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Open Source Vers un entrepreneuriat techno-paritaire Et si on plaidait pour un entrepreneuriat technoparitaire ? Voilà un objectif ambitieux qui permettrait selon moi de lutter contre cette double peine : celle des femmes encore beaucoup trop absentes du monde entrepreneurial et celle des femmes sous-représentées dans le secteur des technologies. l’informatique n’a pas toujours été une affaire d’hommes, le secteur s’étant fortement masculinisé à partir des années 80. Quarante ans plus tard, que fait-on ? En Région bruxelloise, si les chiffres du Baromètre de l’entrepreneuriat féminin (2017) sont encourageants, avec une augmentation du nombre d’indépendantes de 16 % en 5 ans, les femmes restent toutefois sous-représentées, ne dépassant toujours pas la barre des 30 % ! Quant à la représentation des femmes dans le domaine des TIC, les chiffres sont édifiants. J’ai participé récemment à une conférence initiée par l’Unesco et l’ONU-Femmes et organisée à Bruxelles par l’ARES (Académie de Recherche et d’Enseignement Supérieur), à l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science. Deux constats sont à l’origine de la thématique retenue pour 2020 : la sous-représentation des femmes dans les domaines du numérique au sens large et l’existence de biais de genre au sein des technologies de l’intelligence artificielle (IA), menant à reconduire de manière implicite les inégalités hommes/femmes. Tout au long de la journée, les différentes oratrices ont pu démontrer – chiffres à l’appui – l’état de la situation. Selon l’Agence du Numérique, « 4,6 % de la population active occupe une fonction informatique : c’est deux fois plus qu’en 2007 ! Mais 82 % de ces fonctions sont occupées par des hommes ! » À plus grande échelle, la Commission européenne indique1 que « les femmes représentent 52 % de la population européenne mais n’occupent que 15 % des emplois liés aux TIC. » Une des raisons tient sans conteste à l’absence d’intérêt des jeunes filles pour la formation dans ce secteur, ce qui est confirmé par Agoria pour la Belgique : « À peine 25% de femmes sont diplômées dans les filières STEM (21e au niveau européen) ». Les conférences et la littérature foisonnent sur le sujet : éminences grises et blogueuses s’accordent sur ces constats, apportant chacune ses pistes de solutions. On nous rappellera au passage, sous le prisme historique et/ou sociologique, que Quand Agoria annonce qu’en 2030, 310.000 personnes vont perdre leur emploi parce que leurs compétences ne seront plus utilisées, il est indispensable aujourd'hui de renforcer et de créer des structures d’accompagnement pour booster la formation aux nouveaux outils du numérique. Les femmes ne peuvent pas louper le coche. Je plaide pour qu’elles se saisissent des opportunités nouvelles que ce nouveau contexte économique va créer pour que, demain, on puisse sinon atteindre, du moins tendre largement vers un entrepreneuriat techno-paritaire ! ● 1 Dans son étude Women in the Digital Age (2018). 20 ❙ Bruxelles Métropole - mars 2020 Et si on rendait l’entrepreneuriat techno-paritaire ? Avec l’arrivée des nouvelles technologies et l’impact que cela a causé sur nos usages, nos comportements et, de facto, sur les entreprises, il est nécessaire d’adopter une approche globale et transversale. Le développement de l’entrepreneuriat est indissociable du numérique et des nouvelles technologies. En effet, non seulement les femmes doivent acquérir des compétences relationnelles (soft skills) pour développer leur entreprise, mais elles doivent également maîtriser certaines compétences techniques pour augmenter la visibilité en ligne de leur projet, service ou produit. Parmi les solutions régulièrement proposées, la formation continue et professionnelle est, selon moi, une réponse efficace à privilégier. En effet, si tout le monde s’accorde à dire qu’il est temps que les femmes s’engagent à prendre « l’autoroute de l’information », encore faut-il leur apprendre à conduire et à lire les cartes ou encore les panneaux de signalisation. Julie Foulon, CEO, Girleek D.R.

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