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THINK TANK plus large au bosseur, celui qui s’éclate dans son job et en fait une fierté et un moteur de son existence. Ceuxci sont peu mis en valeur, et très rarement présentés comme des exemples à suivre. Le cadre médiatique actuel n’encourage pas les gens à se dépasser, se lancer dans une carrière ambitieuse, voire même, soyons fous, entreprendre. Attention, je parle bien ici des médias généralistes, car les initiatives et médias spécialisés sont nombreux, du présent magazine Bruxelles Métropole au journal L’Écho en passant par la Start Academy – mais leur audience est ciblée. À la télévision, à la radio, et dans la presse grand public, c’est une autre histoire. OPEN SOURCE Giles Daoust, CEO de Daoust Appel aux médias ! « Au village, sans prétention J'ai mauvaise réputation (…) Tout le monde médit de moi Sauf les muets, ça va de soi Tout le monde me montre du doigt Sauf les manchots, ça va de soi (…) Je ne fais pourtant de tort à personne En suivant mon chemin de petit bonhomme Mais les braves gens n'aiment pas que L'on suive une autre route qu'eux » … chantait Georges Brassens. Dans le paysage médiatique actuel, le bosseur et l’entrepreneur souffrent un peu de ce syndrome : ils ont mauvaise réputation. En effet, les médias généralistes consacrent depuis quelques années déjà un espace important à des notions telles que l’équilibre vie privée / vie professionnelle, la protection des acquis sociaux, les métiers pénibles, le burnout, voire même l’utopie de l’allocation universelle. Lorsque des difficultés ou changements se produisent dans une entreprise, on donne prioritairement la parole à la critique. Ces mêmes médias généralistes donnent trop peu souvent la parole à l’entrepreneur, ou d’une manière 14 BECI - Bruxelles métropole - mai 2018 Le bosseur et l’entrepreneur sont donc de plus en plus vus comme des anomalies. Oui, il faut bien travailler pour gagner sa vie, mais attention à ne pas en faire trop, au risque de se faire mal ou pire, de se faire exploiter. Alors il ne faut pas non plus être naïf en croyant que chacun peut exercer un métier passionnant. Mais, étant actif notamment dans le domaine de l’outplacement, je suis témoin de nombreux cas de personnes ayant perdu leur emploi, et dont le quotidien s’effondre littéralement sous leurs pieds. Car ils ont perdu leur « drive », leur socle, la fondation de leur quotidien. Nombre d’entre eux tombent dans une profonde déprime, voire pire, une dépression. L’écrivain de science-fiction Isaac Asimov nous met en garde contre une société qui donnerait la part belle à l’oisiveté (et confierait toute tâche pénible à la machine, au robot, voire à l’intelligence artificielle). Une telle société, où les bosseurs et les entrepreneurs seraient devenus rarissimes, serait vouée à la dépression, à la régression et ultimement à la destruction. Alors j’en appelle aux médias généralistes : il faut valoriser le travail et l’effort ! Mettre en évidence les bosseurs, les entrepreneurs. Donner aux jeunes – et aux enfants ! – l’envie de se dépasser ! Les fédérations professionnelles ont elles aussi un rôle majeur à jouer. Elles répondront qu’elles le font déjà et c’est exact : les initiatives sont nombreuses. Mais celles-ci visent trop souvent leurs seuls membres et les entrepreneurs en général. Les fédérations professionnelles devraient parler plus au grand public, en utilisant les médias généralistes. Par la communication, mais aussi par la publicité. Pour réussir, elles devront y consacrer des moyens financiers importants, aussi importants que ceux consacrés par certains organismes publics, partis politiques et syndicats dans leur communication, souvent extrêmement percutante. À bon entendeur ! PS : Si vous n’avez pas aimé ce texte, donnez-moi au moins un bon point pour avoir cité Georges Brassens et Isaac Asimov dans un seul et même article !

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