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TOPIC Un succès en quelques chiffres ● ● ● ● 4 des 9 longs métrages produits par nWave ont fait plus de 10 millions d’entrées. À Berlin, un film iMax made in Belgium a battu des records avec 770.000 entrées en 2 ans. Sammy a dépassé les 100 millions d’euros au box office 120 collaborateurs, dont environ 35 Belges et 30 Français, le reste provenant du monde entier. planétaire, qui durera une bonne dizaine d’années avant le déclin de cette technologie. Par ailleurs, en 2000, nWave décroche une commande pour les 50 ans du parc Efteling, aux Pays-Bas, qui servira de tremplin à une activité de films sur mesure (3D et même 4D, avec effets physiques dans la salle), qui ne cessera de croître et représente aujourd’hui environ 30 % de ses revenus. « Nous sommes entretemps devenus le Disney de la 4D, avec une quarantaine de films en relief en librairie. » Ces films spécialisés, assortis de droits d’exploitation pour plusieurs années et qui tournent dans des parcs d’attractions du monde entier, ont l’énorme avantage de garantir une prédictibilité de revenus et donc une certaine stabilité d’emploi aux quelque 120 collaborateurs. L’entreprise possède des bureaux à Burbank, près d’Hollywood, pour assurer leur commercialisation et travaille aussi avec des agents en Chine et au Japon. nWave vend essentiellement par des contacts directs ou par la présence à une dizaine de grands salons spécialisés par an. Le rendez-vous à ne pas manquer est la grand-messe des parcs d’attractions IAPPA, à Orlando. Avec Studio Canal en long métrage Les 70 % de chiffre d’affaires restants proviennent des longs métrages 3D. Déjà neuf depuis Fly Me To The Moon en 2005. Le plus grand succès à ce jour reste l’histoire de la tortue Sammy, dont le premier épisode a dépassé 100 millions de dollars de recettes au box office. Encouragés par cette réussite, Ben Stassen et son équipe ont voulu persévérer dans la voie du long métrage, mais pas tout seuls face aux mammouths américains. Les « petits Belges » ont convaincu Studio Canal (groupe Vivendi) d’entrer dans le capital de nWave : l’entreprise contrôlée par Vincent Bolloré détient désormais 49 % du leader belge de la 3D. C’est d’ailleurs la seule société de production dans laquelle le groupe français ait pris une participation. Studio Canal assure la commercialisation des longs métrages de nWave partout dans le monde. Le prochain, Robinson Crusoé, sera distribué dans 2.000 salles aux États-Unis, une première alors que les productions belges étaient jusqu’ici réservées aux circuits spécialisés. Alternative à l’hégémonie américaine À en croire le natif d’Aubel (Ben Stassen est le cousin de Philippe, des cidreries Stassen), les productions nWave sont très bien accueillies par les distributeurs locaux, heureux de trouver une alternative de qualité à l’hégémonie des « majors » américaines. L’entreprise belge passe par exemple sans problème la politique de quotas imposée par la Chine. Tous les films de nWave y ont rencontré un joli succès. Tout comme en Russie, en Corée, au Japon, en Australie ou en Amérique du Sud. Ben Stassen a même du mal à dresser une hiérarchie en chiffres de ventes : « Je sais juste que l’Europe est toujours en tête. » L’association avec Studio Canal a été clé pour asseoir la solidité financière de l’entreprise, l’une des rares dans le monde, hors grands studios, à avoir produit neuf longs métrages en une dizaine d’années. « Le tax shelter est également un soutien formidable à notre activité. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle nous restons en Belgique. » Caroline Van Iseghem Caroline Van Iseghem, associée et compagne de Ben Stassen, nous livre son analyse du succès international de nWave : « Le premier facteur de réussite a été de tirer les leçons de la faillite de Little Big One, en exigeant d’avoir les droits sur les créations et d’être ainsi capable de maîtriser la chaîne de valeur. Être propriétaire de nos produits est déterminant, car cela nous permet par exemple de créer des revenus dérivés de nos longs métrages, qu’il s’agisse des films spécialisés pour parcs d’attractions ou des séries sous licence. » La CEO de nWave Digital souligne par ailleurs à quel point l’entreprise a pu combiner ambition et sagesse, en conquérant d’abord des niches de marché puis en s’alliant à Studio Canal, « sans tomber dans la folie des grandeurs. » Grâce au flamand … Les associés ont la politesse de la modestie. Ils « oublient » dès lors un autre facteur déterminant qui est l’ouverture sur le monde et un talent naturel à capter des sentiments universels. Nul doute que les dix ans passés par Ben Stassen aux États-Unis, où il a étudié le cinéma à la prestigieuse USC, ont été un enseignement précieux pour la suite. Et dire que la passion du cinéma lui est venue presque par accident, parce qu’en 1978 il a voulu faire des études universitaires en flamand, à la KUL. Ce n’était pas fréquent pour les Wallons à l’époque. « Je ne maîtrisais pas assez le néerlandais que pour rédiger des dissertations dans le cadre de mes études en sciences sociales et politiques. Du coup, j’allais réaliser des interviews filmées d’experts en tous genres, à Amsterdam ou ailleurs. Et c’est ainsi que j’ai attrapé un virus du cinéma qui ne m’a plus jamais lâché … » ● BECI - Bruxelles métropole - novembre 2015 25

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