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Idées À côté de cela, François De Smet estime qu’il est aussi possible de travailler en amont à la problématique des pensions, notamment en se penchant sur la question de l’égalité homme-femme. « C’est un fait, parmi les travailleurs n’ayant pas une carrière complète, on retrouve plus de femmes que d’hommes. Tout simplement parce qu’elles ont, à un moment donné, mis leur carrière entre parenthèses pour s’occuper des enfants, de la maison, etc. Des mécanismes pour rétablir l’égalité homme-femme, tels que la mise en place d’un congé de paternité de 15 semaines obligatoire, pourraient jouer un rôle positif. Il faut avoir une approche plus large et plus réfléchie de la problématique de la pension. » Un effort financier à coupler avec une réforme fiscale Dans ce projet, la question du coût se pose évidemment. Et François De Smet d’expliquer : « Si l’on devait aujourd’hui indexer toutes les pensions minimales à 1.500 euros, cela coûterait au gouvernement pas moins de 3,2 milliards d’euros. Mais si on reporte cela à 2024, et avec les effets d’indexation, on arrive à un effort financier de 1,1 milliard d’euros, ce qui nous paraît jouable ». Naturellement, il faudra aller chercher cet argent quelque part pour le parti Défi, cette réforme devra donc aller de pair avec une réforme fiscale réelle. Pour le député, elle s’articulerait autour de trois axes : d’abord, une suppression progressive de certains avantages extra-salariaux et notamment les voitures de société. Ensuite, un allègement de l’impôt sur les personnes physiques où la progressivité L’objectif d’une pension minimale de 1.500 euros est une avancée, mais il n’est pas pour autant suffisant à mes yeux Daniel Bacquelaine, ministre des Pensions de l’impôt serait revue et où le patrimoine (hors maison personnelle) serait mis à contribution. Et enfin par un renforcement de la lutte contre la fraude fiscale et l’évasion de capitaux, une matière qui a été largement désinvestie. « Si l’on veut réussir à financer ce projet de pension, il faut aller chercher l’argent non pas uniquement dans les poches des travailleurs mais aussi dans celles des détenteurs de rentes. Cela permettrait aussi de lutter contre les iniquités fiscales qui sont bien réelles aujourd’hui. » 38 % des Belges inquiets pour leur retraite D’après une enquête réalisée pour la compagnie d’assurances vie NN, 38 % des Belges craignent Avec le papy-boom qui s’annonce, le système de pension va être encore davantage mis sous pression et il va falloir trouver de nouvelles solutions François De Smet, député fédéral et président de Défi de se retrouver désargentés une fois partis à la retraite. Un chiffre qui n’étonne pas Daniel Bacquelaine : « Depuis la réforme des pensions, le sujet mobilise et inquiète de nombreux citoyens. Avec la création de la plateforme MyPension, qui compte déjà 15,6 millions de visiteurs depuis début 2016 (dont 2,7 millions de visiteurs uniques), de nombreuses personnes se rendent compte qu’elles percevront un montant bien moins important que ce qu’elles avaient imaginé. Cette prise de conscience est nécessaire car elle permet à ceux qui le souhaitent de réorienter leur carrière de façon à ce que leur pension soit plus élevée. Je vois aussi cet outil comme un incitant à cotiser dans un système de 2e explique-t-il. voire de 3e pilier pour garantir ses revenus », Pour François De Smet, ce sentiment d’inquiétude n’ira pas en s’améliorant et les gouvernements futurs devront en tenir compte. « Avec le papy-boom qui s’annonce, le système de pension va être encore davantage mis sous pression et il va falloir trouver de nouvelles solutions pour maintenir un système de pensions digne pour tous. La proposition d’une pension minimale de 1.500 euros est positive, mais il ne faut pas en rester là et on doit continuer à travailler sur la problématique des pensions à d’autres niveaux », conclut-il. ● Gaëlle Hoogsteyn Bruxelles Métropole - mars 2020 ❙ 19 © Belga © Belga

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