TOPIC 50s@Work pour retrouver la confiance SILVER ECONOMY Sur notre marché du travail, il n’est pas facile de rebondir après un licenciement quand l’expérience, au-delà de 50 ans, voire même déjà 45 ans, devient une tare plus qu’un atout. Partant de son vécu personnel et à travers l’action de l’asbl 50s@Work, Jean-Luc Louis veut faire changer les choses. Olivier Fabes I l y a 7 ans, Jean-Luc Louis annonçait à son employeur, l’assureur-crédit Euler Hermes, qu’il souhaitait mettre fin à 30 ans de carrière en tant que directeur général de la filiale belge. Sans animosité aucune, mais pour changer de vie professionnelle et de vie tout court. « Je voulais sortir d’une certaine routine, prendre encore des risques. » l’économie bruxelloise Céline Fremault, l’asbl a réuni 35 personnes pour un premier projet pilote de cross coaching : 4 équipes de 7 à 8 personnes ont été formées pour plancher, pendant 6 mois, sur un projet d’entreprise ou de recherche. « L’objectif est de remettre les gens au travail, pas nécessairement d’en faire des entrepreneurs. Mais l’entrepreneuriat est un excellent moyen de se reprendre en mains, de se réhabituer à la vie de l’entreprise, avec une certaine discipline et un ‘dress code’. La plupart de ces personnes, d’horizons très divers et en moyenne en décrochage depuis 3 à 4 ans, n’avaient même pas une carte de visite. » Trois projets portaient sur la création d’une entreprise : une galerie d’art contemporain, une plateforme e-commerce de matériel de génie civil et une agence de recrutement spécialisée dans les plus de 45 ans. Le projet de recherche portait sur des entreprises bruxelloises qui ont mis en place des solutions de mobilité créative. Jean-Luc Louis À 60 ans, ce « jeune entrepreneur » exerce toujours une activité dans la consultance crédit à l’étranger, mais il a ajouté d’autres cordes à son arc, joignant l’utile à l’agréable : il effectue notamment des missions de conseil dans le secteur touristique pour les régions d’Ombrie et Vénétie. Il est également actif dans diverses associations professionnelles bruxelloises et administrateur d’eDebex, jeune entreprise spécialisée dans le rachat de créances en ligne, dont nous vous parlions le mois dernier. Parallèlement, Jean-Luc Louis consacre pas mal de son temps, de son expérience et de son énergie à favoriser le retour à l’emploi des plus de 45 ans. Un groupe qui risque trop souvent la marginalisation : « Beaucoup ont tendance à baisser les bras, à s’installer devant leur télé plutôt qu’à se reconstruire un carnet d’adresses », explique Jean-Luc Louis. À travers l’asbl 50s@Work in Brussels, il se bat pour changer les choses : « Ces personnes en décrochage ont surtout un besoin de se revaloriser, de regagner une image sociale vis-à-vis des autres et en premier lieu de leur famille et de leurs enfants. » Un projet pilote concluant L’an dernier, moyennant beaucoup de bonne volonté et une petite aide de 12.500 euros via l’ex-Ministre de 32 BECI - Bruxelles métropole - mai 2015 Jusqu’à octobre dernier, les participants se sont réunis au moins une fois par semaine pour faire avancer leurs projets. Ils ont également défini eux-mêmes des sujets, qui ont fait l’objet de séminaires sur mesure. « Comment se positionner sur LinkedIn », par exemple. À ce stade, aucun projet n’a encore débouché sur la constitution d’une entreprise, mais certains en sont très proches. Chacun d’eux a donné lieu à un rapport détaillé et à un plan d’affaires, avec une trace tangible du travail réalisé pouvant être intégrée à un CV. Car le résultat le plus encourageant est que 13 des 35 participants ont déjà retrouvé du travail, pendant le stage même. « L’un des participants à l’étude sur la mobilité a été engagé par le biais du responsable logistique qu’il avait interviewé pour l’enquête. Ces 13 départs ont été célébrés dignement », se félicite Jean-Luc Louis. L’asbl 50s@Work a introduit une demande de subside auprès du cabinet Gosuin, ainsi qu’auprès d’Actiris. Elle espère trouver ainsi des moyens financiers (autour de 35.000 euros) qui lui permettraient de lancer une deuxième édition élargie à une quarantaine de personnes et engager une personne à mi-temps pour pérenniser l’organisation. « Notre initiative est assez unique sur un sujet qui n’est pas très porteur en Wallonie et à Bruxelles, où c’est surtout le chômage des jeunes qui mobilise l’attention. » ● R.A.
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