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Idées Thibauld Jongen : « L’économie, la surveillance des frontières, l’écologie, passent aussi par le spatial » Thibauld Jongen dirige la Sabca, l’un des principaux acteurs de l’industrie aéronautique belge, associé à des programmes tels qu’Airbus ou Ariane. L’entreprise, qui va fêter son centenaire, est l’un des rares acteurs industriels à Bruxelles. De la formation et de la durabilité et jusqu’au tourisme spatial, il évoque avec nous les défis de son entreprise et de son secteur. Aujourd'hui, l'un des challenges majeurs de l'industrie aérospatiale est de combiner la pression écologique, sociale, politique, ainsi que la hausse des coûts et la main d'œuvre. Comment cela se passe ? La Sabca a plusieurs défis. L'un d'eux nous a déjà occupés durant trois ans, puisqu'il s'agissait de la transformation digitale afin de s'adapter à un monde globalisé. Une évolution qui nous a permis de redevenir une entreprise robuste, profitable, compétitive. D'autres défis sont devant nous. Il faut trouver de nouveaux programmes pour remplacer ceux qui s'éteignent lentement, comme l'A380, dont la production a été stoppée, ou Ariane 5. Un autre défi est notre position en zone urbaine où les coûts salariaux sont majeurs. Il faut pouvoir diminuer ces coûts en mettant la valeur ajoutée là où elle fait sens. C'est la raison pour laquelle nous avons maintenant une filiale au Maroc pour les produits d'assemblage, où la partie main d'œuvre est assez importante. Avec cette nouvelle filiale, l'idée est d'entamer un cercle vertueux afin de rester compétitifs et de ramener du travail à haute valeur ajoutée à Bruxelles et dans nos autres filiales belges. Être l'une des rares entreprises industrielles établies en Région bruxelloise, cela représente des défis. Selon vous, est-ce qu'il est encore possible de concilier ville et industrie ? Oui, absolument. Je pense que l'industrie est essentielle dans une société. Si demain nous n'avons que des services, 12 ❙ Bruxelles Métropole - mars 2020 nous allons acheter nos produits à l'étranger, au prix fort. Il faut maintenir des emplois à caractère industriel en Belgique et dans un milieu urbain. Cela permet d'appartenir à un écosystème global et d'offrir des opportunités à des ingénieurs, à du personnel qualifié, sans devoir se délocaliser hors de la ville. L'un des avantages à être en milieu urbain est de pouvoir bénéficier de la disponibilité de travailleurs formés dans la région. Nous pouvons aussi compter sur le soutien de la Région bruxelloise en termes de recherche et développement, d'innovation mais aussi de formation. Parlons d'environnement. Quelles sont les initiatives concrètes pour réduire l'impact carbone des avions ? La Sabca a déjà mis en place certaines bonnes pratiques. Nous avons l'un des plus grands parcs de panneaux solaires à Bruxelles, qui génère l'équivalent de l'électricité de 300 ménages par an. Les luminaires ont été remplacés par des LED, nous réduisons notre consommation de chauffage, etc. Les initiatives au niveau de l'aéronautique sont bien sûr de réduire la consommation de fuel dans toute la chaîne d'approvisionnement. Pas uniquement quand l'avion vole mais également en amont lors de la fabrication, du transport, etc. Je pense que l'industrie aéronautique est l'une des plus conscientes des défis et qui a fait le plus de progrès depuis ces dix dernières années. Pour revenir sur les options stratégiques de la Sabca, vous avez développé un programme de drones. Que pouvez-vous nous en dire ? Il s'agit d'un business unique que l'on a créé comme étant l'extension naturelle de toutes les compétences que la Sabca a accumulées depuis cent ans. En voulant trouver des

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