Transition Le diesel, coupable de tous les maux ? Longtemps promu comme le meilleur choix environnemental et économique, le moteur diesel est devenu le « vilain », à l’aune de son impact sur la qualité de l’air. Plus de 250 villes européennes, dont Bruxelles, imposent aujourd’hui des restrictions à la circulation de certains véhicules diesel, voire essence. Certains pays envisagent même, à terme, d’interdire leur vente. Si l’on veut comparer essence et diesel, il faut tenir compte à la fois du rendement moteur et de la consommation spécifique. Le rendement moteur traduit le rapport entre la quantité d’énergie produite par la combustion du carburant et la quantité d’énergie mécanique qui en résulte. À cet égard, le fonctionnement des moteurs diesel et essence diffère : dans les moteurs essence, le mélange air-carburant est injecté à basse pression et allumé par une étincelle. Dans les moteurs diesel, la combustion est enclenchée par l’injection d’air à haute pression, dont la surchauffe provoque l’ignition du carburant. Le rendement est bien meilleur pour le diesel : 42 %, contre 35 % pour l’essence. En termes de consommation spécifique également, l’avantage est au diesel, dont la consommation est de 20 à 30 % inférieure à celle d’un moteur essence, à cylindrée égale. Les émissions de CO2 par km sont donc aussi inférieures à l’essence, de 15 à 25 %. Pollution Mais si les moteurs diesel sont plus performants en termes de rendement, de consommation et d’émissions de CO2 , où est le problème ? C’est que le diesel produit beaucoup plus de particules fines et d’oxydes d’azote (NOx) : des molécules nocives, dont certaines sont de puissants gaz à effet de serre. D’où l’obligation d’équiper ces moteurs d’un filtre à particules et d’une vanne EGR. L’entretien régulier de ces systèmes est essentiel pour qu’ils restent efficaces et limitent les émissions nocives. Cela dit, les moteurs essence modernes, à injection directe, rejettent également des particules fines. D'où l'obligation prochaine de monter des filtres également sur ces moteurs. P our l’heure, l’essence a le vent en poupe et les ventes de diesel diminuent constamment. Mais qu’en est-il exactement de leurs performances environnementales comparées ? Et quelles sont les principales différences entre ces deux carburants ? Diesel et essence sont issus d'un processus de raffinage du pétrole. Leur combustion, notamment dans les moteurs de nos véhicules, est responsable d’environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre bruxelloises, et presque un quart des émissions européennes. Précisons qu’il existe aussi du diesel synthétique, produit à partir de biogaz, de gaz naturel, de charbon, de biomasse gazéifiée ou d’autres matières végétales. Ainsi, la consommation de biocarburants dans les véhicules diesel a absorbé environ 46 % de l'huile de palme utilisée dans l’UE en 2015. Alors, faut-il bannir le diesel ? Pas si simple... Selon les objectifs poursuivis, le diesel peut s’avérer un meilleur choix que l’essence. Les alternatives électriques, hybrides ou autres sont de plus en plus nombreuses et accessibles, mais il reste du chemin avant qu’elles se généralisent. Le choix reste limité pour les utilitaires (camions, tracteurs...) et les infrastructures de recharge ne sont pas encore disponibles à grande échelle. Les recherches se poursuivent pour développer de nouveaux carburants performants et moins polluants. Par ailleurs, les nouvelles normes européennes (Euro VI et Euro VId) limitent strictement les émissions de NOx et suies. In fine, la solution aux défis environnementaux ne se réduira pas à l’interdiction de l’un ou l’autre type de carburant. Il s’agira plutôt de choisir un mix des meilleures technologies disponibles en fonction des besoins et usages, et surtout d’un profond changement des comportements. ● Laura Rebreanu Sustainable Development Coordinator Beci lr@beci.be ; T +32 2 643 78 26 50 ❙ Bruxelles Métropole - mai 2019
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