INTERNATIONAL métaux, les produits agricoles, sont alors partis à la hausse. Ces pays ont logiquement de grands besoins d’investir en infrastructures, tout en veillant au bien-être de leur population. Mais depuis 2014, on y remarque une diminution des prix importante, qui dure et dont on n’est pas encore sortis. Car la difficulté première là-bas, c’est justement de remettre en ordre les finances publiques, pour que ces pays puissent sortir de la spirale de l’endettement. Quid du ralentissement chinois ? C’est un autre risque encore, actuel et qui pourrait durer, en rejaillissant sur l’ensemble de la planète. Depuis 40 ans, la Chine était en croissance ; c’est moins vrai depuis cinq ans, et il y a chez eux une volonté de passer d’un modèle « usine du monde et tout à l’export », vers un modèle plus équilibré, où la consommation intérieure redevient primordiale. On importe alors moins, et c’est aussi une raison de l’effondrement des prix des matières premières. Je suis néanmoins confiant quant à la manière dont les autorités chinoises gèrent cela. Car ce ralentissement, souhaité politiquement, fonctionne sans trop d’à-coups... On assiste, en parallèle, à différentes formes de protectionnisme... Oui, et c’est encore un risque ! On l’a vu en Europe avec les sanctions contre la Russie, le Brexit… Mais on le remarque aussi avec la montée des populismes, qui se traduisent par un repli sur soi. Quand Trump parle d’America First, on a quelque chose qui peut casser une dynamique commerciale globale. Pourtant, depuis un an ou deux, nous voyons revenir la croissance, avec un joli retour du commerce mondial. Qui ne s’est en fait jamais aussi bien porté depuis la crise de 2007 ! C’est un phénomène qui vous surprend ? Pas vraiment, car cela fait partie de nos fondamentaux : plus l’amplitude dans un sens est forte, plus les choses ont tendance à revenir à la normale ! Cela se traduit par une croissance qui va jusqu’à 5 % du commerce international. Mais tout cela peut être remis en cause, justement, par les risques dont nous avons parlé. En somme, on assiste à une alternance entre des nouvelles réjouissantes, et d’autres qui le sont moins... Oui, mais globalement, je dirais que, depuis une dizaine d’années, on se trouve dans un cycle surtout marqué par des retours de risques politiques. Quand vous observez ce qui se passe depuis les années 80, on a connu une suite de crises : de celle de la dette de l’Amérique latine à la crise monétaire en Europe, en passant par les crises asiatique, mexicaine et même celle du rouble. Tant et si bien qu’entre 1995 et 2010 nous avons eu davantage d’augmentation de ratings que de diminutions. Mais depuis 2014, on assiste à un retournement de tendance, notamment depuis le printemps arabe, traduit par la chute du prix des matières premières. Bien que cela s’améliore... Dès lors, pour un exportateur, quelle serait la meilleure manière de se couvrir ? Dans nos métiers, on agit via la prévention, mais aussi dans l’accompagnement de l’exportateur avec différents outils. D’abord, nous devons le couvrir en cas de sinistre, de commandes annulées, de faillites, de paiements différés ou de litige sur la qualité, etc. Mais la principale crainte pour un exportateur, c’est de ne pas être payé, ce qui peut surgir dans 40 % des situations. Mieux vaut donc pour l’exportateur se prémunir contre cela via une assurance-crédit. La protection couvre aussi la banque pour de gros projets : par exemple, si un entrepreneur belge construit une tour à Dubaï, il est possible qu’il ne puisse tout payer directement et dans ce cas-là, nous couvrons. Par ailleurs, une entreprise peut souhaiter investir en Russie et là, nous pouvons couvrir les investissements en cas de risque d’expropriation, de pertes de capitaux ou d’autres litiges. Enfin, nous pouvons offrir des financements parfois complexes à obtenir vers des pays exotiques. En résumé, il existe des assurances-crédit, des assurances qu’on donne au fournisseur de crédit et le financement direct. L’exportateur peut ainsi être allégé dans ses investissements à l’étranger, tout en étant couvert. Et dans quel cas un entrepreneur doit-il s’abstenir de toute forme de commerce ? Pour certaines régions, nous prévenons l’entrepreneur s’il risque de ne pas être payé ou s’il est presque sûr que son usine sera détruite. Mais il arrive que des exportateurs nouent des relations avec des pays à risques, car ils connaissent des clients depuis longtemps. On est forcément moins chauds, mais on ne peut les en empêcher. C’est valable avec des matières comme les fournitures de service, des produits de première nécessité. .. Votre conclusion ? Eh bien, je crois que le commerce est fait de hauts et de bas… Néanmoins, quand vous observez la Belgique, où la part d’exportation est extrêmement importante, avec l’un des taux d’ouverture les plus élevés (85 à 90 % du PIB), vous constatez que notre pays dépend beaucoup de ses exportations. 70 % d’entre elles vont vers une majorité de pays issus de l’Union Européenne, 5 à 7 % vers le reste de l’Europe, 10 % vers l’Amérique du Nord et le reste vers l’Asie, l’Afrique et le Moyen Orient. Or, ce sont dans ces trois dernières zones que se présente la croissance et c’est là que se situe le futur pôle de développement. Notre message pour les exportateurs qui recherchent la croissance, c’est donc de les encourager à aller là-bas ! ● Pour aller plus loin Quels risques présente l’exportation vers les pays d’Afrique subsaharienne ? Comment les couvrir ? Et comment financer ces transactions ? Venez rencontrer les experts de Credendo et découvrir les solutions qu’ils proposent. Quand ? Le 20 mars, de 10h45 à 13h30. Où ? Au Cercle de Lorraine, place Poelaert 6 B, 1000 Bruxelles Info et inscriptions : Jean-Philippe Mergen, +32 2 210 01 77 - jpm@beci.be www.500.be BECI - Bruxelles métropole - mars 2018 25
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