40

TOPIC Y a-t-il des choses qui vous manquent de Chine? Est-il agréable, en tant que Chinoise, de vivre à Bruxelles ? Ma famille, mes parents me manquent, donc je retourne en Chine une à deux fois par an. Mais sinon, je trouve presque tout ce dont j'ai besoin à Bruxelles. D'ailleurs, je vois que la communauté chinoise grandit à Bruxelles. Il y a beaucoup d’étudiants car les universités créent des masters exprès pour eux, mais aussi des familles de classe moyenne et parfois même assez huppées, qui viennent ici pour bénéficier d'une meilleure éducation pour leurs enfants, d'un air moins pollué, et d'une nourriture saine. Combien de temps pensez-vous rester à Bruxelles ? Pensez-vous retourner en Chine plus tard ? Je ne sais pas si je resterai ici toute ma vie, mais pour l'instant je suis contente. J'ai deux jobs dans des cliniques, je continue mes cours de français et j'apprends aussi le violon. J'aimerais aussi faire un doctorat et je cherche un superviseur. Si je le trouve, je resterai 4 à 5 ans de plus. Massimo et Lucia Serpieri (50 ans), de Rome, Italie Massimo travaille pour la Commission européenne et Lucia travaillait pour le lobby Telecom Italia jusqu’à l’an dernier. Ils vivent à Bruxelles depuis 18 ans. Ils ont trois enfants, une fille de 17 ans et des jumeaux de 13 ans. Comment comparez-vous Rome et Bruxelles ? Massimo : Rome est une ville assez chaotique alors que l’on voit en Bruxelles une ville humaine où il est plus facile de planifier sa vie. En Belgique, nous remarquons que les gens vivent dans une dimension locale, ils sont très attachés à leur commune et pourtant il y a, à Bruxelles, une forte présence d’expatriés comme nous. Les expats pensent parfois que les Belges sont plutôtfermés et qu’il est parfois un peu difficile d’établir un pont entre les deux mondes. Lucia : D’un autre côté, il est vrai qu’il est parfois plus simple de retrouver des amis qui parlent votre langue et comprennent votre humour lorsque vous sortez du boulot, mais nous avons des amis de partout. Y a-t-il des choses qui vous plaisent ou vous déplaisent à Bruxelles? Lucia : J’aime beaucoup l’offre artistique que l’on trouve ici. On peut aller à l’académie communale et prendre des cours de ce que l’on veut pour pas cher. Nous avons trois enfants et pour eux, c’est génial ; il y a beaucoup de sports et de loisirs. Ils grandissent aussi dans une ambiance moins stressante que dans d’autres villes comme Paris ou Rome, et ici on les laisse facilement prendre le bus pour se rendre à leurs activités. Massimo : Il est vrai cependant que, depuis les attentats, il règne un sentiment de nervosité et d’insécurité dans la communauté des expats. Les sujets de l’immigration et du terrorisme restent sensibles. 38 BECI - Bruxelles métropole - mai 2018 Lucia : Moi, ce sont les lenteurs administratives qui me préoccupent. On paye pourtant près de 50 % d’impôts sur nos salaires et dernièrement, pour refaire ma carte de résidente, j’ai dû attendre très longtemps. Je pense que tout cela est dû à une multiplication de décisions et de coûts qui organisent des retards. Pensez-vous rester à Bruxelles toute votre vie, ou rentrer en Italie à la fin de votre carrière ? L’Italie nous manque beaucoup durant la belle saison ; la météo belge est souvent capricieuse. Nous pensons donc garder un pied à terre ici, mais vivre en Italie la majeure partie de l’année. C’est vrai qu’avoir un petit appartement dans la capitale de l’Europe, c’est pratique. Nous sommes habitués à la vie culturelle ici et je pense qu’elle nous manquera, puis ça nous permettra, à nous et à nos enfants, de venir voir nos amis à Bruxelles. Meisoon Nasralla (39 ans), originaire de Manchester, Grande-Bretagne Arrivée à Bruxelles il y a 5 ans, Meisoon travaille pour une agence de communication. Quelle idée aviez-vous de Bruxelles avant d'arriver ? Quand j'ai visité Bruxelles pour la première fois, avant de décider de m'y installer, je ne connaissais personne ici, c'était il y a presque 16 ans. À l'époque je n'ai pas vraiment été impressionnée par la ville. La Grand-Place et tout ce quartier, c'est très beau, mais ça ne m’avait pas vraiment convaincue de venir vivre ici. Puis après, je suis revenue plusieurs fois et mes amis m'ont montré des quartiers de la ville que je ne connaissais pas, comme Matongé, le quartier Saint-Boniface, et le Châtelain qui est juste à côté. Tous ces quartiers ont leur propre caractère et je pense que c'est le secret de Bruxelles : on ne voit pas sa beauté au premier coup d'œil, comme à Paris, Rome ou Londres, mais cette ville a un vrai charme. Il se passe énormément de choses ici. Si vous grattez un peu, vous pouvez être sûr de trouver quelque chose qui vous intéresse. Et si on compare avec d'autres villes où vous avez vécu ? Je pense que si j'aime tant Bruxelles, c'est parce qu'elle me rappelle Manchester d'un certain côté. Bruxelles est très facile à vivre, il y a beaucoup de choses qui s’y passent. C'est une ville qui a son identité propre et je pense que les gens qui choisissent d'habiter ici gagnent à être connus. Ici, j'ai rencontré des gens de plein de nationalités et de cultures différentes, et donc on apprend tellement des autres. Cette année, par exemple, j'ai célébré la Pâque grecque et j'ai offert des cadeaux à mes collègues de travail pour fêter le nouvel an iranien. On vit dans une grande diversité. J'ai aussi rencontré beaucoup de Belges au travail, car je travaille dans une entreprise belge. J'ai de la chance, parce que je sais que, si on évolue autour des institutions européennes, c'est parfois difficile. D.R.

41 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication