseillère en urbanisme chez BECI: « Cette appréhension vient essentiellement du traumatisme vécu dans les années '60 et '70 et du phénomène de bruxellisation, phénomène qui marque visiblement encore aujourd'hui les consciences. » Plusieurs projets de règlements ont ensuite fait parler d'eux : un premier Plan Régional de Développement (PRD), suivi par un deuxième PRD et par toute une série d'outils réglementaires avec lesquels le politique entendait encadrer la construction en Région de Bruxelles-Capitale. Sans oublier un projet de PRDD resté dans les limbes. Conditions de vie durablement attractives Mais en fin de compte, qu'est-ce qu'une ville équilibrée ? Une ville qui resterait en l'état ? On sait qu'à Bruxelles, les statistiques reflètent un exode urbain assez marqué de la classe moyenne. Celle-là même qui peut nourrir la Région à travers, entre autres, la perception des centimes additionnels. « Chaque année, en comptant les gens qui partent et les nouveaux arrivants, on obtient un solde net de -10.000 habitants pour cette catégorie de la population », souligne Mathieu Sonck, chargé de mission chez Inter-Environnement Bruxelles. Il ne voit pas la vraie classe moyenne s'installer dans les logements développés en mode vertical : le ticket d'entrée en est trop élevé, réservant ce type de logement à des expats, et à des Bruxellois de la classe supérieure.

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