Sprout to be Brussels I l doit y avoir quelque chose dans l’eau du robinet. Un micro-organisme de plus dans celle de la Senne. Comment expliquer que Bruxelles comptabilise un nombre si anormalement élevé de gens créatifs au mètre carré ? Par l’habitude de faire avec rien ? Une crotte de nez, un élastique : à Bruxelles, les McGyver de l’innovation vous en font un disque ou une palme d’or. Avant, il fallait passer par la case « étranger » pour faire ses preuves. Vous vous appeliez Jacques Brel, Philippe Geluck ou Jeanne Toussaint1 vous rendait fréquentable. Mais aujourd’hui, plus ça va, plus ça va. Gaëlle Hoogsteyn l’explique très bien dans son article en p. 26 : « Bruxelles, capitale créative » doit sans aucun doute son essor actuel aux nombreux talents locaux, mais aussi aux mécanismes de soutien et d’incubation mis en place et financés par les institutions européennes, les autorités publiques de tous les niveaux du mile-feuille institutionnel, plus les partenaires privés. Sans oublier la base : la qualité et l’accessibilité de l’enseignement. Tony Delcampe, coordinateur du département Modes de l’Ensav La Cambre, a une manière toute personnelle d’en parler. « Paris, capitale de la mode ? », s’étonne-t-il. « Une ville en tout cas où la sélection de potentiels jeunes créateurs se fait par le carnet de chèques des parents. » En même temps, il secoue un carnet virtuel et pointe le minerval élevé des écoles privées, là où la sienne, publique, propose une formation accessible financièrement, et basée sur un solide examen d’entrée. Aujourd’hui, qu’ils sortent de La Cambre ou de l’Insas, de Saint-Luc ou du Conservatoire, les petits choux de Bruxelles qui y ont poussé essaiment dans le monde entier. Spontanément, on pense à Romeo Elvis, à Claire Laffut qui est sans conteste la prochaine sensation belge à Paris et ailleurs. Personnellement, je me souviens d’Angèle, qui transformait une après-midi d’enfants en moment de grâce en jouant sur mon piano pourtant désaccordé. De Charlotte Abramow qui fit, à 18 ans, sa toute première couverture de magazine féminin au Elle Belgique. Verser dans la nostalgie n’est pas mon genre, mais puisqu’on m’a dit que ce numéro était le mien… ;-) Je suis super heureuse qu’il vous présente une nouvelle récolte de petits choux de Bruxelles : le duo girrrrl powa des Juicy (chères à mon cœur et mes oreilles, vous devinez pourquoi), la sublime comédienne Babetida Sadjo, les Biskt 1 La créatrice (belge) des bijoux Cartier durant les années 30. , mais seule la triangulation du désir avec Paris dont j’adore le travail… Et enfin, dans un secteur que j’ai bien fréquenté, celles et ceux qu’on pourrait appeler « les 6 de Bruxelles » : Valentine Witmeur et sa maille graphique et fraîche ; Façon Jacmin des sœurs éponymes ; Steven et Sarah des chaussures Rivka ; enfin Sport 4254, l’athleisure des championnes olympiques Olivia Borlée et Elodie Ouédraogo. Je profite de cet édito pour pointer une talentueuse absente : Gioia Seghers. Si vous ne connaissez pas son travail, allez le découvrir chez Stijl, rue Dansaert. L’heure n’est plus à se demander s’il faut faire confiance aux jeunes créateurs entrepreneurs, mais plutôt à s’inspirer de leur pratique. Travailler en collectif, co-worker, penser diversité. Ne pas envisager un projet sans y inclure le web, les réseaux sociaux, le storytelling. J’ajouterais le networking, évidemment, l’une de mes spécialités de slasheuse… Et pratiquer le « lean startup » une méthode qui consiste à commencer petit avec peu de moyens. C’est ainsi que j’ai lancé mon nouveau business. McGyver ? C’est moi. ● Béa Ercolini Rédactrice en chef invitée Fondatrice de Beabee, Cercle féminin Présidente de TPAMP, solutions contre le harcèlement sexiste dans l’espace public Dans notre numéro de mai Le mois prochain, ils seront deux aux commandes de Bruxelles Métropole : Caroline Pauwels (rectrice de la VUB) et Yvon Englert (recteur de l’ULB) seront rédacteur et rédactrice en chef invités de notre dossier Emploi & Formation. Bruxelles Métropole - avril 2019 ❙ 25
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