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Green Gérer le risque climatique : un enjeu économique pour les villes C’ est une étude réalisée par Lloyd’s, LA référence en matière actuarielle, qui l’a révélé en 2018 : le plus gros risque auquel Bruxelles est exposée, au même titre que plusieurs autres grosses villes européennes d’ailleurs, ce n’est pas du côté des crises financières qu’il faut le chercher, ni même du côté des pandémies, comme l’épisode H5N1 ou celui, plus récent, lié à la résurgence de maladies comme la rougeole ou la tuberculose, mais du côté des... inondations, et plus largement des manifestations liées aux dérèglements climatiques. Dérèglements que les assureurs intègrent désormais dans la gestion des risques, comme nous le confiait voici quelques mois le CEO d’Ageas. En 2018, Lloyd’s avait estimé à près de 250 millions de dollars les risques liés aux inondations, laissant à distance les risques financiers (230 millions de dollars) et plus loin encore, à 210 millions de dollars, le coût lié aux cyberattaques dont on parle pourtant beaucoup. Dans quelques semaines, avec la publication du nouvel index de Lloyd’s, nous verrons dans quelle mesure la situation a évolué ou... s’est dégradée. Quoi qu’il en soit, à bien consi34 ❙ Bruxelles Métropole - juin 2019 Bruxelles connaît régulièrement des épisodes d’inondation, comme ici à Woluwe, en 2016. © Belga dérer le nombre de soucis rencontrés récemment lorsque les éléments se déchaînent, il y a visiblement encore beaucoup de pain sur la planche. Carte des zones inondables À Bruxelles, le politique a pris conscience de la nécessité de bien appréhender ces phénomènes extrêmes, faute de pouvoir les prévenir. « Nous avons établi une carte des zones inondables », expliquet-on à Bruxelles Environnement. « Il s’agit d’une sorte de cadastre qui détermine les zones où des inondations sont susceptibles de se produire, en fonction de renseignements établis sur une base scientifique, d’une part, et d’autre part selon des observations rassemblées par le Service d’Incendie et d’Aide Médicale Urgente de la Région (SIAMU), par le Fonds des Calamités et par Vivaqua. » Un peu plus en amont, du côté du réseau d’égouttage, la situation n’est guère brillante : l’état des 2.000 km d’égouts est assez mal connu, l’égouttage double séparant eaux pluviales et eaux usées quasiment inexistant et l’étanchéité des conduites souvent très relative. Outre les effondrements qui se sont multipliés au cours des dernières années, le mauvais état du réseau de conduites peut contribuer Les conséquences du dérèglement climatique constituent désormais une menace sérieuse pour les villes et leurs entreprises, plus encore que le coût lié aux cyberattaques ou les risques liés aux pandémies comme celle du H5N1, en 2004... à accentuer les conséquences de précipitations inhabituelles. Avec les conséquences que l’on sait. Plan Pluie Dès 2008, la Région a agi de manière conséquente en actionnant le Plan Pluie, plan complété par la mise en place de la plateforme de coordination réunissant les différents opérateurs et acteurs de l’eau de la Région. Un peu plus tôt, en 2006, le placement des citernes d’eau de pluie avait même été rendu obligatoire pour toute nouvelle construction. En plus du double égouttage auquel la Région accorde désormais beaucoup d’importance, d’autres actions efficaces sont désormais engagées, encore en aval, mais aussi de plus en plus souvent en amont. Ainsi, l’installation de toitures vertes est encouragée par des primes, de même que l’aménagement de surfaces perméables sur les zones de parking. Il y a urgence : entre 1955 et 2006, le taux d’imperméabilisation des sols n’a cessé de grimper, passant de 27 à 47 %. Aujourd’hui, un mouvement s’est engagé en sens contraire et la tendance au bétonnage cède peu à peu la place à la perméabilisation.

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