Commerce de détail : enrayer l’érosion par l’offre SALES L’impression d’un déclin du « petit commerce » à Bruxelles est-elle fondée ? Les statistiques comptables ne sont pas si mauvaises pour le secteur, mais le nombre des commerces – et surtout les fonctions de proximité qu’ils peuvent assurer – sont bel et bien en baisse. Didier Dekeyser P as facile de se faire une idée de l’état du commerce de détail bruxellois, car le secteur est appréhendé très largement : il regroupe à la fois des ventes de biens (dont l’alimentation) et de services (dont l’horeca) ; il recouvre les « enseignes », la grande distribution, les franchises, les coopératives, le commerce isolé de proximité immédiate, les marchés, l’e-commerce, etc. Par ailleurs, certaines cellules commerciales s’étiolent de façon très marquée tandis que d’autres progressent discrètement, comme l’illustrent par exemple le déclin de la Galerie Louise et l’avènement de la rue de Brabant. La décroissance du secteur est impressionnante si l’on l’analyse depuis 1950 et elle se poursuit, selon la dernière étude de l’Observatoire du Commerce, avec toutefois un ralentissement de la tendance. De manière globale, cependant, l’analyse des chiffres de l’emploi et de la valeur ajoutée, issus de la comptabilité régionale, ainsi que celle du chiffre d’affaires, issu de la TVA, montre que la branche se porte bien en RBC ces dernières années et qu’elle a relativement bien résisté face à la crise. En termes d’emploi, on observe une croissance des contrats salariés et une érosion de l’emploi indépendant, ce qui indique probablement une dynamique négative pour le commerce de proximité. Une grande part de l’emploi et du chiffre d’affaires dans la branche proviennent en effet des grandes entreprises, en particulier de la grande distribution. Si l’offre commerciale a connu des transformations qualitativement importantes, elles se produisent donc dans des sous-branches, qui ne sont pas les plus importantes au total : voilà qui explique les perceptions différentes entre les observations sur le terrain, auprès des commerçants de proximité, et les évolutions globales de la branche. 16 BECI - Bruxelles métropole - mars 2015 La grande distribution fait forte concurrence au commerce local et progresse dans de nombreux secteurs spécialisés (ci-dessus : Media Markt). Quelques causes de déclin • La grande distribution généraliste, qui continue d’élargir la palette des produits offerts dans ses différents formats, afin d’accroître ses marges bénéficiaires trop faibles dans l’alimentation. Elle concurrence les commerces spécialisés (produits informatiques, par exemple) et progresse dans de nombreux autres secteurs plus communs comme l’habillement, la parfumerie, le bricolage, le sport, les jouets, la librairie, etc. Elle multiplie les plus petites surfaces, elle joue sur les prix et elle possède un know-how d’attaque de marché et des moyens marketing que des petits commerçants ne peuvent mobiliser ; • La restructuration des services offerts aux consommateurs, par exemple dans les banques où le travail de guichet a été presque complétement transféré au client lui-même ; • La franchise, qui progresse à la fois dans l’offre de biens et de services et représente déjà 6 % du commerce de détail dans notre pays ;
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