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Le piège des hommes Open Source O n le sait, énormément d’entreprises ont démarré leur transformation digitale. Dans les pires des cas, cela se traduit par un bain de sang social. Dans d’autres cas, et souvent dans les plus petites entreprises, la transformation digitale peut se faire en douceur, sur un plus long terme, et avec moins, voire peu de conséquences sociales négatives. Qu’en est-il de l’État et de ses multiples subdivisions (régions, communes, ministères, parastataux…) ? Pour l’instant, il n’en est (presque) rien. Le fonctionnement de l’appareil de l’État dépend toujours, et à 99 %, d’armées de fonctionnaires qui gèrent avec bienveillance l’application des milliers de lois, règles, exceptions, subsides et taxes. Le taux de digitalisation des pouvoirs publics est très faible. Or, il est inutile de répéter une énième fois que les dépenses de l’État doivent diminuer. Le taux de taxation, qui dépasse très largement les 50 %, ne pourrait plus augmenter. Une manière de réduire ces dépenses serait d’automatiser ou digitaliser toute une série d’opérations réalisées actuellement par des humains. Évidemment, ceci reviendrait à diminuer le nombre de fonctionnaires ou devoir les réaffecter à autre chose. Supprimer des fonctionnaires serait une mesure extrêmement impopulaire (n’oublions pas qu’il s’agit d’une partie importante de l’électorat), et de toute manière, le statut de fonctionnaire nommé à vie est encore bien présent dans de nombreux organismes publics. Reste alors la possibilité de former ces fonctionnaires à d’autres métiers si le leur venait à être digitalisé. Malheureusement, comme d’ailleurs dans beaucoup d’entreprises, l’inertie sociale rend ceci difficile, car on reste encore trop souvent dans un rêve d’emploi à vie, où tout changement majeur est vu comme une menace. Ce problème est-il sans issue, et l’État condamné à devenir de moins en moins compétitif en comparaison avec le fonctionnement de plus en plus optimisé des entreprises ? Que ce soit dans le public ou dans le privé, la vraie solution pour éviter soit le bain de sang social, soit l’inéluctable perte en efficacité, est de se projeter à dix ans (allez, au moins cinq !) et d’imaginer le fonctionnement de demain, digitalisé et optimisé. L’idéal serait que les dirigeants (publics ou privés) parviennent à se mettre à table avec les travailleurs pour expliquer leur vision du futur, en proposant un plan qui amènerait les changements en douceur et de manière progressive. Malheureusement, et certainement dans les grands organismes (publics et privés), ceci est rendu impossible par la teneur des relations entre dirigeants et syndicats, qui a souvent des allures de pièce de théâtre. Giles Daoust, CEO de Daoust Comme le conseillent depuis des années les articles du type Harvard Business Review aux grandes entreprises : pour éviter de se faire disrupter, il faut se disrupter soimême. Le problème – et il est mondial – est que ce qui va se faire disrupter dans les prochaines décennies… c’est l’humain. Toute résistance est futile : il ne faut pas résister, il faut évoluer. Or, les crises politiques à rallonge et à répétition, et les oppositions patrons / syndicats qui commencent à dater d’un autre temps, sont autant d’obstacles majeurs à toute évolution significative de notre société. Si les humains ne s’entendent jamais entre eux, comment pourraient-ils survivre face à la machine ? C’est ça, le « piège des hommes » évoqué dans mon titre, et il est grand temps de nous serrer les coudes pour nous en sortir ensemble. ● 10 ❙ Bruxelles Métropole - octobre 2019 D.R.

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