44

multiplient les annonces. Le 18 mars dernier fut même dévoilé AI 4 Belgium, un plan fédéral dont l’idée est de déployer plusieurs pôles de l’intelligence artificielle, dont la formation et le développeDidier Ongena (Microsoft Belgique) ment de start-ups. « Il y a par ailleurs une réflexion autour du déploiement d’un bâtiment à Bruxelles dédié à l’IA », évoque Hugues Bersini. « Il pourrait héberger toutes les formations doctorales du pays et pourrait faire office d’incubateur pour les entreprises. Une centralisation au niveau fédéral me semble indispensable, tout simplement parce que la masse critique des docteurs et formateurs n’est pas assez importante dans chaque université. » Avec toutes ces nouvelles initiatives, notre capitale pourrait-elle donc briguer le titre de « pôle d’excellence de l’intelligence artificielle » à l’échelle européenne ? « On peut miser sur la transition énergétique et la mobilité » « À l’heure actuelle, les pays européens sont plus ou moins au même niveau », estime Philippe Van Impe, de chez DigitYser. « Certains sont un peu plus avancés, tous investissent dans le développement, mais les pays européens sont globalement en retard par rapport aux États-Unis et à la Chine. » Une des solutions qu’il évoque serait de miser sur les applications industrielles : « Si les Chinois sont n° 1 en intelligence artificielle, c’est parce qu’ils ont compris la manière de l’appliquer dans la vie de tous les jours. Ils ont construit des robots ou encore des logiciels de messagerie déjà utilisés aujourd’hui. En Belgique, la formation est très développée en mathématiques ou en statistiques mais je pense surtout qu’il faut investir dans l’application de logiciels destinés à être utilisés, et donc mettre aussi en place des incubateurs où les start-ups peuvent créer et tester des applications. » Philippe Van Impe (DigitYser) Hugues Bersini estime qu’il faut se concentrer sur des secteurs de niche : « Aux États-Unis ou en Asie, les développements en matière d’intelligence artificielle sont initiés par des entreprises privées qui voient d’abord un intérêt lucratif. Il y a effectivement une grosse compétition. Là où 42 ❙ Bruxelles Métropole - mai 2019 la Belgique a certainement une carte à jouer, c’est en développant des secteurs de compétence non trustés par les États-Unis et la Chine. Nous avons une sensibilité sociale et nous pouvons investir dans la mobilité et la transition énergétique. L’IA peut aussi être développée dans le secteur public. Le défi sera de fédérer les forces. » ● Géry Brusselmans L’IA pour des diagnostics médicaux et les investissements On résume souvent l’intelligence artificielle à un cerveau numérique capable de réfléchir comme l’être humain. Les domaines d’application les plus tangibles de l’IA sont par exemple la messagerie intelligente, le robot doué de sentiments ou encore le joueur d’échec virtuel capable d’apprendre de ses erreurs. C’est la partie émergée de l’iceberg. L’IA occupe déjà la majorité des secteurs d’activité et sa croissance est exponentielle depuis quelques années. Des mastodontes comme Google ou Amazon misent d’ailleurs des millions de dollars dans des développements à découvrir ces prochains mois et années. En médecine, on pense à des systèmes experts d’aide au diagnostic, dont certaines machines évalueraient déjà mieux les patients qu’un médecin ! Dans le domaine bancaire et financier, il existe déjà des systèmes d’intelligence artificielle capables d’évaluer des risques liés à l’octroi d’un crédit ; en droit, des programmes pour aider à la décision judiciaire ou trancher des cas simples. Des médias utilisent même des ordinateurs pour rédiger des articles en compilant des données ou des articles déjà publiés. « Si l’on voit le marché de l’intelligence artificielle éclore maintenant, c’est surtout parce que nous avons la puissance de calcul, les algorithmes et les données », avance Didier Ongena, (Microsoft). « Maintenant que nous avons les capacités, il faut du leadership. Il faut que les dirigeants d’entreprises et le gouvernement puissent utiliser l’IA. Si les grandes entreprises et pouvoirs publics décident de transformer les choses à Bruxelles, il y aura un effet domino. Sans oublier que l’intelligence artificielle est indispensable pour la compétitivité future des entreprises. » D.R.

45 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication