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EntreprendreRebondir retrouver force et estime de soi. Maintenant, on va de l’avant car on est des battantes et des cheffes d’entreprise au départ. » Des confiances retrouvées Guillaume a été traiteur durant 20 ans ; son entreprise bruxelloise occupait une trentaine de personnes. « Le marché a évolué. J’ai essayé de m’adapter, j’ai épuisé toutes les procédures, je me suis battu pour mes deux enfants, mais la faillite devenait inévitable. À force d’avoir la visite d’huissiers, de leur expliquer ce qu’est l’Onem, la TVA et d’autres soucis d’indépendants, on a sympathisé. J’ai appris l’existence de reStart via Facebook et je m’y suis inscrit. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas une plus longue liste d’attente pour rejoindre ce programme car il constitue une chance, une richesse pour rebondir. Je m’étais associé pour lancer une nouvelle activité, et finalement je continue seul car on ne s’est pas entendus. Mais j’ai retrouvé ma confiance et veux continuer à me battre. » Zakia avait une entreprise avec son mari depuis 20 ans. Ils employaient près d’une centaine d’ouvriers. « Du jour au lendemain, on a perdu un tout gros client : le Parlement européen. On a engagé toute notre énergie et nos économies pour s’en sortir, mais il n’y a rien eu à faire pour éviter la faillite. J’ai pris contact avec ce programme pour y inscrire mon mari. Mais il était en burn-out et j’y suis finalement allée seule. J’ai rencontré des gens avec des capacités et des compétences énormes, vivant des situations pires que la mienne, mais qui voulaient s’en sortir. Dans le groupe, j’étais l’ovni car la seule à encore être mariée. On avait tous des dettes, mais il y avait cette dynamique qui fait qu’on reprend confiance. » Accompagnements individuels et collectifs Le programme reStart consiste en des accompagnements professionnels individuels (test de personnalité, coaching…) mais aussi collectifs (au travers de groupes d’échange et de développement, d’ateliers et de workshops). Il invite à d’abord accepter la réalité de la faillite avec bienveillance, à trouver des opportunités dans la réalité pour grandir et à se créer une nouvelle réalité professionnelle pour rebondir. « Il faut accepter d’être bousculé, de subir un électrochoc. Tout le monde n’est pas prêt à cela », concède Olivier, qui tenait depuis 2005 une librairie dans le quartier européen. « Elle se trouvait à quelques pas de la station de métro Maelbeek. J’ai déposé le bilan en 2016 et je n’ai rejoint ce programme que plusieurs années plus tard, lorsque le burn-out était passé et que je me sentais à nouveau d’attaque. On travaille sur les raisons de l’échec car cela permet de repartir. Avec une autre reStarteuse, on a créé une asbl pour la défense et la promotion des artistes (Artistic Booster Academy, ABA). À deux, on est plus forts pour créer un projet. Avec nos expériences du passé, nous avons décidé de minimiser les risques en prenant le statut d’indépendant à titre complémentaire. » Eric Van den Bemden aux côtés de la secrétaire d’État, Barbara Trachte. Traumatismes multiples « Nous avons lancé le programme reStart pour soutenir et accompagner les entrepreneurs bruxellois qui ont fait faillite, liquidé leur entreprise ou fermé leur commerce », rappelle Eric Vanden Bemden, son initiateur et coordinateur. « Nous avons suivi environ 160 hommes et femmes entrepreneurs/ indépendants de tous âges et toutes origines. Nous avons également sensibilisé l’opinion au travers de tables rondes et conférences, mais aussi les prescripteurs tels que les curateurs, les acteurs du Tribunal de l’entreprise, les CPAS, Actiris… Nous avons par ailleurs développé des synergies au sein de Beci entre le programme Starters, le Centre pour Entreprises en difficulté et le hub.transmission. Aujourd’hui, nous pensons que notre programme est mûr pour être reconnu comme un acteur complémentaire de l’écosystème bruxellois et jouer le rôle de coordinateur du rebond et de cellule de transition entre la faillite et la réinsertion professionnelle. » Et Antoine Parmentier, coordinateur de promotion, d’ajouter : « Dans ce processus de transition, les participants doivent apprendre à vivre avec cinq traumatismes qui sont professionnels, financiers, sociaux, familiaux et personnels. » Projet-pilote ? Très attentive aux témoignages de chacun, la secrétaire d’État a minutieusement pris des notes. « Dans les médias, on parle beaucoup de création de start-ups, de leurs réussites, mais rarement des échecs qu’elles peuvent essuyer ou de la façon dont les entrepreneurs peuvent rebondir. Je m’étonne que ce programme d’accompagnement n’existe qu’à Bruxelles et pas dans les autres régions du pays. Je vais l’évoquer auprès de collègues de groupe qui sont au fédéral et en Wallonie. Il pourrait servir de modèle pour lancer d’autres projets dans d’autres villes qui pourraient avoir besoin de l’expertise de reStart. » ● Julien Semninckx Bruxelles Métropole - mars 2020 ❙ 39 © Reporters

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