THINK TANK L’économie du partage ? C’est de l’économie ! Airbnb, Uber, Vayable, Peerby, ListMinut… L’économie dite « du partage », basée sur l’échange entre particuliers et organisée sur internet, se développe à grande vitesse. Mais attention : quand le partage génère un revenu, il devient un business – et le business suppose certaines règles. Emmanuel Robert P lutôt que d’acheter une friteuse, si j’empruntais celle de mon voisin ? Et si je conduisais mon voisin à la gare ? Cela lui éviterait de commander un taxi. Et si je louais le chalet ardennais de ma collègue ? Ça ferait des vacances pas chères ! En échange, je pourrais lui proposer de tailler ses haies… Les échanges de menus services entre particuliers, ça ne date pas d’hier. A priori, ça n’a que des avantages : on économise des ressources (c’est bon pour la planète), on démocratise des services, on tisse du lien social (c’est bon pour les gens)… Ce qui est nouveau, c’est que la révolution internet a démesurément élargi le cercle : aux voisins, amis, collègues, sont venus s’ajouter tous les parfaits inconnus qui habitent à l’autre bout de la ville, du pays ou du monde et qui peuvent me fournir ce que je cherche. Une multitude de plateformes sont apparues, permettant la rencontre d’une demande et d’une offre informelles, démultipliant les contacts et les échanges : Airbnb pour loger chez l’habitant, Uber pour se déplacer, Vayable pour trouver un guide touristique, Peerby pour l’emprunt d’objets, ListMinut pour des prestations de services, etc. Le web a fait émerger un nouveau modèle d’échange : l’économie du partage – ou économie collaborative. 6 BECI - Bruxelles métropole - mai 2015 Quand le partage devient business Qui dit partage dit gratuité. Or, la plupart de ces plateformes ont substitué à la gratuité un modèle rémunéré qui va au-delà de la simple participation aux frais : quand vous montez dans une voiture Uber, le prix qui vous est demandé ne correspond pas seulement à votre part du plein d’essence ; il comprend aussi la rémunération du chauffeur, qui est venu vous chercher là où vous le souhaitiez pour vous conduire où vous le voulez. Clairement, on n’est plus dans le covoiturage mais dans le transport rémunéré des personnes. Au passage, l’opérateur de la plateforme prélève son juste pourcentage pour financer la solution qui permet cet échange. L’économie du partage est devenue un business – il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner la valorisation d’Uber ou d’Airbnb, qui se comptent aujourd’hui en (dizaines de) milliards de dollars. Concurrence ? Oui, mais… On peut se réjouir de voir émerger des modèles innovants : ils génèrent de l’activité économique ; ils créent de nouveaux services et permettent à beaucoup de gens d’arrondir leurs revenus. S’ils réussissent, c’est aussi parce qu’ils répondent
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