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creux en 2009 et une légère amélioration l’année suivante, juste avant le choc économique. Certains projets ont été considérés comme moins recevables en 2012-2013, ce qui a donné l’impression d’une moindre possibilité de financement. À cette époque, le secteur financier s’est concerté abondamment pour créer davantage de transparence quant à l’évaluation des dossiers. Aujourd’hui, nous sommes revenus au niveau d’avant 2008. Qu’est-ce qui a changé ? Est-ce dû à la conjoncture ? La conjoncture s’est améliorée et les entrepreneurs se sont adaptés. Ils élaborent leurs dossiers différemment. Quant aux dossiers compliqués auxquels les banques ne peuvent pas donner suite en raison de la réglementation plus sévère, ils trouveront des solutions alternatives, notamment via le crowdfunding ou le capital-investissement (private equity). La loi sur le financement des PME a été modifiée en 2017. Le SPF Finances a consulté l’Unizo et Febelfin. Que lui ont-ils dit ? Le secteur financier s’interrogeait quant au domaine d’application. La prudence était de mise si d’aventure la loi concernait aussi les institutions publiques. En fin de compte, les fondamentaux de la loi tels que définis en décembre 2013 par les ministres Koen Geens et Sabine Laruelle n’ont guère été modifiés. Le seuil selon lequel le funding loss ou l’indemnité de remploi (par laquelle les entreprises peuvent refinancer le crédit, ndlr) est limité(e) à six mois d’intérêt, a été majoré de 1 à 2 millions d’euros. Dans ce genre de dossiers, il importe de trouver un bon équilibre entre les besoins du monde de l’entreprenariat et la faisabilité pour le secteur financier. Du temps où j’étais à l’Unizo, je n’étais déjà guère demandeur de davantage de législation. Je préfère des accords clairs entre les acteurs économiques que nous sommes, de part et d’autre. En 2013, les circonstances ne permettaient pas un tel gentleman’s agreement. Or, l’ouverture aux préoccupations et remarques de l’autre rend superflues de nouvelles réglementations. Les règles sévères et rigides font souvent leurs premières victimes parmi les acteurs modestes. La réforme récente impose des contrats plus transparents et une communication plus claire aux entreprises en matière de crédit et des garanties. Est-ce positif ? Oui, mais sans plus. La transparence est un objectif de notre secteur. Toutes les banques gagnent à pratiquer la clarté. La loi stipule à raison que les banques doivent proposer la forme de crédit la mieux adaptée. Nous avons hélas constaté dans le passé que certaines institutions financières optaient non pour la meilleure forme de crédit, mais pour celle qui leur rapportait le plus. Ce n’était pas fréquent, mais indigne d’un bon prestataire de services. Les moyens de communication d’aujourd’hui font que de telles escroqueries ne sont plus tolérées. Le commerce ou l’établissement horeca qui trompe le client, le paie cher sur les réseaux sociaux. En soi, c’est une bonne chose. Cela sépare le bon grain de l’ivraie. Le capital de confiance dans le secteur bancaire n’est pas terrible, actuellement. C’est dommage, mais cela s’explique. Retrouver la confiance ne se fera pas sans investir dans la transparence. Quels défis prévoyez-vous pour le futur ? Cela bouge de tous côtés. La numérisation ébranle les entreprises et les secteurs. Le succès de l’écologie accroît la demande d’investissements verts. Les indépendants, l’économie circulaire et l’économie partagée sont en plein essor. Voilà des évolutions intéressantes pour le secteur financier. L’économie partagée requiert un mode de financement totalement différent. Si un nombre d’entreprises investissent collectivement et partagent des équipements, elles seront toutes utilisatrices, sans être propriétaires, ce qui nécessite un nouveau modèle financier. Il serait bon, me semble-t-il, que l’Association belge du leasing, qui fait partie de Febelfin, se penche sur la problématique. Ses formules de leasing peuvent constituer la base d’instruments à développer pour l’économie partagée. Si nous y parvenons, nous ouvrons de nouvelles perspectives d’investissement qui peuvent propulser l’économie partagée vers le succès. ● BECI - Bruxelles métropole - février 2018 33 © Wim Van Eesbeek

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