TOPIC GREEN La Belgique, nouvelle terre d’accueil du recyclage ? Face au récent blocage de l’importation de déchets par la Chine, l’Europe doit accélérer son processus de gestion de ces déchets. En tant que bon élève, la Belgique pourrait être une terre d’accueil en développant de nouveaux centres de tri. Géry Brusselmans aisons de la Belgique la poubelle du monde. » Cette phrase, lancée par onze entrepreneurs dans « F le journal économique L’Echo en janvier dernier, a fait bondir plus d’un lecteur. La proposition est pourtant moins farfelue qu’elle n’y paraît. L’Europe doit en effet faire face à une surabondance de déchets. L’équation est somme toute assez simple : au plus il y a d’Européens, au plus la consommation augmente, au plus il faut jeter. S’ajoutent à cette surconsommation des problèmes connexes autour du stockage de déchets dangereux, du recyclage des déchets plastiques, de la gestion du papier et des cartons ou encore de la transformation des déchets organiques. Le plastique, plus gros enjeu européen Le plastique est « le » plus gros enjeu au niveau européen et même mondial. Sa production a été multipliée par vingt en cinquante ans mais, a contrario, sa gestion fut jusqu’il y a peu catastrophique. L’Europe rattrape son retard. Aujourd’hui, la majeure partie des pays européens recyclent plus de 22 % des produits plastiques. D’ici 2030, l’Europe aimerait imposer le tri et le recyclage de tous les emballages plastiques, ce qui devrait impacter notre vie quotidienne et celle de nos entreprises. À partir de 2019, les Belges pourront déposer de plus en plus de déchets plastiques dans les sacs bleus PMC (pots de yaourts, barquettes de beurre…). L’idée serait de pouvoir transformer ces plastiques en de nouvelles matières. « Le côté positif, c’est que nous assistons déjà à des changements de mentalité de la part de grands acteurs », observe Ingrid Bouchez, responsable de la communication chez Val-I-Pac. « Je pense à Danone ou Coca-Cola, qui ont annoncé vouloir utiliser un certain pourcentage de matière plastique recyclée dans la production de leurs emballages. Quand des entreprises majeures donnent le ton, les choses changent. » Quelques grands projets existent chez nous en matière de tri et de recyclage de matière plastique. Ainsi, il devrait y avoir prochainement deux centres de tri en Wallonie, dont un situé dans la région de Mons, capable de gérer 27 000 tonnes de déchets plastiques par an. Un projet est également à l’étude pour Bruxelles. Des montagnes de déchets plastiques, dont la Chine ne veut plus : problème ou opportunité ? Un Européen produirait chaque année 5 tonnes de déchets, dont 200 kilos seraient considérés comme dangereux. Des initiatives de recyclage fleurissent dans différents pays européens mais le train, déjà en marche, doit toutefois être accéléré… notamment à cause de la Chine. La Chine est le premier importateur mondial de déchets : elle importait jusqu’il y a peu 8,4 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année, dont la moitié provenant d’Europe (à elle seule, la Belgique aurait envoyé 424 000 tonnes de déchets plastiques en Chine, l’année dernière). Depuis janvier dernier, la Chine a considérablement réduit ces importations. « C’est un désastre pour l’Europe », s’exprimait récemment Arnaud Brunet, directeur du bureau international de recyclage, dans le journal Le Point. Solution à court terme : le Vietnam, l’Inde ou le Pakistan Des décisions à court terme sont indispensables. Or, les systèmes de tri et de recyclage sont trop peu développés en Europe. « Il existe une véritable disparité dans la gestion des déchets au niveau européen », évoque Yves Decelle, spécialiste de la question au sein de Suez. « À l’échelle européenne, le tri existe depuis plus de trente ans, mais pas partout. Les bons élèves sont l’Allemagne, les Pays-Bas, la France ou encore la Belgique. Les pays les moins avancés sont la Bulgarie, la Pologne, Malte ou la Grèce, qui mettent encore la majorité de leurs déchets en décharge. » À très court terme, une première solution pour l’Europe serait d’exporter les déchets vers d’autres pays que la Chine. On parle notamment du Vietnam, de l’Inde, BECI - Bruxelles métropole - juin 2018 27 © Thinsktock
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