ENTREPRENDRE MARCHÉS PUBLICS « Il faut désacraliser l’accès aux marchés publics » Dans le domaine des travaux, les marchés publics sont nombreux et offrent de belles opportunités aux PME. Pourtant, elles sont encore peu nombreuses à se lancer sur ce terrain. Le point avec Damien Magerat, administrateur délégué de Jacques Delens. « À Bruxelles, dans le domaine des travaux, il existe beaucoup de marchés publics », commence Damien Magerat. Et contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas uniquement de gros chantiers réservés aux grandes entreprises. « Beaucoup de marchés publics sont ouverts et accessibles aux petites entreprises », poursuit Damien Magerat qui cite, par exemple, la rénovation des sanitaires d’une école, le réaménagement d’une salle des profs, la création d’un nouveau hall d’entrée dans un hôpital, l’installation d’un ascenseur, des rénovations de gouttières, etc. « Autant d’offres qui ne nécessitent pas forcément de disposer de beaucoup de personnel ou de machines imposantes. » Par ailleurs, au-delà des petits chantiers de classe 1, il y a toute une série de chantiers plus importants auxquels les PME peuvent avoir accès en s’associant momentanément à une autre entreprise de classe supérieure. Ainsi, les entreprises peuvent gravir les échelons et avoir accès à de nouveaux marchés. Des PME encore frileuses Il y a très clairement un marché à prendre pour les PME bruxelloises. Et pourtant, celles-ci sont encore peu nombreuses à se lancer dans ce domaine. Pour Damien Magerat, cette frilosité peut s’expliquer par différents facteurs. « Il y a selon moi une méconnaissance des offres disponibles et des règles/procédures à suivre. Les PME peuvent être effrayées par la lourdeur administrative qu’elles associent aux marchés publics », avance-t-il, bien que lui-même ne voie pas beaucoup de différences au niveau administratif entre un marché public et un marché privé. Les PME peuvent aussi craindre d’être mises à l’amende et redouter l’inertie de décision de la part du maître d’ouvrage. Par ailleurs, quand on fait une offre pour un marché public, on ne sait jamais quand le projet va commencer. Enfin, les échéances de paiement peuvent aussi être un frein pour les PME. « Être payé à 60 voire à 90 jours peut être compliqué pour la trésorerie d’une PME, d’autant que la législation ne permet pas de demander une avance au moment de la commande », confirme M. Magerat. Toutefois, il encourage vraiment les PME à se lancer : « Quand je vois le nombre d’appels d’offre, je me dis qu’il y a clairement du travail pour des entreprises matures et organisées. Les marchés publics peuvent aider les PME à pérenniser leur business et même à croître. » Au fil Gaëlle Hoogsteyn Beaucoup de marchés de travaux sont accessibles aux PME : rénovations de bâtiments ou installations d’ascenseurs, par exemple. du temps, les entreprises se familiariseront aussi avec les procédures. « Si l’offre est chaque fois différente, la marche à suivre et les documents à joindre sont presque toujours les mêmes… Plus on répond à des offres publiques, plus on est à l’aise avec la procédure. Il faut vraiment désacraliser le contexte des marchés publics tant au niveau de l’accessibilité pour les PME que de la gestion. » L’avis de Frédéric Loriaux, Président de l’ADEB1 « Les marchés publics sont régulés par le fait de disposer d’agrégations diverses en fonction de l’importance du marché. Dès lors que les PME font les démarches nécessaires pour obtenir ces agrégations, on peut considérer que les marchés publics leur sont accessibles. La question à se poser est : ‘en ont-elles besoin’ ? Les marchés publics nécessitent une compétence et une rigueur administrative et juridique qu’une PME n’a pas forcément. C’est d’abord et avant tout une question d’éducation. Une meilleure information dans une démarche didactique pourrait encourager les PME à se lancer. » 1 Association des entrepreneurs belges de grands travaux BECI - Bruxelles métropole - octobre 2018 37 © Getty
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