SPEAKER’S LE MOIS POLITIQUE 2015, ON EFFACE ET ON RECOMMENCE ? Dressons ensemble la liste de nos bonnes résolutions 2015. Peu importe qu’in fine on s’y tienne ou pas. Les promesses que l’on se fait à l’aube d’une nouvelle année sont comme les régimes de printemps : le but n’est pas tant de s’y tenir que de participer au mouvement. | Michel Geyer La première de nos résolutions sera donc de n’en vouloir à personne. Ni aux organisations syndicales qui nous ont coincés à la maison fin 2014. Ni même un petit mot sur les policiers qui ont organisés des contrôles bloquant les circulation le lendemain d’une grève nationale, et cela pour protester contre le résultat d’une action en justice qu’ils ont eux-même initiée. On n’en voudra pas non plus aux économistes qui remettent en questions tous les calculs sur le coût réel de plusieurs journées de grève. Finalement, dans le doute, mieux vaut estimer que bloquer un pays, frustrer de motivés travailleurs (on ose le mot), ralentir l’économie… bref, que tout cela ne coûte rien. Autre promesse : se déplacer autrement. Moins cher et plus écolo. Fini la voiture pour les petits trajets. Juré-craché, on sera aussi durables que des bobos de Flagey. Certes, le métro, on l’a testé pendant nos années à l’école secondaire et le verdict est sans appel : il passe trop loin de la maison. Quant au vélo, notre rue est en pente, ce qui complique le démarrage. Non, notre mode de déplacement de 2015 ce sera soit le taxi, soit Uber. Interdiction de dire qu’il est incohérent d’utiliser l’un et l’autre. Après tout, Pascal Smet a eu le droit – lui – de défendre le système de « co-voiturage » (hum, hum) avant de purement et simplement déposer plainte contre celui-ci. Alors, pourquoi pas nous ? D’ailleurs, en 2015, on se comportera comme des politiques. Après tout, nos chers élus ne cessent de jurer être « comme tout le monde ». Eh bien nous, nous serons comme eux. Sans le chauffeur évidemment (puisqu’on vous dit qu’on prendra Uber ou le taxi). Mais avec ces petits plaisirs qu’ils 6 BECI - Brussels Business - janvier 2015 CORNER Devinette : sommes-nous 1. place De Brouckère ?, 2. sur la Rambla ?, 3. sur Time Square ? s’offrent allègrement quand ils sont chez eux ; entendez, quand ils quittent la scène régionale pour retourner dans leurs fiefs communaux. Pour nos entreprises, on va par exemple organiser le déficit comme ils organisent celui qui permet à leurs communes de se mettre sous tutelle régionale. À l’heure des budgets communaux, on a constaté qu’une quinzaine de communes bruxelloises sur dix-neuf avaient opté pour cette formule. Une véritable formule magique, qui permet de bénéficier d’un financement complémentaire. On vous laisse deviner qui alimente cette manne céleste… Sachons occuper les touristes Dans nos rêves les plus fous, la Monnaie ou la Bibliothèque Royale seront refinancées, puisqu’après tout elles ont également les moyens d’être déficitaires. Ce qui permettrait d’attirer à Bruxelles des touristes dont on nous dit que, sans création d’un nouveau Musée d’Art Machin, ils ne savent pas trop quoi faire. À propos de ces mêmes touristes, on leur souhaite d’apporter dans leurs bagages des solutions pour une réelle – on n’ose plus dire « meilleure » – circulation routière. Est-ce le test de mise en sens unique des boulevards Max et Jacqmain ? L’idée de créer un vaste piétonnier dans le centre ? La simple activité économique liée aux courses de fin d’année ? Le mois de décembre a vu d’interminables bouchons entre les gares du Nord et du Midi. Jusqu’à deux heures pour un trajet de moins de 5 km. De quoi faire fuir n’importe quel être de bon sens. Or, Bruxelles n’a de cesse de se comparer à Barcelone ou New-York quand elle rêve et défend ses projets de réaménagements. Libre à elle, mais on aimerait simplement qu’elle s’inspire vraiment de ce qui fonctionne bien. Toutefois pas de panique : on rêve. Et de toute manière, les bonnes résolutions sont faites pour ne pas s’y tenir, non ? ●
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