ReStart : « Il n’y a pas de réussite facile ni d’échecs définitifs » (Marcel Proust) La philosophie qui anime le programme reStart de Beci, dédié au rebond, est d’accompagner ceux qui ont connu un échec entrepreneurial, quelle qu’en soit la forme, et de transformer l’expérience passée en un moteur de réussite future. Mehdi Ferron Le tabou de la faillite en passe d’être brisé ? On a longtemps passé sous silence l’échec entrepreneurial. Pourtant, la hausse du nombre de faillites à Bruxelles (1.645 au premier semestre 2019) devrait participer à déstigmatiser cette question. « L’échec est encore un tabou, alors même que l’on constate que les entrepreneurs qui rebondissent réussissent mieux que la moyenne », déclare Eric Vanden Bemden, coordinateur du programme reStart. Cet engagement a d’ailleurs reçu cette année un relais appréciable dans les médias. Un programme qui a fait ses preuves : Depuis 2017, reStart a accueilli 9 promotions. Le programme, d’une durée de 5 mois, répond aux réels besoins des entrepreneurs en rebond : accepter la réalité de leur échec, renforcer leur confiance et leur estime de soi, tourner la page pour en écrire une nouvelle. Une partie des reStarters a choisi de se diriger vers le salariat, tandis que d’autres ont relancé une nouvelle activité entrepreneuriale. Une aventure humaine : Pour faire ressortir le meilleur de ces entrepreneurs, le programme laisse la part belle à la dynamique de groupe et au partage d’expérience. « ReStart est nourri par la bienveillance et le respect, ce qui ne peut qu’être utile pour retrouver l’espoir, (re)devenir persévérant, oublier les doutes et les questionnements », confie Olivier G. Il est fantastique de voir qu’à chaque séance de clôture, une grande émotion gagne les participants, prêts à envisager l’avenir avec enthousiasme. Ils pourront d’ailleurs compter sur le soutien de leurs pairs, devenus pour certains une véritable famille. • 130 Un temps fort : la présentation chez Beci de l’ASBL ABA, lancée par deux reStarters. Depuis le lancement du programme en mars 2017, nous avons accompagné 130 reStarters. Aujourd’hui, 47 % ont retrouvé un job et 53 % ont lancé un nouveau projet entrepreneurial ou sont en cours de finalisation. En 2019 (estimation après 9 mois), 514 participants ont suivi nos ateliers et formations reStart. TÉMOIGNAGE Isabelle (prénom d’emprunt) « Je suis pharmacienne, et j’ai travaillé pendant 25 ans dans ce domaine. En 2014, j’ai repris une officine à Bruxelles pour être mon propre patron. En 2017, ma rue a été bloquée par de gros travaux et, du jour au lendemain, j’ai perdu une grande partie de mes clients. J’ai dû fermer en janvier 2018 car je ne pouvais plus payer mes fournisseurs. La faillite de la pharmacie a été actée en septembre de la même année. Sur recommandation du curateur, j’ai rejoint le programme reStart qui m’a vraiment aidée à déculpabiliser de cette faillite. Et surtout, j’ai été amenée à tirer un enseignement de mon expérience et à réfléchir sur ce que je voulais réaliser à l’avenir. Ce n’est pas un enseignement technique ou de gestion, c’est avant tout un enseignement humain. Je sais désormais que je veux continuer à travailler dans la santé, car j’aime écouter et aider les gens. Mais je le ferai dans un cadre qui corresponde cette fois-ci davantage à ce que je suis. Si la faillite est souvent une forme de destruction de soi-même, de l’égo, parfois même de la santé, reStart, c’est la reconstruction. Nous continuons à garder le contact avec l’ensemble de la promotion, et on se revoit au moins une fois par mois. Lorsque l’un de nous rencontre un problème, nous en parlons avec les autres et nous cherchons des solutions. Pour la suite, je vais lancer mon activité en tant qu’indépendante, et peut-être tirer parti du programme starters de Beci pour m’enrichir de la dynamique de groupe. » 38 | Beci Rapport d'activités 2019 © Reporters
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