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Entreprendre marché. C’est une révolution culturelle pour les médecins et ce n’est pas encore vraiment assimilé. » Autre défi : le recrutement du personnel. Depuis l’entrée en vigueur de la réglementation, nos experts ont tous deux dû renforcer leurs équipes ; mais la difficulté est de trouver les bons profils. En hôpital, on achète aussi bien des fournitures de bureau que des appareils de résonance magnétique nucléaire. « Nos acheteurs doivent avoir une connaissance du milieu hospitalier, des connaissances techniques sur un maximum de produits, des connaissances financières, une aptitude à négocier et un bagage juridique », explique Jean-Christophe Gautier. « Il devient difficile de trouver des personnes ayant toutes ces compétences. » Des marchés très variés Les marchés sont nombreux et portent sur des domaines très variés tels que des appareils médicaux, des médicaments et produits stériles, des fournitures diverses, des consommables, des travaux de rénovation, des services de consultance, etc. « Nos marchés peuvent être intéressants pour tous les types d’entreprises », assure Jean-Marc Derep. Les entreprises ont accès aux offres via la plateforme e-Procurement. Si, sur le principe, les marchés publics sont ouverts à toutes les entreprises, nos deux experts s’accordent sur le fait qu’il est plus facile pour les grosses sociétés d’y répondre. Et Jean-Christophe Gautier d’expliquer : « Les grosses entreprises font souvent appel à des cabinets spécialisés en marchés publics qui s’occupent de détecter les avis de marché potentiellement intéressants pour leurs clients. En comparaison, les petites sociétés ont donc plus de mal à accéder aux marchés. » La partie de la rédaction de l’offre, avec ses annexes, pose elle aussi de vrais problèmes. « Pour certaines entreprises, c’est vraiment abstrait et parfois, cela nous empêche de conclure le marché avec un prestataire qui proposait pourtant un excellent produit ou service à un prix tout à fait compétitif. » Mieux faire connaître la procédure à suivre auprès des entreprises et les aider à répondre correctement aux offres devrait être une priorité, estime-t-il. Un secteur qui pèse lourd à Bruxelles D’après une enquête réalisée par Beci, l'économie bruxelloise a profité, en 2016, de 428 millions d'euros de flux monétaires grâce aux quatre hôpitaux universitaires du CHU Bruxelles. L'effet d'entraînement sur l'économie locale porte à plus d’un milliard d’euros l'impact global du groupe implanté sur le territoire de Bruxelles. Si l’on extrapole ces résultats aux autres hôpitaux, il est clair que le secteur hospitalier est un acteur socio-économique majeur pour la capitale. Dans ce contexte, Jean-Marc Derep estime que le volume des marchés publics au sein des hôpitaux ira sans aucun doute en augmentant. « S’il y a une croissance des investissements, il y aura une Au-delà du matériel médical, les marchés publics des hôpitaux, ce sont aussi les consommables, la consultance, les travaux de rénovation… croissance des marchés publics. Le défi pour les établissements hospitaliers sera de gérer ce volume de marchés et pour nos interlocuteurs, d’y répondre. » ● Gaëlle Hoogsteyn « Les hôpitaux se sont rapidement adaptés » « L’entrée en vigueur de la réglementation des marchés publics a constitué une petite (r)évolution au sein des hôpitaux. On n’achète plus aujourd’hui comme autrefois et cela, il a fallu s’y habituer. Confiance et dialogue doivent s’installer entre le corps médical et les responsables des achats. Mais le processus est définitivement en marche… En effet, même si les hôpitaux se sentent parfois restreints par cette loi, ils ont pris les choses en mains sans se voiler la face : ‘Nous sommes désormais soumis à la loi sur les marchés publics, comment faire avec’ ? En se structurant différemment pour répondre aux étapes d’un marché public, les hôpitaux ont réussi très rapidement à s’adapter à la situation et cela ne peut aller qu’en s’améliorant encore. Les acheteurs publics dans les hôpitaux se sont professionnalisés dans la commande et les hôpitaux se sont mis à jour dans un laps de temps très court. Et ce, bien que le travail soit de grande ampleur. Les hôpitaux achètent quantité de choses. Lorsque la loi est entrée en vigueur, on ne pouvait pas exiger d’eux qu’ils aient des cahiers des charges pour tout, du jour au lendemain. Ils se sont donc focalisés sur les achats les plus urgents, les contrats qui arrivaient à terme, etc. Ils ont dû rationaliser leurs activités et prioritiser. Aujourd’hui, le défi est de capitaliser ce processus pour l’ensemble de leurs besoins. » Christophe Dubois, avocat-associé chez Equal ❙ 47 © Belga

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